Publicité

Spécial retour : Eric Chane-Po-Lime, chef de projet informatique à l’aéroport de Gillot

Publié le 31 janvier 2011

Comment rentrer travailler à la Réunion après une période de mobilité de huit ans au Québec ? Quelles sont les difficultés rencontrées sur le marché de l’emploi local ? Eric, 37 ans, a trouvé en quelques semaines un poste de Chef de projet pour la gestion et la maintenance informatique du système d’information à l’aéropor Roland Garros. Un poste décroché avec le statut d’intérimaire au sein de la CCIR (Chambre de commerce et d’industrie de la Réunion).

Article publié dans Objectif Emploi, supplément du Quotidien de la Réunion - 28 avril 2016 (cliquer pour lire)

Eric Chane-Po-Lime
Eric à l’époque de son arrivée au Québec et de sa 1ère interview.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots svp ?

Je suis titulaire d’un Master Réseau Multimédia Internet décroché à l’université de la Réunion. J’ai quitté l’île en 2002 pour le Québec. Au niveau professionnel, j’ai été développeur de 1999 à 2008 dans différentes entreprises et deux ans et demi au sein d’un système de franchise dans le domaine financier. J’ai aussi travaillé en freelance comme assistant photographe, en réparation / maintenance informatique, déménagement.

Dans quels pays avez-vous travaillé au cours de votre mobilité ?

L’Afrique du Sud pendant quatre mois, la Pologne un mois, la France deux mois et le Canada : huit ans à Montréal entrecoupés de quelques semaines de formation à Atlanta.

Comment avez-vous préparé votre retour à la Réunion ?

Je suis rentré principalement pour des raisons de santé de ma mère. A partir du moment où j’avais pris cette décision, j’ai l’ai fait savoir à tous mes amis avec qui j’avais gardé contact, en leur demandant s’ils avaient connaissance d’opportunités d’emploi sur l’île. Puis j’ai vendu et donné toutes mes affaires au fur et à mesure pour ne garder que l’essentiel. J’ai récupéré le détail des démarches administratives à accomplir sur le site du consulat français. J’ai réglé les dernières petites choses avec l’aide d’amis et l’aide de l’association réunionnaise du Quebec. Beaucoup de difficultés ont été résolues grâce à leur soutien.

Décrivez nous votre état d’esprit à l’atterrissage à Gillot.

J’étais serein, satisfait d’avoir atterri après plus de 24h de voyage. J’étais satisfait comme après un devoir, une étape accomplie.

Avez-vous eu des difficultés à vous réinstaller ?

J’ai eu des difficultés au niveau administratif essentiellement. Il semble que j’avais lu trop vite le texte du consulat et que je n’avais pas les bons papiers, ni effectué les bons choix dans mes démarches... Au-delà de cela, il y a un décalage de traitement au niveau administratif entre les personnes qui viennent du Québec en France, par rapport aux Français qui arrivent au Québec. J’ai été pris en charge au niveau santé le jour où j’ai régularisé ma situation au Québec, alors qu’ici, il a fallu que j’attende trois mois comme un étranger dans mon propre pays.

En tant que Réunionnais expatrié de retour sur son île, avez-vous ressenti
un « avantage concurrentiel » ?

Pendant ma mobilité, tous les Réunionnais que je rencontrais me décrivaient la situation du marché du travail sur l’île comme assez désastreuse. Beaucoup de discours étaient pessimistes. Mais je n’ai pas eu de réelles difficultés. Au cours de mes entretiens, j’ai ressenti que mon expatriation me donnait un avantage concurrentiel par rapport à ceux restés sur l’ile : dans le fait que je pouvais apporter un regard extérieur et autre dans mon travail,.

Qu’avez-vous trouvé de changé à votre retour à la Réunion ?

J’y ai trouvé de nouveaux espaces d’urbanisation, plus de grands centres commerciaux, plus d’infrastructures, des acteurs politiques légèrement différents mais jouant dans l’ensemble le même jeu. J’ai aussi ressenti plus de sentiments de peurs et de tensions sociales et aussi une nouvelle vague de bonnes énergies portée par des personnes qui ont parcouru le monde tout comme moi et font bouger les choses positivement.

Qu’est ce qui vous surprend le plus par rapport à l’endroit où vous viviez en mobilité ?

Les heures d’ouvertures des magasins ! A Montréal, ils sont ouverts beaucoup plus tard, il y a plus d’animations.

Avec le recul, tirez-vous un bilan positif de votre expérience de
mobilité ?

Cette expérience est ce qui a été le plus positif pour moi, aussi bien au niveau professionnel que personnel. Elle m’a permis d’être confronté à tout plein d’expériences enrichissantes sur une courte durée, d’avoir un oeil extérieur à la Réunion et à la France. Un regard qui a l’avantage d’être aussi neuf qu’international, tout en restant sensible à la réalité réunionnaise...

Aujourd’hui quels sont vos projets ?

Prendre soin de ma mère. Partager mon expérience avec mes proches et contribuer à faire que la Réunion avance plus vite, prenne sa juste place dans le monde au travers de diverses implications : création d’entreprise, coaching, implication dans des associations, événements sociaux...

Quels conseils donneriez-vous aux Réunionnais qui comme vous
souhaiteraient rentrer sur l’île ?

Mes conseils : inscrire leur retour dans un vrai projet de vie et de société pour la Réunion, ne pas penser que c’est parce qu’ils sont réunionnais d’origine que tout leur est dû, ne pas reproduire un phénomène semblable à celui qu’une partie des métropolitains ont engendré dans la société réunionnaise... Cela demande une préparation bien réfléchie. Le monde a changé, la Réunion a changé.

Lire aussi : Eric Chane Po, 32 ans, développeur Internet au Québec

Voir le profil d’Eric Chane-Po Lime

Lire les autres interviews Spécial Retour à la Réunion

Publicité