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Spécial retour à la Réunion : Gilmé Albuffy, chirurgien dentiste à Saint-Benoît

Publié le 25 novembre 2010

Comment rentrer travailler à la Réunion après des études et une période de mobilité ? Quelles sont les difficultés rencontrées sur le marché de l’emploi local ? Gilmé, 31 ans, nous raconte son retour en 2009 après avoir exercé son métier plusieurs années à Marseille. En quelques mois, il a pu créer son cabinet à Saint-Benoît et embaucher deux personnes.

Gilmé Albuffy
Gilmé, dans son cabinet dentaire tout neuf à Saint-Benoît.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots SVP ?

Gilmé Albuffy, 31 ans, Docteur en Chirurgie Dentaire avec un Certificat d’Etude Universitaire en Prothèse Fixée, un Diplôme Universitaire en Implantologie Orale, une Attestation de Sédation Consciente au MEOPA. J’exerce à Saint Benoît dans le cabinet dentaire que j’ai créé dès mon retour à la Réunion. Je suis originaire de Sainte Anne.

Quel a été votre parcours de mobilité ?

Après le bac, j’ai quitté la Réunion pour entreprendre des études médicales à Marseille. A l’issue du concours de première année de médecine, j’ai choisi de me former en chirurgie dentaire. J’ai obtenu mon diplôme de Docteur en Chirurgie Dentaire en 2005. J’ai exercé en cabinet de ville à Marseille puis à Aix en Provence jusqu’en 2009. Parallèlement à mon activité libérale, j’ai participé à l’encadrement des étudiants lors de leurs premiers pas en soins dentaires à la faculté.

"J’ai voulu remplir mes bagages d’expérience avant de rentrer à la Réunion"

Aussi, je me suis perfectionné dans les soins prothétiques, implantaires, et dans la sédation consciente des patients anxieux. J’ai voulu remplir mes bagages d’expérience avant de rentrer à la Réunion. J’ai fait de très belles rencontres, aussi bien personnelles que professionnelles. Ces rencontres ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à rentrer à la Réunion ?

Dès mon départ pour la Métropole, j’avais en tête l’idée de me former et revenir pour apporter aux Réunionnais mes compétences acquises. Chemin faisant, j’ai fait une belle rencontre. Cette idée de retour était compromise car ce choix ne dépendait plus de moi uniquement. Je me suis fait à l’idée de faire ma carrière en Métropole et venir régulièrement en vacances. Mais le ciel bleu de Marseille s’est assombri, je n’avais plus de raison valable de rester hormis un engagement moral envers mon cabinet.

"J’avais envie de retrouver mes racines"

L’idée de rentrer est devenue omniprésente. Après mure réflexion, je me suis décidé à rentrer auprès de ma famille après la fin de mon engagement moral. J’avais envie de retrouver mes racines, refaire ma vie avec quelqu’un qui me comprenne avec un état d’esprit similaire au mien. J’avais envie de me sentir chez moi.

Comment avez-vous préparé votre retour ?

J’ai préparé mon retour pendant neuf mois. Je voulais avoir mon propre cabinet dentaire à la Réunion. J’ai fait une étude de marché et je me suis mis à la recherche d’un cabinet ou d’un local pour une éventuelle création. J’avais prévu de venir en vacances avant de prendre la décision de rentrer et j’avais déjà les billets d’avion. Je me suis organisé pour le déménagement sept mois à l’avance. Lors de mes vacances sur l’Ile, je me suis activé pour trouver un cabinet. J’en ai visité plusieurs mais je ne trouvais rien qui me plaisait.

"J’ai fait une étude de marché"

Quelques jours avant la fin de mes vacances, j’ai trouvé le local dans lequel je me suis vu exercer mon activité. J’ai commencé les démarches administratives sur place, je les ai poursuivies après mon retour en Métropole. Parallèlement à mes préparatifs pour rentrer sur l’Ile, j’ai vu une annonce sur reunionnaisdumonde.com recherchant des Réunionnais expatriés pour participer au premier village de la Diaspora Réunionnaise à la Réunion. La date correspondait au moment où j’avais choisi de rentrer. Je m’y suis inscrit et je suis rentré en tant que « diasporé ».

Décrivez nous votre état d’esprit à l’atterrissage à Gillot.

J’étais très content de rentrer dans le cadre du village de la diaspora réunionnaise. On était un groupe à rentrer pour apporter un message : « tout est possible, nous la fé, zot aussi y peut faire ». On a commencé à faire connaissance à Paris. Arrivé à Gillot, je me suis senti apaisé, zen, heureux d’être enfin rentré définitivement. J’étais soulagé de ne plus avoir à repartir. Le groupe s’est rassemblé pour que tous les « diasporés » sortent en même temps. Dès la sortie : surprise ! Accueil dans l’aérogare avec cadeau, danseuses et journalistes. Jamais je ne me serais attendu à ce genre d’arrivée. On véhiculait un message fort pour les jeunes réunionnais : nous sommes partis, nous nous sommes en sortis, nous aimerions susciter des vocations.
J’étais enfin auprès de ma famille.

Avez-vous eu des difficultés à vous réinstaller ?

J’ai trouvé un local dans lequel je voulais créer un cabinet. J’avais commencé les démarches administratives depuis la Métropole. Il fallait chercher le financement nécessaire. Je me suis démené pour trouver un partenaire financier qui me fasse confiance. « Vous êtes trop jeune » ou encore « travaillez deux ou trois ans avant de créer votre cabinet » ou alors « vous êtes trop ambitieux » étaient les réponses que j’avais au fil des rendez-vous, jusqu’au jour où on m’a dit « d’accord pour le financement ». Ensuite il a fallu faire les travaux.

Réponse de la 1ère banque : « Vous êtes trop jeune »

Les entrepreneurs ne se bousculaient pas pour m’aider. Je fais appel à une première entreprise, après visite des lieux et évaluation des travaux, plus de nouvelles malgré de nombreux appels. Deuxième entreprise, les choses se passent de la même manière. Puis, plus rien. Ma famille vient à mon secours et entreprend les travaux. En un mois nous avons transformé une maison en cabinet dentaire. Courage, volonté, persévérance, acharnement, résument cette période.

Dans quel état avez-vous trouvé le marché du travail en rentrant ?

Dans mon domaine, c’est un peu particulier car on a et aura toujours besoin de dentistes. J’ai choisi une ville dans laquelle il manque des gens de ma profession. Cette région, je la connais bien, j’y ai grandi. J’ai eu de la chance ou plutôt j’ai provoqué ma chance car j’étais attendu. L’avantage que j’ai eu et que je continue à avoir, c’est le fait que je connaisse pas mal de gens ici et ils me font confiance. C’est une pression supplémentaire car je me dois de faire de mon mieux pour être à la hauteur de leurs espérances et surtout faire le moins mal possible.

Gilmé Albuffy
Gilmé quand il exerçait à Marseille avant de rentrer.

Quels sont les points de satisfaction / déception de votre retour ?

Je suis content de retrouver le climat de la Réunion, les bons petits caris pays. Je suis très content d’avoir pu créer mon cabinet et d’embaucher deux personnes. Je suis satisfait de l’activité croissante de mon entreprise. Je suis heureux d’avoir trouvé la femme à qui je vais passer la bague au doigt. Heureux d’être en famille et de créer enfin la mienne de façon stable, sur des bases saines. Pour l’instant je n’ai pas encore été déçu, même si professionnellement les débuts étaient très difficiles.

Avec le recul, tirez-vous un bilan positif de votre expérience de mobilité ?

Mon passage à Marseille a été très enrichissant. J’y ai appris mon métier, je me suis forgé un caractère, une personnalité. Mon expérience a modifié ma vision des choses sur pas mal de domaines, entre autre que « tout est possible ».

Quels conseils donneriez-vous aux Réunionnais qui comme vous souhaiteraient rentrer sur l’île ?

Le départ était difficile, le retour l’est aussi. Il faut préparer son retour car les entreprises ne nous attendent pas forcément. Mais quel bonheur d’être chez soi ! Il faut rentrer avec un projet bien défini.

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Gilmé Albuffy, prix Talent de l’Outre-mer 2007

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