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Hiver difficile pour les Restos du cœur : Une bénévole témoigne à Paris

Publié le 5 février 2012

Employée à l’antenne de Paris de l’IRT, Anne-Laure Payet s’est engagée en 2012 aux Restos du cœur aux côté d’autres étudiants et jeunes actifs réunionnais. A 24 ans, elle témoigne de son engagement et des difficultés rencontrées par les sans abris parisiens, aggravées en période de grand froid.

Anne-Laure Payet

Lire aussi : L’opération Soleil du coeur, des repas créole aux Restos du coeur


Pouvez-vous vous présenter svp ?

J’ai 24 ans et je suis arrivée à Paris
pour mes études supérieures il y a six ans de cela. J’avais deux
passions : la publicité et le tourisme, et je suis venue à Paris pour
me donner les moyens d’en vivre. J’ai obtenu mon
mastère I en communication et marketing en 2010 à Sup de Pub, puis
j’ai finalisé mon parcours par un mastère II Tourisme,
loisirs et marketing des services à l’INSEEC en 2011.
Actuellement, je suis en CDD à l’antenne de
Paris de l’Ile de La Réunion Tourisme.

Vous avez participé à l’opération « Soleil du coeur » à l’initiative de l’antenne de Paris du Conseil Général de la Réunion. Pouvez-vous nous la décrire ?

Conduite pour la première fois en janvier 2012 et amenée à se poursuivre, l’opération "Soleil du cœur" vise à apporter un peu de chaleur à des sans abris résidant sur une péniche à Paris. Gérée par les Restos du cœur, cette péniche héberge temporairement plus d’une soixantaine de personnes. Etudiants et jeunes actifs réunionnais, nous nous rencontrons toutes les deux semaines pour préparer un repas créole. Les groupes changent plus ou moins d’une quinzaine à une
autre, mais en général nous sommes toujours dix par soirée.

Concrètement, quel est votre rôle ?

En amont, le Conseil Général de la Réunion s’occupe d’acheter les ingrédients nécessaires au
menu du jour. Les menus
varient systématiquement chaque quinzaine. Nous arrivons sur la péniche en début
d’après midi, puis chacun se met au travail : éplucher, couper, hacher, cuire... Tout cela se
passe dans une très bonne ambiance et nous échangeons avec gaieté en créole ! En début de soirée et après avoir fait cuire les différents mets, les
bénévoles de la péniche arrivent. Nous commençons alors à dresser les
tables et à garnir les plats. Lorsque l’heure du dîner arrive et que
les personnes hébergées de la péniche passent à table, nous sommes mis
en groupe et chacun est assigné à une tâche : à table avec les
hébergés, au service ou en cuisine. Nous savons que chaque rôle est essentiel à la réussite de la soirée et
nous prenons tous "à coeur" nos tâches.

Une partie de l’équipe des bénévoles réunionnais.

Et ensuite ?

La soirée se déroule jusqu’à la dernière assiette servie. En parallèle, des bénévoles
partent en "maraude" (rencontre de sans abris dans la rue pour leur
apporter de l’aide, du réconfort, mais aussi des repas). Le
rush du service passé, nous nous retrouvons avec les bénévoles
pour dresser un rapide bilan de la soirée. Il est alors
intéressant de constater que chacun a vécu une
expérience totalement différente mais à chaque fois très
enrichissante.

Pourquoi avez-vous décider de vous investir dans les Restos du cœur ?

J’ai eu l’opportunité de participer à une opération similaire à la Réunion. Ma mère, Jacqueline, professeur au lycée Le Verger (Sainte Marie), avait organisé une distribution de repas pour des
sans abris avec la paroisse de Saint Jacques. Ce fut une expérience généreuse, qui m’a donné un premier "goût" de l’entraide. J’aime aider. J’ai toujours voulu m’associer à une bonne cause, et c’est grâce à l’opération « Soleil du coeur » que j’ai pu prendre part à un projet d’une aussi grande générosité.

Quelle est la situation des sans abris à Paris en cet hiver 2012 ?

Difficile... Les températures sont difficilement supportables pour quiconque se trouve dehors, à fortiori en période de grand froid comme ces jours ci ! Nous déplorons le fait qu’il faille attendre que les températures soient négatives pour que les préfectures déclenchent le plan "Grand Froid" (dispositif permettant l’allocation d’hébergements pour aux sans abris). Faut-il vraiment que les températures soient en dessous de 0°C avant de donner la possibilité aux sans abris d’être hébergés au chaud ?

Un repas créole aux Restos du coeur, par les étudiants réunionnais de Paris

Quel est le fond du problème selon vous ?

Il y a un manque d’hébergements à Paris. J’en profite pour souligner que les étudiants et jeunes actifs rencontrent aussi des difficultés à trouver un logement adéquat ; il n’y a pas assez d’offres et les loyers sont très élevés. Il y a aussi la problématique du manque de structures et de personnes compétentes pour aider les sans abris. Avec ce travail sur la péniche, on a pu se rendre compte
que se retrouver à la rue, cela peut arriver à tout le monde ! Il est vraiment important d’aider les personnes dans de telles situations à se redresser.

Pouvez-vous comparer la situation des sans abris en métropole par rapport à la Réunion ?

La principale différence à mon sens est l’isolement et l’anonymat des sans abris en métropole. Ils me semblent plus nombreux et plus visibles dans les grands villes métropolitaines. D’une certaine manière je pense qu’on peut dire que la misère est "moins pénible au soleil", mais la condition même d’un sans abris reste plus ou moins la même où qu’il soit : isolement, manque d’hygiène, santé dégradée... Même s’il ne souffre pas de froid, sa condition reste "inhumaine" et devrait être mieux pris en charge.

Voir le profil de Anne-Laure Payet

Pour participer à l’opération "Soleil du coeur", contacter la délégation parisienne du Conseil Général

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Anne-Laure Payet
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