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Bruno Furcy, étudiant de Master in International Business à l’ITESM au Mexique

Publié le 19 octobre 2011

Diplômé de l’EGC Réunion, Bruno a poursuivi ses études à l’Ecole Supérieure de Commerce de Rennes qui propose un double diplôme : Master 2 (ESC Rennes) et Master in International Business à l’ITESM de Guadalajara. A 25 ans, Bruno étudie au Mexique. Un pays où il touve des ressemblances avec la Réunion et qu’il décrit comme « un paradis pour mangeur de piments ».

Bruno Furcy
Le signe 974 dans une soirée à Guadalajara avec deux amies dont une Réunionnaise rencontrée au Mexique.

D’où êtes vous à la Réunion ?

Je viens de Saint-Pierre 400, mais ayant réalisé l’ensemble de mon collège et de mon lycée au Tampon, je me sens tout autant Saint-Pierrois que Tamponnais. Mon père est fonctionnaire et a gravi de nombreux échelons dans son travail. Ma mère est au foyer. Mes parents sont issus de milieux modestes, mais ils m’ont donné toutes les clés pour réussir.

Racontez-nous votre parcours.

J’ai obtenu mon Bac ES en 2004 au lycée Roland Garros du Tampon. Puis j’ai commencé des études de Langues Etrangères Appliquées à Toulouse. Partir a été un véritable choix, car je pense qu’il est important de découvrir l’ailleurs pour pouvoir apporter quelque chose chez soi.
Ces études de LEA ne m’ayant pas forcément plu, je suis retourné à la Réunion en 2006 à la suite de l’obtention du concours de l’Ecole de Gestion et de Commerce (EGC). Cela correspondait tout à fait à ce que je cherchais : des expériences en entreprises, la possibilité de réaliser un stage à l’étranger (j’ai été à Perth), et un réel développement de mes compétences.

Et ensuite ?

En 2009, je suis diplômé de l’école et décide de continuer mes études en Ecole Supérieure de Commerce. Après l’obtention d’un concours passerelle permettant d’intégrer une 2ème année d’ESC, je choisis de me rendre à l’ESC Rennes School of Business, qui propose des cours 100% en anglais et la possibilité de réaliser un an à l’étranger.

Qu’avez-vous fait ?

Après une année d’études à Rennes, j’ai réalisé une année de stage en entreprises dans le domaine du contrôle de gestion : huit mois de stage à la Réunion, au sein de l’entreprise SFR et six autres mois au sein du groupe EADS. La rentrée étant le 7 septembre, je suis arrivé à Guadalajara le 5, en passant par Dallas aux Etats-Unis.

Quelles sont vos premières impressions du Mexique ?

Arrivé au Mexique, la première difficulté était la langue. Mon niveau d’espagnol n’étant pas le plus élevé, bien sur les conducteurs de taxi ne parlent pas un mot d’anglais ! Heureusement, j’avais tout bien préparé, réservé mon hotel, imprimé les itinéraires et ainsi pu me rendre à destination. Le trajet de l’aéroport vers le centre ville a été ma première impression du Mexique : tout de suite, j’ai pu me rendre compte des grandes inégalités de ce pays. Si dans quelques quartiers les habitations ressemblent à des bidonvilles, certains autres n’ont rien à envier aux banlieues les plus riches des Etats-Unis.

Quoi d’autre ?

Ma deuxième confrontation avec l’inégalité régnant dans ce pays a été l’entrée dans l’école. C’est une université privée, au sein de laquelle étudie une certaine élite mexicaine. Dans le parking : des voitures de sport récentes, des énormes 4x4. Les étudiants sont tous habillés de vêtements de marque, de lunettes de soleil à la mode, d’ordinateurs et téléphones dernier cri. Pour venir, je prends le bus public à 6 pesos : 30 centimes d’€. Des sièges très durs, des bosses sur la route à en toucher le toit, une population de milieux modestes... le contraste est saisissant. Néanmoins, les étudiants sont très sympathiques et toujours prêts à rendre service. Je n’ai trouvé aucune personne ayant un sentiment de supériorité. Tous les étudiants étrangers sont invités à participer aux fêtes. Lorsque l’on sort des cours ils nous proposent de nous ramener chez nous, on se sent tous comme chez nous.

Où êtes-vous logé ?

Les prix étant très bas par rapport à l’Europe, j’ai rapidement trouvé un logement situé dans un quartier n’ayant aucun problème de sécurité, avec toutes les commodités proches et tout équipé. Je suis en collocation avec un Français et un Finlandais. Cela me permet de parler anglais à la maison avec le Finlandais et à l’école (tous mes cours sont en anglais), et espagnol dans la vie de tous les jours. Ici à Guadalajara, j’ai même fait la connaissance d’une Réunionnaise qui suit le même programme que moi.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Je suis donc à la fois étudiant en Master 2 à l’ESC Rennes, et en double diplôme de Master in International Business à l’ITESM de Guadalajara, au Mexique. La mobilité me procure la véritable découverte d’une nouvelle culture ! Je découvre un tissu économique totalement différent de ce à quoi l’on est habitué en France et à la Réunion, plus basé sur la production que l’économie de service que l’on a chez nous. Par ailleurs, c’est un véritable réseau de contacts pour ma future vie professionnelle que je me fais. Qui sait si plus tard mes camarades de classe ne seront pas des clients, des fournisseurs ou des partenaires professionnels…

Bruno Furcy
A Manzanillo, village touristique de la côte Pacifique Mexicaine.

Quels sont vos projets ?

Mes projets sont de commencer ma carrière en métropole ou à l’étranger dans le domaine de l’audit ou du contrôle financier. L’idéal serait de débuter par une VIE (Volontariat International en Entreprise). A long terme, j’aimerais pouvoir créer mon entreprise à la Réunion.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

La famille, les amis, la nourriture, la facilité de vie ! Quand on vient de la Réunion, on a toujours envie d’y être… Dans mes bagages, je trimballe des photos de ma famille, de mes amis, et une paire de savates qui me suivent partout.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

La situation socio-économique est difficile. Après quelques années où la Réunion a pu profiter des Fonds Sociaux Européens qui ont permis à de nombreuses entreprises de se développer, le ralentissement de la commande publique était prévisible. Par manque de formation, certaines entreprises n’ont pas pu avoir une vision à long terme. Aujourd’hui, à l’image de la situation économique mondiale, les politiques ne font que jouer le rôle de pompiers. Il faut donner une réelle orientation à la vie économique, réaliser plus d’échanges avec les pays de la zone et ne pas hésiter à innover. Néanmoins, il est très difficile pour nous d’aller vers l’innovation, et souvent nous préférons aller vers la sécurité plutôt que dans le risque… En ce qui concerne la situation sociale, espérons que les problèmes du chômage et des inégalités seront pris à bras le corps, car que ce soit en France ou à la Réunion, la société risque d’évoluer comme au Mexique, avec de véritables exclus qui pourraient aller vers la violence. Cela passe bien entendu par des créations d’emploi durables, et non par des solutions à court terme telles que des emplois « fictifs » en mairie ou ailleurs…

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la
Réunion dans votre parcours ?

Cela attire toujours la curiosité. En entretien, cela permet d’avoir un sujet supplémentaire sur lequel discuter. Venir de la Réunion m’a également appris à ne pas avoir de préjugés. Je suis adaptable partout où je passe !

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Totalement inconnue ! Mais les gens sont très curieux de savoir que je ne viens pas de l’hexagone. J’essaie de leur donner envie d’en savoir plus en leur montrant où ça se situe sur le globe et en leur parlant des atouts de l’île.

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses
habitants ?

J’avais beaucoup de préjugés au départ, et encore plus avec ce que les gens pouvaient me dire : « il y a des morts à tous les coins de rue au Mexique, tu ne pourras pas sortir seul, tu vas te faire enlever », etc. C’est sur qu’il y a quelques précautions à prendre, car le grand problème du Mexique est la présence de nombreux narcotrafiquants, et la violence due aux inégalités. Mais il faut savoir que c’est un pays avec une économie forte (la 13ème mondiale), une population très gentille, ouverte, souriante et prête à aider. Il n’est pas rare que des gens m’aient accompagné en marchant pendant 10 minutes pour m’indiquer là où je devais aller ! Ensuite, le pays est magnifique avec une histoire riche et des paysages incroyables.

Voyez-vous des ressemblances avec la Réunion ?

La ville où je vis est magnifique, pleine de couleurs et bruyante ! Certains aspects me font en effet penser à la Réunion. Guadalajara étant une ville fondée par les colons espagnols, on y retrouve le plan quadrillé des villes réunionnaises, certaines résidences ont le même aspect et la population a la gentillesse, l’expressivité et le sourire des Réunionnais. Même au niveau de l’aspect physique, de nombreuses personnes m’ont dit que je ressemblais plus à un Mexicain qu’eux même !
En ce qui concerne l’alimentation, elle n’est pas chère, très bonne, et très épicée. Un véritable régal pour un Réunionnais ! Un paradis de mangeurs de piments !

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

La Réunion, c’est sur que l’on y est bien, mais on est jeunes et il y a tellement de choses à découvrir dans le monde ! Donc au cas où on se trouve dans une situation compliquée (difficultés à trouver du travail, etc.), il ne faut pas hésiter à aller voir ailleurs. De même, ne pas avoir peur des langues étrangères... C’est un véritable atout de pouvoir parler au moins l’anglais, donc n’hésitez pas à aller en stage où en échange dans un pays anglo-saxon ; la meilleure façon d’apprendre est de pratiquer. Et pour ceux qui sont déjà hors de l’île, faites sa promotion ! Et n’hésitez pas à y revenir pour rapporter tout ce que vous avez appris.

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