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Catastrophe au Japon : Jacques Payet témoigne

Publié le 18 mars 2011

Installé à Kyoto depuis de nombreuses années, le Réunionnais Jacques Payet témoigne du sang froid des Japonais face aux événements en série qui touchent l’archipel : tremblement de terre, tsunami, fuites nucléaires... Pour lui, "les étrangers ne pensent qu’à quitter le pays et soupçonnent le gouvernement japonais de ne pas dire toute la vérité pour éviter la panique".

Jacques Payet

Comment avez vous vécu personnellement les événements de ces derniers jours ?

Jacques Payet : Personnellement, j’ai été très peu affecté. A Kyoto et dans la région du Kansai, la vie a continué comme d’habitude et rien ne manque dans les commerces. Bien sur, nous avons ressenti légèrement le premier tremblement de terre et quelques secousses qui ont suivies, mais aucun objet n’est tombé et cela n’avait rien d’exceptionnel ici. Nous avons suivi les infos en continu, assisté avec effroi aux événements et partagé l’inquiétude de nos amis japonais.

Comment les événements sont-ils vécus autour de vous (amis, collègues, proches) ?

Je suis resté en contact permanent avec ma famille, mes amis ou élèves à Tokyo où la situation était et est toujours assez difficile : manque de produits de base dans les supermarchés, coupures d’eau et d’électricité, trains et métros à service réduit... Nous envoyons régulièrement de la nourriture, du papier toilette, des piles et autres produits de nécessité à Tokyo. Surtout, j’ai essayé de calmer mes amis français qui étaient pris de panique et confus par les informations contradictoires des médias. D’un côté les Japonais de Kyoto et Osaka gardent le moral et font comme si de rien n’était, ceux de Tokyo commencent à être fatigués, mais la réaction la plus fréquemment rencontrée est "ce qu’on subit ici n’est rien comparé à ce qui arrive à nos compatriotes dans le nord". Donc nous réalisons que nous avons beaucoup de chance de nous en tirer juste avec des petits inconvénients. Les étrangers ne pensent qu’à quitter la ville et soupçonnent le gouvernement japonais de ne pas dire toute la vérité pour éviter la panique.

Selon vous, les Japonais étaient-ils préparés à ce type de catastrophe ?

Certainement. Ils sont préparés depuis l’enfance à faire face à des catastrophes naturelles. Ils sont disciplinés, très organisés et savent exactement ce qu’ils doivent faire. C’est ce qui explique le nombre relativement faible de victimes.

Qu’est ce qui explique l’ampleur des dégâts ?

C’est la première fois depuis 140 ans qu’un séisme d’une telle ampleur survient, suivi d’un Tsunami d’une force incroyable, suivi d’une crise nucléaire... Aucun être humain ne peut être préparé pour autant de malheurs a la suite.

Que pensez-vous de la réaction du gouvernement japonais ?

A mon humble avis aucun gouvernement n’aurait pu faire mieux que le gouvernement japonais. Avec le recul, on pourra surement trouver des lacunes mais pour moi ils ont fait tout ce qui était possible. Il y a une limite à ce que l’homme peut faire en face d’une telle calamité. Pour comparaison, un pays aussi riche que les USA n’ont pas du tout été à la hauteur des événements lors du cyclone Catherina (je vivais aux USA à ce moment là et peut donc témoigner en ce sens) en rien comparable au désastre actuel au Japon. Nous pouvons douter que la France ou aucun pays européen aurait été à la hauteur. Donc c’est vraiment la fatalité.

Lire aussi : Jacques Payet, maître d’Aikido au Japon et aux Etats-Unis

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