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Loger et habiter à la Réunion - Michel Wattin

Publié le 17 février 2011

Extrait de l’ouvrage "La Réunion, une société en mutation". Contribution de Michel Wattin, Professeur des Universités, Sciences de l’Information et de la Communication du CNRS Université de la Réunion.


A La Réunion, on a plus construit depuis les années 1950 qu’en trois siècles et demi d’occupation humaine de l’île. Pour Michel Watin, l’habitat réunionnais s’est profondément transformé dans les trente dernières années : d’abord du ressort de l’activité privée et très largement autoproduit, la question du logement est devenue une affaire publique à partir du moment où les élus décident de stopper l’expansion des constructions précaires toujours plus nombreuses à venir s’implanter en périphéries des villes.

Dynamisée par des politiques d’aide à la construction, une filière de production de logements se met progressivement en place à partir des années 1970. Le parc de logements social s’agrandit et atteint un niveau de qualité proche des standards européens. Dans le même temps, on assiste à la rationalisation des modes de production et à la normalisation des formes de logement, modifiant très profondément les manières d’habiter et les bases de la sociabilité créole.

L’instauration d’une Ligne Budgétaire Unique en 1978 permet la construction en masse de logements sociaux tandis que les lois de défiscalisation de 1986 favorisent la construction de villas et d’immeubles, au profit principalement de la classe moyenne et supérieure réunionnaise. Ces dispositions stimulent le secteur de la construction, mais cette remarquable progression se fait au détriment de la kour qui avec la kaz, constituent l’unité de base de l’espace domestique créole. Avec la disparition progressive de la kour disparaît également le kartié, espace social organique du monde créole caractérisé par l’interpénétration des espaces privé et public, au profit du quartier, simple découpage spatial correspondant généralement à une fonction principale, la résidence.

Ce processus, engagé voici trente ans, se poursuit : beaucoup reste à faire pour réduire les poches d’habitat insalubre qui persistent ou qui se recréent, pour réhabiliter les logements les plus anciens, pour permettre les décohabitations des jeunes couples ou simplement pour répondre à la demande « mécaniquement » induite par la progression démographique observée dans la société réunionnaise.

La suite dans l’ouvrage "La Réunion, une société en mutation", synthèse actuelle des connaissances sur la société réunionnaise s’appuyant sur des travaux scientifiques de référence dirigée par Eliane Wolff et Michel Watin.

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