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Musique et rythmes d’Haïti, par le groupe Chay Nanm

Publié le 16 janvier 2011

Spécialisé dans la musique traditionnelle de son pays (notamment le vaudou), le groupe haïtien Chay Nanm nous offre une initiation à la musique, l’histoire, les rythmes, les instruments et les danses traditionnelles d’Haïti. Ce groupe inventeur du « Jazzievod » effectue des recherches constantes auprès des anciens, gardiens du folklore et de la tradition orale (moyen essentiel pour comprendre la culture haïtienne) mais aussi dans les cérémonies vaudou et en restant en contact avec les artistes et étudiants de l’art.

groupe haïtien

Les rythmes traditionnels haïtiens sont classés selon les « nanchons » (du français « nations »), qui représentent les différentes ethnies des peuples qui ont été forcés de traverser l’Atlantique afin de venir travailler comme esclave en Haïti. Par exemple, le rythme Kongo a rapport direct aux bantus du Congo, le rythme Nago se rapporte aux yorubas du sud-ouest du Nigeria. Chaque nanchon a ses loas, sa couleur et ses propres musiques et rythmes.

Dans le Vaudou haïtien on compte cent un (101) nanchons parmi lesquelles Kongo, Nago, Ibo, Petwo, Dawomey, Mayi, Parigol, Yanvalou, Djumba, Ti Joslin, Mambo, Banda. Ces rythmes ont pris des caractéristiques régionales et sont nécessaires pour les différentes cérémonies vaudou qui prennent place autour du pays toute l’année.

Dans notre premier album (Jazzievod 2009), on retrouve plusieurs de ces rythmes surtout ceux des Gonaïves. Plusieurs de nos chansons sont basées sur :

- Le rythme Dahomey des Gonaïves (P. ex #1 Wondjale, #3- Boukmann, #7- Minis Azaka).
- Le rythme Nago des Gonaïves (P. ex #9 Ave Marijo, #10 Kote moun yo et Yon Bon Jou).
- Le rythme Banda des Gonaïves (P. ex #11 Banda).
Les rythmes de Port-au-Prince sont aussi mis en valeur sur ce disque :
- le rythme Ibo de Port-au-Prince (P. ex #2 Bonswa n ap di yo).
- Le rythme Mayi de Port-au-Prince (P. ex #4 Trans).
- Le rythme Petro de Port-au-Prince (P. ex #6 Tigason K ap Pase, #13 Dessalines) On retrouve aussi un rythme de Rara pour le #5 Lovana et nos créations (#12 Jazzievod, #8 Chay Nanm Debake et l’île Gore).

Les instruments d’Haïti

Les instruments du groupe Chay Nanm sont pour la plupart, des instruments traditionnels haïtiens. Les percussions du style rada et petro restent essentielles. Par contre la créativité de notre musique demande des fusions, donc la clarinette ou la flute ainsi que d’autres instruments non traditionnels ont été rajoutés.

Les tambours traditionnels d’Haïti sont la « manman tambour » (couvert avec la peau de vache), le second tambour (variés selon le rythme), le kata (couvert à la peau de vache joué avec des baguettes), le manman à ligne (la peau est tenue par des lignes ou cordes).

Parmi les instruments traditionnels qui accompagnent la musique de Chay Nanm, on peut compter le tchatcha (ou malaka), le ogan, le lambi, (des conches). On retrouve également les instruments du Rara (les fanfares traditionnelles) comme les cornets, les bambous le base drum et le sifflet. De l’international on a emprunté le bâchâmes les castagnettes et le jembe.

Les paroles

Les paroles de Chay Nanm cherchent à faire deux choses : soit de reprendre des chansons traditionnelles haïtiennes afin de les valoriser, soit attirer l’attention les gens sur un problème social quelconque. Ça peut varier entre des cris qui veulent faire sortir nos émotions : peur, joie de vivre, frustration et désir. Dans la société haïtienne le vaudou n’est pas accepté par la totalité de la population. Ainsi jouer la musique vaudou est une lutte non seulement pour nous forger une place dans le monde musical mais aussi et surtout pour l’acceptation ou tout au moins la tolérance et le respect du vaudou dans la société haïtienne.

Lire aussi : Le groupe haïtien Chay Nanm et le Jazzievod

groupe haïtien Chay Nanm et le Jazzievod

Descriptions des Titres DE L’ALBUM JAZZIEVOD 2009

# 1- Wondjale : Base sur un rythme de Dahomey/ Gonaïves, en faite le wondjale est une variation de ce rythme. C’est un rythme pour danser, qui est chaud, c’est-à-dire rapide. Typiquement ce rythme est joué avec trois (3) tambours, « Chay Nanm » a rajoute un quatrième. Les paroles sont que des cris, ce que nous appelons des onomatopées, fait pour partager une frustration et/ou pour se mobiliser. Ce titre ne décrit pas un sujet en particulier. Mais il se peut que le maestro explique une problématique de notre société avec la présentation de la chanson.

#2- Bonswa n ap di yo : Basée sur le rythme Ibo/Port-au-Prince, pour ce titre tiré dans le répertoire folklorique haïtien Chay Nanm en a fait son propre arrangement. On peut entendre les paroles de cette chanson dans les cérémonies de vaudou pour accueillir les loas (esprit). Les paroles sont utilisées en guise de salutation. Ainsi Chay Nanm Utilise cette chanson pour saluer son public.

#3- Boukman : Base sur une variation du rythme Dahomey, le « kase dawomey » Qui se joue Boukman est une interprétation d’une musique traditionnelle qui fait partie du folklore haïtien. La chanson parle de Boukman un personnage reconnu dans l’histoire de la révolution haïtienne. Le grand prêtre vaudou qui a prophétisée la liberté des esclaves par le soulèvement lors de son serment au Bois Caïman

#4- Trans : venant du rythme Mayi, le tchatcha tient la base, alors que la mélodie de la clarinette tente d’envoyer ceux qui écoute dans une danse, qui parallèle a une trans typique d’une cérémonie vaudou.

#5- Lovana : Une fusion du rythme Rara. La chanson vient d’une musique traditionnelle haïtienne, elle raconte l’histoire d’une lessivière dénommé Lovana. On doit souligner que la lessive est une activité qui permette a certaines femmes haïtiennes de faire des rentrées économiques.

#6- Tigason k ap pase : Une fusion du rythme Petro, qui se joue avec une clarinette, des cornets, et des vaquessines. Cette chanson raconte l’histoire provient du folklore haïtien. Elle montre comment selon la tradition haïtienne les jeunes qui ne suivent pas les conseils des aînés risquent de se perdre. La version Chay Nanm laisse parler les instruments.

#7- Minis Azaka : Basé sur une variation du Dahomey « le rega dawomey ». Cette chanson est utilisée pour saluer Azaka un esprit important dans le vaudou haitien, d’ailleur il est considere comme un ministre. Il faut souligner que Minis se traduit par ministre en français. La melodie est a la fois calme,legere et respectueuse digne d’un ministre.

#8- Chay Nanm Debake : Un morceau très rythme avec beaucoup d’énergie. Il a été inventé par les membres de Chay Nanm pour représenter le nanm1 du groupe. Dans cette musique Chay Nanm fait jouer tous ses percussions, sauf la clarinette.

#9- Ave Marijo : c’est une fusion du rythme Nago/Gonaïves, les paroles viennent d’une chanson traditionnelle de la société haïtienne. Elles montrent l’attachement d’un enfant a sa mère malgré les difficultés qu’il rencontre chez elle.

#10- Kote moun yo : Une fusion du rythme Nago/Gonaïves, Chanson traditionnelle souvent les gens qui disent du mal de nous, ne nous arrivent pas à la cheville.

#11- Banda : Une fusion du rythme banda/Gonaïves, le banda dans le vaudou haïtien traduit une harmonie existant entre la mort et la vie. Percussion (Tambours, Bambours, cornet, clarinette).

#12- Jazzievod : Une création Chay Nanm pour présenter leur nouveau style de musique, joué avec tous les instruments du groupe y compris la flute, clarinette. Morceau typique de notre style.

#13-Dessalines : Une fusion des rythmes Petro et Rara. C’est une chanson qui rend hommage a Jean Jacques Dessalines l’un héro de la révolution haïtienne. Chant traditionnel les paroles présentent Dessalines comme un vent qui emmène dans sa course les nouvelles à « Agwe » le dieu de la mer (nouvelle de liberté).

Yon bon jou (ce morceau n’est pas inclus sur le disque) : IL reprend le rythme pur du Nago/ Gonaïves. Le texte a été inspire par Chay Nanm et exprime l’espoir et la liberté.

L’île Goré (ce morceau n’est pas inclus sur le disque) : Une création Chay Nanm, avec seulement le tchatcha et la voix. Une belle ballade qui rappelle les conditions inhumaines de la traversée de l’île Goré aux colonies.

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