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Sophie Elizéon, 36 ans, chargée de mission développement économique à Limoges

Publié le 8 mars 2007

Attachée au développement de son île, Sophie est partie se former et se perfectionner en métropole pour quelques années. Désormais armée d’un master de sociologie appliquée au développement local, elle engrange de l’expérience professionnelle dans plusieurs villes de métropole. Une expérience qu’elle souhaite mettre prochainement au service de la Réunion.

Sophie Elizéon
Sophie, entourée de Didier et Dominique, représentant la Jeune Chambre Economique de la Réunion lors du congrès national des JCE à Biarritz en 2005.

Sophie Elizéon nommée Déléguée interministérielle pour l’égalité des chances des Français d’Outre-Mer (octobre 2012)


Racontez-nous votre parcours.

"Je suis née d’un père réunionnais, né à Langevin, facteur en retraite, et d’une mère corrézienne, chef d’établissement de La Poste en retraite. Ils habitent aux Avirons, où j’ai étudié au collège, avant d’aller au lycée de St Louis. Après bac C obtenu en 1988 et une école supérieure de commerce à Pau je suis revenue à La Réunion comme attachée commerciale pour l’ADPE pendant deux ans. J’ai passé le concours ANPE et fait du conseil à l’emploi pour les bénéficiaires du RMI (2 ans), puis j’ai été chef de projet politique de la ville (3 ans) puis conseil à l’expatriation (4 ans)".

Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter l’île ?

"J’ai pris un congé individuel de formation à Lyon, pour passer un master de sociologie appliquée au développement local (obtenu en 2005, mention Bien). J’avais envie de changer d’air, et de valider mon expérience professionnelle en développement local par une formation, qui puisse également me donner des outils. Je suis arrivée à Lyon en septembre 2004 en famille (un conjoint et une fille de 2 ans). Le déménagement a mis 2 mois et demi !"

Et ensuite ?

"Après le master, j’ai enchaîné sur un poste de chargée de mission Insertion et Chef de Projet PLIE à Gap (Hautes-Alpes) pendant 1 an. Aujourd’hui, je suis chargée de mission développement économique en milieu rural pour l’Association Interconsulaire de la Haute Vienne(87)".

Quels sont vos projets ?

"Revenir à La Réunion pour participer pleinement au développement de l’île et utiliser tout ce que j’ai pu apprendre ici. Je parle de sociologie, mais aussi du fait que l’isolement amène les Réunionnais à être plus efficaces, plus solidaires, plus innovants que ce que l’on veut bien leur accorder : il faut le faire savoir !"

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"De gros challenges à relever : enclavement, chômage, peu de grosses entreprises (donc peu de recrutement en nombre… mais aussi peu de licenciements de masse). Mais un potentiel énorme : des jeunes de plus en plus mobiles, de mieux en mieux formés, un réel dynamisme des hommes et des entreprises, un atout environnemental encore sous estimé mais porteur de développement par une exploitation raisonnée (durable ?)"

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"Le soleil (surtout aujourd’hui où nous avons droit aux giboulées de mars avant la date), la randonnée et cet enthousiasme doublé de profond respect de l’autre pas toujours visible dans le domaine professionnel en métropole".

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de La Réunion dans votre parcours ?

"Une expérience professionnelle essentiellement réunionnaise fait que professionnellement on doute de votre capacité à travailler beaucoup, rapidement et à tenir le rythme. Parallèlement dans le domaine du développement local, compte tenu de ce qui est connu de la situation économique de l’île, on pense que vous avez une grande expérience acquise dans des conditions « extrêmes ». Pas comparable aux banlieues métropolitaines mais presque".

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

"Oui je vois pas mal d’amis réunionnais de passage en métropole ! Ces amis font partie de la même association que moi : la Jeune Chambre Economique. Il y a aussi des rencontres imprévues. L’employée du traiteur au pied de notre immeuble est réunionnaise mais n’est jamais revenue à La Réunion depuis plus de 20 ans ! En août à Gap, j’ai rencontré dans un bar peu fréquenté à 00H30 un ami réunionnais parti s’installer à Madagascar en 2003 ! Aujourd’hui à Limoges, la directrice de l’école maternelle de ma fille est une Réunionnaise de St Paul".

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

"Le Limousin est une région qui gagne à être connue : paysages magnifiques, cuisine et produits alimentaires de qualité, habitants « paisibles », vie culturelle riche… Limoges est assez proche de tout (mer, montagne, Paris).
Hautes Alpes (2005/2006) : très belle région, paysages splendides, habitants « montagnards du Sud » souriants mais réservés. Région extrêmement enclavée (sauf pour les amoureux de Marseille qui est à moins de 2 heures de route) qui sur certains aspects du paysage fait penser à La Réunion.
Lyon : ville magnifique, riche, vie culturelle très riche, cosmopolite. Les Lyonnais sont accueillant contrairement à ce qu’eux mêmes en disent. Mais la ville est trop grande à mon goût : on peut vivre en centre ville en ayant la sensation d’être en périphérie".

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Préparer le départ : choisir une ville de taille moyenne, riche en transports en commun, proche de lieux où on a de la famille ou des amis. Se renseigner sur les services proposés par les mairies ou communautés de communes : médiathèque (gratuite à Limoges), garderie scolaire (gratuite à Limoges), transport en commun (gratuit à Gap), autant d’éléments qui font baisser le coût de la vie… qui est certes moins élevé en métropole mais les salaires vont avec !"

Avez-vous d’autres conseils ?

"Oui. Pensez pour les coûts de location que : le chauffage coûte cher, que les cautions payables en plusieurs fois sont souvent synonymes de crédit, l’accès au logement sans caution solidaire est très difficile (surtout dans les grandes villes et si on n’est pas titulaire d’un CDI). Je conseille aussi d’assister aux réceptions données par les Mairies pour les nouveaux arrivants, rencontrer les bénévoles du réseau Accueil des Villes Françaises (AVF), s’investir dans la vie associative, notamment pour nouer des contacts".

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