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Sébastien Boyer, 26 ans, contrôleur dans le RER à Paris

Publié le 17 janvier 2006

Jeune papa de 26 ans vivant en région parisienne (sa compagne est originaire de Saint-Louis et lui de Saint-Joseph), Sébastien est contrôleur sur la ligne D du RER. Employé par la SNCF, cela fait cinq ans qu’il exerce ce métier, basé en gare de Lyon.

Sébastien Boyer
Sébastien (en débardeur jaune) s’en est sorti en région parisienne grâce "à la solidarité et à l’ambiance entre Réunionnais".

Racontez-nous votre parcours.

"Rien ne me prédisposait à ce métier, car après avoir suivi une scolarité normale(Bac ES), je me suis engagé dans une filière sportive (Deug STAPS). Mais j’avais toujours dans l’idée de passer plusieurs concours, au cas où... C’est alors qu’un matin à la radio, j’ai entendu dire que la SNCF recrutait. Je me suis présenté au concours et que je l’ai eu. Le fait de quitter la Réunion n’était donc pas quelque chose de forcément préparé, mais en tout cas c’était volontaire".

Comment s’est passée votre arrivée ?

"Je suis parti de la Réunion le coeur serré mais avec l’envie de voir autre chose, même si à l’arrivée le choc est impressionnant lorsqu’on n’est jamais venu ! Toutes ces voitures, le RER, le TGV, les gens "froids"... tout cela allait être mon quotidien. Après six mois dans un foyer à Barbès (pour ce qui connaissent), j’ai pu enfin avoir mon appartement dans un meilleur cadre, où aujourd’hui tout va beaucoup mieux !"

Pour vous, quel a été le facteur de votre intégration réussie ?

"L’adaptation prend du temps et tout dépend de l’environnement, qu’il soit familial (si on en a un), culturel, social et aussi "amical", j’entends par là le cercle d’amis. Pour moi, c’est grâce à tous les gens et amis que j’ai rencontrés (surtout Réunionnais !) que cette adaptation a pu se faire dans les meilleures conditions. Le fait de se serrer les coudes et une certaine solidarité sont vraiment importants je pense. Malgré ça, combien de fois je me suis pris la tête avec des collègues qui me disent : "mais toi t’es blanc, t’es pas Réunionnais". Pour eux, tous les îliens sont noirs !"

Aujourd’hui, quels sont vos projets ?

"J’essaye toujours de progresser, je passe encore des concours dans l’espoir un jour de rentrer dans mon ti péi ! Je vais avoir dans quelques jours un bébé et j’aimerais qu’il connaisse ses origines et qu’il puisse voir cela de ses propres yeux. Et puis plus tard, j’espère qu’il aspirera à voir autre chose, comme je le fais en ce moment. La situation fait que si un jeune veut avoir de l’expérience, la mobilité est devenue un passage obligatoire dans un cursus. Que ce soit la France, le Canada ou ailleurs, cette expérience ne lui sera que bénéfique lorsqu’il voudra renter un jour à la Réunion. Notre île est belle mais limitée au niveau travail : il faut être lucide. Moi je dis qu’il faut partir pour mieux revenir, foncer sans oublier d’où sa nou sort’. Et puis il y a tellement de choses à voir, autant les voir ailleurs qu’à la télé !"

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Cette expérience est vraiment enrichissante sur tous les plans. J’ai eu l’opportunité de visiter beaucoup de pays frontaliers lorsque je travaillais dans le TGV. Grâce à la gratuité des trains, j’ai visité aussi beaucoup d’endroits en France. J’aime cette facilité de voyage que l’on a, de passer d’un pays à l’autre (de Paris à Londres en 2h30 !). On me paie aussi un billet d’avion tous les deux ans pour rentrer sur l’île. De plus, j’ai rencontré plein de gens qui sont devenus mes amis et qui étaient dans mon cas. Aujourd’hui, nous sommes un vrai "réseau"de Réunionnais en France. Et c’est réel ! Tous les jours, je vois mes amis réunionnais, que ce soit au travail ou en dehors. Ils sont souvent policiers, ou travaillent à la SNCF. De nombreuses fêtes sont organisées le week-end. Ca l’ambiance réunionnais !"

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