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Bertrand Cadet, 29 ans, chercheur en physique de l’atmosphère

Publié le 11 octobre 2006

Chercheur au service d’aéronomie de l’Université Pierre et Marie Curie à Jussieu, Bertrand est détaché pour deux ans à l’Université de la Réunion, avec l’espoir d’être titularisé. Après un DEUG et une licence de physique à l’UR, il est allé passer sa maîtrise à Bristol en Angleterre, son DEA à Lille, avant de décrocher son doctorat à la Réunion. Après un passage à la fac de Clermont-Ferrand, il poursuit aujourd’hui ses recherches au Laboratoire de l’Atmosphère et des Cyclones (LACy) de l’Université de Moufia.

Bertrand Cadet

D’où êtes vous à la Réunion ?

"Né au Port en 1977, j’ai vécu à St Gilles les Hauts jusqu’à mon départ pour la maîtrise à Bristol. Je suis issu d’une famille modeste, avec un père qui a gravi les échelons dans le domaine de la psychiatrie à St Paul pour être actuellement cadre supérieur et une mère femme au foyer".

Racontez-nous votre parcours.

"Je suis arrivé à la fac un peu par hasard. N’ayant à l’époque aucun projet de carrière et aimant assez les sciences, je me suis inscrit à l’université. Au fil des années, la matière dans laquelle j’avais le plus d’affinités fut la physique, domaine dans lequel j’étais particulièrement mauvais au lycée. Comme quoi, l’université et le lycée sont deux mondes bien différents. J’ai finalement décroché un DEUG de Science et Structure de la Matière (SSM) et une licence de Sciences Physiques à l’UR".

Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter l’île ?

"Après trois ans -enfin quatre après le redoublement de ma première année de DEUG- à l’université de la Réunion, j’ai ressenti le besoin et l’envie de quitter mon île pour connaître d’autres horizons. La solution la plus évidente est bien entendu de s’orienter vers une université métropolitaine, mais sachant qu’inéluctablement j’y serais allé tôt ou tard, j’ai préféré suivre une autre piste. J’ai donc opté pour le programme d’échange ERASMUS, peu développé dans le secteur scientifique (en tout cas pour ce qui concerne l’UR)".

Racontez-nous votre expérience à Bristol.

"J’ai vécu à Bristol, à 250 km à l’ouest de Londres, pendant un an. Cette année a été l’une des plus intéressantes de mon parcours universitaire. Ce fût pour moi la transition entre le Bertrand adolescent et le Bertrand en voie de maturité. Ayant un niveau moyen en anglais, j’appréhendais mon arrivée. Mais bizarrement une fois sur place, la timidité et le manque de confiance en soi s’effacent très rapidement devant les contraintes et les difficultés de la vie quotidienne, à savoir trouver un logement, faire des courses pour se nourrir, s’inscrire à l’université, choisir ses cours, etc".

Et ensuite ?

"L’année qui a suivi à Lille a été nettement moins folichonne, avec un DEA (« Lasers, Molécules et Rayonnement Atmosphérique » qui ne me plaisait pas plus que ça et une ville, quoique très vivante, qui ne me faisait ni chaud ni froid. Je pense que la météo brumeuse 9 mois sur 12 ne m’a pas aidé. Après cette nouvelle année loin de mon île, j’ai eu envie d’y retourner. J’ai monté mon projet de thèse, qui concerne les changements climatiques et le réchauffement planétaire, avec un sujet axé accès sur l’étude des cirrus (nuages de glace de haute altitude) en région tropicale. Je suis donc revenu à la Réunion pour y faire mes deux premières années de thèse. La troisième année m’a amené à retourner à Lille. Arrivé à la fin de mon financement Région Réunion, je devais trouver une issue pour continuer et je me suis retrouvé à Clermont-Ferrand en ATER (Attaché Temporaire à l’Enseignement et à la Recherche) pour une année. J’ai soutenu ma thèse à l’UR en décembre 2004".

Bertrand Cadet

Voici ce que l’on appelle un LIDAR. C’est un instrument qui permet de sonder l’atmosphère jusqu’à une altitude 100km. Ce rayon vert est visible le soir à l’université de la Réunion quand la météo est claire.

Quels sont vos projets ?

"Je continue mes activités de recherche actuellement dans le cadre d’un postdoc de deux ans financé par le CNES, en m’acharnant à trouver un poste de titulaire qui me permettra de me stabiliser ; Soit en tant que Maître de Conférence à l’Université de la Réunion (de préférence), soit Chargé de Recherche CNRS ou enfin, ce qui m’attire le plus, en tant que Physicien Adjoint qui est un poste mixte entre les deux premiers. Depuis quelques années, il y a aussi un facteur familial dans mes choix".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"A vrai dire, je ne porte pas vraiment de regard critique sur la situation socio-économique de l’île, puisque la modernisation est le moteur de l’évolution. Il est vrai que l’île se développe vite, peut être même trop vite. Il faut, au travers de ce progrès, tenter de préserver notre île coûte que coûte".

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Partez, même avec des doutes pleins la tête. Prenez votre courage à deux mains et allez découvrir d’autres horizons afin de vous rendre compte à quel point notre île est belle et qu’elle mérite que l’on soit fier d’être Réunionnais".

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

"C’est une excellente idée pour laquelle le bouche à oreille a très bien fonctionné. Longue vie à ce site !"

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