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Yanick Dindjian, membre du cabinet du deuxième adjoint au maire d’Aix

Publié le 4 mai 2006

A 26 ans, Yanick peut justifier du titre d’ingénieur maître en Management Public (IUP d’Aix-en-Provence). Il est également titulaire d’un Master 2 d’Etudes Politiques spécialité Ingénierie Politique décroché à l’IEP d’Aix. Parallèlement à ses études, il s’est investi dans le milieu associatif réunionnais du Sud.

Yanick Dindjian
Lors de la dernière soirée "Zétudiants Aix 974" : de gauche à droite Alex, Momo (frère de MC Jean Gabin), Yanick et Normane, président de l’Association des étudiants réunionnais d’Aix.

Racontez-nous votre parcours.

"Issu d’un milieu modeste, j’ai vécu à Saint-Denis, né d’une mère réunionnaise et d’un père d’origine arménienne. Plusieurs raisons m’ont poussé à quitter l’île. En premier lieu, La Réunion me semblait trop petite (manque d’espaces) et j’avais envie de découvrir le Monde. D’autre part, j’avais beaucoup de mal à m’adapter au système universitaire, malgré un attrait certain pour le droit. Je trouvais la formation impersonnelle, plus assez théorique et pas assez professionnalisante... En dernier lieu, le décès de mon père est survenu. Après une année d’introspection, j’ai décidé de partir afin de réaliser un parcours d’excellence".

Comment avez-vous fait votre choix ?

"J’ai pris mon temps pour préparer mon départ. Je cherchais une formation qui me corresponde. Un jour, au centre d’informations de la faculté de la Réunion, je suis tombé par hasard sur l’IUP de Management Public d’Aix-en-Provence. C’était une formation unique en France et peu reconnue à l’époque. J’ai compris que c’est cela que je voulais faire".

Comment s’est passée votre arrivée en métropole ?

"Je suis arrivé à Aix-en-Provence début septembre, relax, naïf. J’ai vite déchanté quand pendant trois semaines, je me suis retrouvé dans les files d’attente des agences de location pour trouver un appartement. Et puis tout s’est enchaîné rapidement, appartement, rentrée scolaire, nouvelles connaissances... L’intégration n’est pas évidente dans un pays qui est le nôtre, mais dont on a l’impression d’être culturellement éloigné. Pour illustration, la première semaine j’ai eu du mal à repérer des gens de couleur ou de cultures différentes que j’avais l’habitude de côtoyer au quotidien dans l’île (cafres, malbars, zarabs...). Je me rappelle aussi que mes collègues de classe étaient très mal informés sur la Réunion au point de me demander si je me déplaçais en pirogue..."

Quels sont vos projets ?

"Aujourd’hui en fin d’études, je souhaite rentrer à la Réunion pour diverses raisons : personnelles, qualité de vie. Je crois que je suis trop attaché à ma terre et je souhaite mettre à profit mes connaissances et mon expérience acquises dans ce parcours de mobilité. J’ai d’ores et déjà prévenu l’élu pour qui je travaille que je le quitterais d’ici la fin du mois afin de m’établir chez moi, à la Réunion".

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"Je crois que ce qui me manque le plus paradoxalement, c’est l’impression d’espace. Alors même que c’est cet espace que je suis allé chercher en métropole, je trouve que les agglomérations métropolitaines sont construites en hauteur et dans le béton. Par conséquent, il est difficile de voir loin. A la Réunion on a toujours une vue ouverte sur l’horizon, sur l’océan. Et puis comme la plus part des expatriés, je crois que la famille, la cuisine de ma mère et de ma grand-mère me manquent beaucoup".

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"En premier lieu, elle m’a permis de me rendre compte à quel point il était doux de vivre à la Réunion, à quel point cette île est réellement un paradis où tout est à notre disposition. Cela m’a permis également de mûrir et d’évoluer positivement".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

"Malgré les difficultés liées aux problématiques de l’emploi et de l’évolution de la société, il me semble que La Réunion est douée pour le futur (à l’image du slogan de l’AD Réunion). Cela j’ai pu l’observer d’une part, lors d’un stage au sein de l’Agence de Développement de la Réunion et d’autre part, au cours de mon expérience au sein du département des Affaires européennes du Ministère de l’Outre Mer. Tous s’accordaient à dire que la Réunion est un modèle pour sa dynamique de développement, dans le cercle fermé des Régions Ultra Périphériques".

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

"J’ai eu la chance au cours de ma première année de rencontrer Normane Omarjee, qui à l’époque se battait pour faire revivre l’Association des Etudiants Réunionnais d’Aix-en-Provence (la plus vieille association estudiantine réunionnaise de métropole). Je me suis investi à ses côtés et nous avons eu l’honneur de célébrer en 2004 les 30 ans de l’association. Au programme, conférence-débat animée par Hubert Gerbeau, exposition d’une semaine sur les Grands Hommes de la Réunion et sur l’abolition de l’esclavage, dîner-spectacle où nous avions invité les représentants de toutes les associations étudiantes réunionnaises de métropole".


L’association est maintenant relancée...

"Nous avons réalisé de nombreuses manifestations : soirées étudiantes (cf. le prochain carnet Fullfaya), conférences, expositions et découvertes des atouts de la Réunion. Je me suis également investi au sein du Collectif des Associations Réunionnaises de la Région PACA (une quinzaine d’associations membres). Mon engagement m’a permis de rencontrer de nombreux expatriés qui tout comme moi, sont en quête de leurs racines. Je remercie d’ailleurs toutes ces personnes qui quotidiennement font vivre la culture réunionnaise : Nicole Pitou, Annick Paros, Rodolphe Redon, Willy Guezelot, Georges, Françoise, Joseph SERY..."

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Bougez ! Vivez ! Allez voir ailleurs comment ça se passe, comment on travaille. Enrichissez-vous d’une expérience de mobilité. La Réunion a besoin que ses enfants approfondissent leurs connaissances et leurs compétences. L’île a besoin de gens qui prêchent à travers le monde nos valeurs, nos atouts... Développez des réseaux. Faîtes du lobbying en faveur de notre île afin que la dynamique de développement dans laquelle nous nous trouvons perdure, surtout par ces temps difficiles. Mais oublie pas marmailles ! Kan zot y sava, rale touzour un ti cd Danyel Waro, Ziskakan ou Oussanoussava dan zot bertelle !"

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