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Regard sur l’actualité – Allemagne et crise européenne

Publié le 23 décembre 2011

Originaire de Saint-Denis, Isabelle Bruniquet est arrivée en Allemagne en 1989, en pleine chute du Mur de Berlin. Traductrice pour des entreprises comme Elf et Arte, elle est aussi professeur de français dans une grande école privée. La présidente de l’association « Reunion der kulturen » nous livre sa vision des rapports franco-allemands et un aperçu de la vie en Allemagne en temps de crise.

Isabelle Bruniquet

Comment la crise économique est-elle vécue en Allemagne ?

On vit la crise en constatant que tout augmente, surtout les dépenses du quotidien,
du ménage, des transports, etc. Tout le monde est touché ! Pourtant, on dirait parfois que
les Allemands sont "pa la ek sa"... Surtout en cette période de Noël, la surconsommation est de mise. Du point de vue politique, le gouvernement de la chancelière Angela Merkel n’est pas vraiment populaire, mais
les Allemands s’accordent à reconnaître sa capacité à diriger les pourparlers
européens et à rester ferme sur les positions de l’Allemagne.

Quelle est leur perception des institutions européennes ?

Les Allemands se sont habitués à tout ce qui est positif, qu’ils considèrent comme normal, dû. Ils mésestiment les acquis énormes et critiquent davantage les coûts, les lenteurs et les dysfonctionnements de l’appareil européen. Egoïsme et manque de reconnaissance sont parfois de mise !

Comment sont vécus les fréquents sommets entre chefs d’état ?

Dans les médias, on observe avec scepticisme les dirigeants européens se rencontrer
pour sauver l’Europe une énième fois. Le "couple" franco-allemand fait sourire... le
petit Nicolas doit céder à super Angie ! Mais l’amitié franco-allemande tient le coup
pour au moins une raison d’intérêt : la France est le premier partenaire
économique de l’Allemagne (premier acheteur et premier vendeur).

Quelle est la perception de la France et des Français ?

La France, c’est encore la bonne cuisine et une destination où tout est cher ! Le cliché du Français sympathique mais parfois arrogant et ne parlant que sa propre langue persiste. Du côté des jeunes, ils connaissent surtout la culture populaire (David Guetta par exemple).

La Réunion est-elle connue ?

La Réunion n’est pas vraiment connue. C’est déjà bien quand les Allemands savent que l’île se situe dans l’Océan Indien et non aux Antilles ! On entend parler d’elle quand il y a des catastrophes ou des spectacles naturels comme le volcan, mais très peu encore en lien avec ses paysages, ses célébrités ou sa culture !

Comment voyez-vous l’évolution de l’Allemagne dans les prochaines ?

L’Allemagne vieillit et aura besoin de nouvelles énergies. L’immigration est à mon
avis non seulement souhaitable mais indispensable. Le pays s’est beaucoup ouvert ces dernières années et cela devrait continuer. On mise aussi sur le tourisme, tout en regrettant un peu la force du Deutsche Mark. On rejette le nucléaire et on vote Vert, sans que ce parti puisse jouer un rôle primordial en politique. L’avenir n’est pas rose mais les Allemands, s’ils se plaignent souvent, ne sont paradoxalement pas pessimistes !

Article publié dans Le Quotidien du 18 décembre 2011

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