Publicité

Spécial retour : Mike Sihou, Associate IT Specialist chez IBM (agence Océan Indien)

Publié le 6 août 2011

Comment rentrer travailler à la Réunion après une période de mobilité ? Quelles sont les difficultés rencontrées sur le marché de l’emploi local ? Mike, 23 ans, avait en poche une solide formation et plusieurs expériences à l’étranger. Diplômé de l’EFREI (Ecole FRançaise d’Electronique et d’Informatique), il effectue en 2010 son stage de fin d’études à l’agence Océan Indien d’IBM, qui l’embauche dans la foulée en tant qu’"Associate IT Specialist"... Récit d’un retour réussi à la Réunion.

Article publié dans Objectif Emploi, supplément du Quotidien de la Réunion - 9 juin 2016 (cliquer pour lire)

Mike Sihou
Sur le Brighton Pier : Brighton en arrière-plan ou il a travaillé une première fois pour IBM en 2007.

Pouvez-vous vous présenter svp ?

Je suis de Saint-André, commune dans laquelle j’ai grandi et qui me tient à cœur. J’y ai fait ma scolarité, de la maternelle Saint-Clair Agénor (Champ-Borne) jusqu’au lycée Sarda Garriga où j’ai eu mon baccalauréat, en passant par le collège Sainte-Genevière. J’ai aujourd’hui la ferme intention de m’investir politiquement pour cette ville. Je suis par ailleurs engagé en tant que responsable de la fédération réunionnaise de République Solidaire (mouvement politique de Dominique de Villepin).

Quel a été votre parcours de mobilité ?

En 2005, tout juste âgé de 17 ans, je quitte mon île natale pour m’installer à Paris où j’intègre l’EFREI. En 2007, dans le cadre d’un stage d’immersion, je vis pendant six mois en Angleterre, à Brighton. Je travaille pour la première fois pour IBM (affecté au client American Express) et je suis des cours au King’s College London. Fin 2009, je mène un projet de recherche en e-Business à Vellore Institute of Technology (VIT) University, située dans la région du Tamil Nadu en Inde pendant un semestre. J’ai alors la possibilité de faire mon stage de fin d’études à l’agence Océan Indien d’IBM et donc de rentrer à la Réunion.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à rentrer ?

Qu’on le veuille ou non, on reste attaché à sa mère patrie. Comme on peut l’entendre dans une des chansons de JaïRo dans la première mixtape de Dj Dan : "Mai frèr, un naffèr mi gaigne pa oublié - Tout’ fasson sa lé gravé dan sat’ mi lé - Mi lé fier etre un réyoné". Notre cadre de vie nous est envié du reste du monde, tout comme notre capacité à faire cohabiter les religions et les communautés en parfaite harmonie, alors pourquoi vouloir vivre ailleurs ? Par ailleurs, ici nous avons nos repères et nos familles.

Comment avez-vous préparé votre retour ?

Il n’y a pas eu de préparation spécifique. Je suis rentré à la Réunion pour effectuer mon stage de fin d’études. A la fin du stage (mai-juin 2010), j’ai démarché de nombreuses entreprises sur l’île. La majorité d’entre elles n’ont même pas daigné répondre... Mais j’ai fini par trouver un emploi. En résumé, mon retour s’est fait grâce à des opportunités qui se sont présentées au fur et à mesure. On peut y mettre toute la bonne volonté du monde, mais rien ne garantit un retour malheureusement. Le marché du travail à la Réunion est très compliqué. Un beau CV n’apporte pas l’assurance d’un emploi et force est de constater que le "piston" est omniprésent. Les opportunités sont rares.

Décrivez nous votre état d’esprit à l’atterrissage à Gillot.

Je suis revenu d’Inde, donc j’étais content de retrouver un environnement connu avec des standards européens en terme d’hygiène et de confort !

Mike Sihou
Mike interrogé par Gora Patel
en tant que président de l’Association des Etudiants Réunionnais de Paris (lire l’interview).

Dans quel état avez-vous trouvé le marché du travail en rentrant ?

Les statistiques du marché sont claires pour ma tranche d’âge. Plus d’un jeune de moins de 25 ans sur deux est au chômage. Notre département fait partie du haut du classement en terme de chômage. Le marché local est verrouillé.

Plus généralement, qu’avez-vous trouvé de changé à votre retour à la
Réunion ?

Rien de particulier, car j’avais eu l’occasion de rentrer assez souvent. Pour moi, la Route des Tamarins est le principal changement, qui plus est positif, de ces dernières années.

Quels sont les points de satisfaction / déception de votre retour ?

Je suis évidement satisfait d’être rentré, mais je suis déçu de voir que cela ne fait pas fait naturellement. Un Réunionnais disposant des compétences requises, doit avoir la possibilité d’occuper un poste dans son île natale. Surtout quand les postes existent... Mon conseil à ceux qui souhaitent rentrer est donc le suivant : n’attendez rien de personne. Si vous voulez rentrer, mettez y toute l’énergie nécessaire et tôt ou tard, ça paiera.

Avec le recul, tirez-vous un bilan positif de votre expérience de
mobilité ?

En terme d’ouverture d’esprit, la mobilité, il n’y a rien de mieux ! Se rendre compte que des personnes ont des cultures et des modes de vie autres que les nôtres permet d’alimenter la tolérance. Nous avons beaucoup à apprendre des autres, comme les autres ont beaucoup à apprendre des Réunionnais. Le regard ne peut qu’être changé.

Aujourd’hui quels sont vos projets ?

La possibilité de rentrer a impacté mon projet initial qui était de compléter mon cursus d’ingénieur par un mastère spécialisé dans une école de commerce.
Mon projet professionnel étant aujourd’hui clairement établi, je vais maintenant continuer mon combat politique. Le renouvellement de la classe politique locale est une nécessité...

Lire aussi :
Mike Sihou, 18 ans, étudiant en école d’ingénieur et DJ à Paris
Mike Sihou, président de l’Association des Etudiants Réunionnais de Paris

Voir le profil de Mike Sihou

Lire les autres interviews Spécial Retour à la Réunion

Article publié dans Objectif Emploi, supplément du Quotidien de la Réunion - 9 juin 2016 (cliquer pour lire)
Mike Sihou
A Vellore Institute of Technology (VIT) University - Tamil Nadu - Inde
Publicité