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Corinne Gence, traiteur créole à domicile dans la région de Reims

Publié le 3 janvier 2011

Chef créole à domicile et coach culinaire spécialisée en cuisine réunionnaise, Corinne, 34 ans, exerce son activité dans un rayon de 100 km autour de Reims mais peut se déplacer sur demande. Entrepreneure salariée, elle bénéficie d’un encadrement dans une Coopérative d’Activités et d’Emploi (CAE).

Corinne Gence

Racontez-nous votre parcours.

Je suis zoréole, mon père est de Saint Pierre et ma mère est métro. Je suis née et j’ai grandi à Reims, en Champagne. Et je passais des vacances à La Réunion. Les instruments culinaires réunionnais ont fasciné mes yeux d’enfant : la marmite à riz, le pilon, le kalou en pierre… Ils ont créé un héritage culturel en moi.

Vous avez donc décidé de faire de la cuisine votre métier.

J’ai une activité de traiteur créole à domicile, chef créole à domicile, coach culinaire et j’anime des ateliers culinaires tendance exotique à Reims et dans un rayon de 100 km autour de Reims (cela inclut un ti bout de Belgique !). J’interviens dans tout lieu équipé d’une cuisine. Mon ambition est de commencer petit (cuisinier à domicile) pour finir grand (tenir mon propre restaurant). Autre casquette professionnelle, je suis vendeuse en grand magasin jusqu’en février 2011. C’est une activité alimentaire. A partir de mars, 100% de mon activité professionnelle sera pour la cuisine.

Quel est votre statut ?

J’ai un statut d’entrepreneure salariée, c’est à dire que mon activité est encadrée par une Coopérative d’Activités et d’Emploi (CAE). Il s’agit d’économie sociale et solidaire. La CAE Césame me permets de vivre mon activité sereinement : formation pour devenir chef d’entreprise, visibilité sur le plan économique lors de salons, mutualisation des ressources administratives (Urssaf, TVA, factures, comptabilité), couverture sociale d’un salarié, liberté d’exercer mon activité, etc. Pour schématiser un peu, c’est entre le portage salarial et la pépinière d’entreprise, avec une structure assez flexible.

Quelle est votre formation ?

J’ai une formation d’autodidacte en cuisine familiale réunionnaise. J’ai suivi plusieurs stages culinaires, je suis ancienne présentatrice Tupperware et j’ai beaucoup écouté et observé les Réunionnais pour retrouver des plats lontan. C’est presque de l’ethnologie culinaire ; j’adore ça, il y a toujours la petite histoire qui va avec ! On retrouve un peu ce côté dans les ateliers culinaires.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Les marchés forains, l’accessibilité aux produits réunionnais

Corinne Gence, traiteur créole à domicile dans la région de Reims

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

Je trouve qu’il y a surpopulation et beaucoup de magouilles (successions). L’île devrait jouer la carte du tourisme vert à fond, surtout de l’agro-tourisme. Et continuer le développement des chambres et table d’hôtes.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Je bénéficie des réseaux de mon père. Il a été le premier à monter une association pour les Réunionnais et Malgaches en Champagne Ardenne dans les années 70-80 pour les accueillir. C’était l’époque du service militaire obligatoire, nous étions à côté des bases de Reims, Mourmelon et Châlons en Champagne ; il y avait aussi des expats de Madagascar. Je rencontre aussi des zoreilles « accros à La Réunion » dans les clubs d’affaire que je côtoie.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Il y a un problème de localisation : "La Réunion, c’est dans les Antilles." Les lieux les plus cités sont Saint Denis, Saint Gilles et le Volcan et les produits, le T-shirt Pardon, la vanille, les caris, les bouchons, les samoussas, le combava… Pour beaucoup, la cuisine créole se confond avec la cuisine des Antilles. En musique, séga et maloya sont inconnus au bataillon. Danyel Waro est connu des experts. Capoiéra 10 - Moring 0. Souvent les Réunionnais se "cachent", ils ne revendiquent pas leur identité comme les Antillais le font.

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

J’aime ma ville et j’aime mon île. Les liens entre la Champagne et La Réunion existent depuis le début de la route des épices, avec Colbert (natif de Reims). Beaucoup l’ignorent. Et encore aujourd’hui, beaucoup de Rémois sont expatriés à La Réunion (ou rapatriés) pour ouvrir une affaire. Il y a même une plaque commémorative sur le lieu où est né Colbert à Reims, où des réunionnais lui "disent merci" pour le peuplement de l’Ile.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Revendiquez vos origines avec intelligence, soyez fier d’être métis car c’est un signe d’ouverture, d’adaptabilité et de bon sens(le génie réunionnais). N’ignorez pas vos compatriotes, ne sombrez pas dans le fatalisme (c’est un trait culturel chez beaucoup de Réunionnais). Ne soyez pas plus "blancs" que les Zoreilles. La mentalité de La Réunion est très "blanche" (par opposition à la négritude revendicative aux Antilles). Jouez la carte communautaire, créez vos réseaux en mode " La Réunion lé la" en métropole comme dans l’île. Parlez le kréol rénioné, apprenez le à vos enfants, à vos amis, à vos proches.

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Voir le site Coco Passion Cuisine

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