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Le Piton de la Fournaise au coeur du Parc national de la Réunion

Publié le 9 avril 2012

Montagne de feu... Peu de Parcs nationaux ont le
privilège de compter un volcan en activité
dans leur périmètre. A La Réunion,
le piton de la Fournaise rejoue, chaque
année ou presque, le spectacle du
commencement du monde.

parc national de la Réunion - photo : Hervé Douris
Piton de la Fournaise : l’éruption d’octobre 2010.

Extrait du livre Au coeur du Parc national de la Réunion de Bernard Grollier et Hervé Douris (le lien pour commander en fin d’article) :


Quiconque n’a jamais vu, de ses yeux vu,
une éruption volcanique, ne devrait pas être
autorisé à parler des beautés de la nature !
Le jaillissement de la lave est le spectacle le plus
émouvant que le monde minéral puisse offrir.
La Terre prend soudain vie, palpite, gronde, libère ses
entrailles. Pendant des heures, des jours, le magma en
fusion jaillit vers le ciel, propulsé par une force mystérieuse.

parc national de la Réunion - photo : Hervé Douris
Formation du piton Payenkë, pendant l’éruption d’août 2003.

Il retombe en feu d’artifice, en boulets incandescents, en
fontaines rougeoyantes. La lave trouve le sens de la pente
et s’écoule. Un long fleuve d’enfer trace son lit, le feu
livre alors un combat à mort avec les autres éléments. L’air
refroidit la surface de la coulée, tente de l’encroûter, de la
ramener à l’état solide et à la raison. L’eau qui se trouve
sur son passage se vaporise instantanément au contact
d’un millier de degrés. La végétation s’embrase avant de
disparaître sous l’avalanche pâteuse ou granuleuse qui
dévale la montagne au ralenti.

parc national de la Réunion - photo : Hervé Douris
Piton de la Fournaise : L’éruption d’octobre 2010, sous les étoiles.

Le piton de la Fournaise
fait partie des quelques dizaines de volcans de la planète
qui peuvent offrir cet opéra dantesque. Ils appartiennent
à la famille des volcans « rouges », caractérisés par des
éruptions de basalte en fusion. Elles sont autrement
moins meurtrières que les émanations de gaz toxiques,
les explosions et les dégagements de cendres des volcans
« gris ». Au cours des derniers siècles, leur activité a
présenté peu de dangers pour l’homme... sauf lorsque
des coulées menacent des habitations. La vitesse de
progression de la lave permet heureusement de vider les
lieux à temps.

La Fournaise, bel inconstant, ne sommeille que d’un oeil.
Son activité n’a jamais cessé depuis l’arrivée de l’homme
à La Réunion, au milieu du XVIIe siècle. Mais le rythme
de ses éruptions est irrégulier. Particulièrement agité
pendant les années 1980, le volcan a observé un repos
suspect pendant deux mille deux cents jours, entre 1992
et 1998. Allait-il connaître le destin des puys auvergnats ?
Il rechargeait en fait ses batteries, ou plutôt ses chambres
magmatiques, vastes cavités intermédiaires entre les
profondeurs et la surface. Son réveil, en 1998, a produit
une éruption qui a duré six mois…

parc national de la Réunion - photo : Hervé Douris
Piton de la Fournaise : L’évent principal de l’éruption de 2007, un an après.

Depuis 1800, jamais la lave n’avait jailli en dehors de
l’Enclos protecteur. Mais en 1977, elle a traversé le village
de Piton-Sainte-Rose, sur la côte est, puis la commune de
Saint-Philippe, sur le versant sud du massif, en 1986.
Imprévisible, le piton de la Fournaise a toujours excité
l’imagination. Les premiers habitants de l’île ont mis plus
d’un siècle à approcher cette région excentrée, baptisée
« montagne ardente » ou « pays du Grand Brûlé » sur les
anciennes cartes. Dans la mémoire populaire, il est associé
à l’Enfer. Le Diable y a ses quartiers, des esprits malfaisants
guettent l’importun derrière chaque rocher.

Convergence de toutes les superstitions, le piton de
la Fournaise s’est laissé domestiquer à mesure que la
science expliquait ses mystères. Il est aujourd’hui la star
incontestée du tourisme local, drainant chaque jour un
flot de visiteurs jusqu’au Pas de Bellecombe, porte d’entrée
naturelle de l’Enclos, balcon ouvert sur le sommet. Quand
vient l’éruption tant espérée, tous les records d’affluence
sont battus. De jour comme de nuit – le spectacle d’un feu
d’artifice de lave sous un milliard d’étoiles, dans la froidure
de l’altitude, est le plus magique de tous – les Réunionnais
délaissent alors la douceur tropicale du littoral pour
graver dans leur mémoire ces images de commencement
du monde.

A suivre

Commander : Au coeur du Parc national de la Réunion

Voir aussi les extraits :

Le Grand Vert : la forêt réunionnaise
Les Hauts : au coeur du Parc national de la Réunion
La Réunion : la plus haute des îles de l’océan Indien

parc national de la Réunion - photo : Hervé Douris
Eruption Piton de la Fournaise 2007 : Plusieurs années après, le sous-sol est encore brûlant. Des nuages de vapeur se forment après chaque pluie.
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