Publicité

Elections au Mexique : un étudiant réunionnais témoigne

Publié le 24 juin 2012

Etudiant à Guadalajara, Bruno Furcy est installé dans la deuxième ville du Mexique depuis près d’un an. Alors que des élections primordiales pour l’avenir du pays se déroulent dans une semaine, le jeune Tamponnais témoigne de la passion politique qui anime les Mexicains.

Bruno Furcy
Site de Teotihuacan, proche de Mexico City, prise du sommet de la 3ème plus haute pyramide du monde.

Pouvez-vous vous présenter svp ?

Diplômé de l’EGC Réunion, je suis actuellement étudiant à l’Ecole Supérieure de Commerce de Rennes et en échange depuis septembre 2011 au sein de l’Instituto Tecnológico y de Estudios Superiores de Monterrey (ITESM) à Guadalajara, la deuxième plus grande ville du Mexique. J’étudie ici un "Master in International Business", qui sera un double diplôme en plus de mon diplôme de l’ESC Rennes.

Décrivez nous l’ambiance dans le pays à l’approche des élections.

Depuis plusieurs mois, la campagne bat son plein : débats, manifestations, distributions de tracts à tous les carrefours, et un réel matraquage publicitaire sur tous les supports (affiches, télévisions, radios, cinéma, Internetet). On ne peut pas échapper aux élections ! La population est très concernée, notamment les jeunes qui sont réellement passionnés, ce étonne un peu en tant que Français. La politique est très importante ici, et tout le monde affiche ses couleurs et défend ses convictions.

Vous avez même connu en 2012 un "Printemps mexicain"...

Au cours d’un meeting au sein d’une université en mai 2012, plusieurs étudiants ont montré leur désaccord envers le candidat Enrique Peña Nieto, favori des sondages, qui appartient au PRI (Parti de Révolution Institutionnel) resté au pouvoir durant 70 ans. Ils lui ont demandé de sortir de leur université. Le PRI a ensuite déclaré qu’il ne s’agissait pas d’étudiants mais de personnes payées par les autres partis politiques. S’en est suivie une réaction sur les réseaux sociaux de 131 étudiants ayant participé à cette conférence, montrant leur carte d’étudiants et invitant les autres personnes à devenir le "132ème étudiant". Ce fut le début du mouvement "Yo soy 132" (je suis le 132ème), ce phénomène est devenu un sujet twitter très répandu. Quelques jours plus tard, des manifestations se sont déroulées dans tout le pays avec une présence massive d’étudiants. Et chaque semaine le mouvement se réunit depuis afin de protester contre le candidat et la manipulation des médias. Ce mouvement est parfois appelé "Le Printemps Mexicain" en référence au "Printemps Arabe".

Quels sont les enjeux de ces échéances pour le Mexique ?

Le 1er juillet 2012, ces élections fédérales comprendront trois scrutins : La présidence de la République, l’élection Sénatoriale et l’élection des Députés. Elles se situent dans un contexte où la violence est de plus en plus importante au Mexique, due aux narcotrafiquants. Le Parti d’Action National (PAN), actuellement au pouvoir, a déclaré une guerre aux trafiquants de drogue dès son arrivée au pouvoir, et depuis la violence n’a cessé d’augmenter. Le pays est également concerné par la corruption à tous les niveaux, les inégalités de plus en plus élevées malgrè une croissance économique importante, ainsi qu’un malaise social évident. Sans parler des suspicions de fraude électorale...

Bruno Furcy
Site de Tulum, ancienne cité maya dans la péninsule du Yucatan située sur la côte Caraïbes.

Aimez-vous vivre au Mexique malgré tous ces problèmes ?

Il fait malgré tout bon vivre au Mexique ! La population est bien plus agréable qu’en Europe, plus encline à vous aider lorsque vous en avez besoin, et avec des valeurs de solidarité importante. On y mange bien, il y a des lieux touristiques exceptionnels et le coût de la vie est bas. Enfin, on se sent en sécurité la plupart du temps, grâce à une présence des forces de l’ordre importante. Il faut juste éviter de se rendre dans les quartiers les plus pauvres et les zones les plus dangereuses.

On décrit pourtant le Mexique comme un des pays les plus violents du monde.

Oui, néanmoins cette violence s’exerce surtout entre les différents cartels de narcotrafiquants, et avec les forces de l’ordre. Dans certains états, notamment les états proches de la frontière américaine, le problème est plus important. Des villes tels que Ciudad Juarez, Tijuana ou Monterrey vivent des moments difficiles où la population vit dans la peur ; toute vie nocturne a presque disparu. La corruption est importante et permet à de nombreux cartels d’échapper à la lutte contre le narcotrafic menée par le gouvernement fédéral.

Comment voyez-vous l’évolution du pays dans les prochaines années ?

Ces élections présidentielles peuvent influencer le pays de manière importante. Dans le cas d’une victoire du PRI, je pense que le pays ferait un pas en arrière dans tous les domaines, que ce soit économique, sécuritaire ou même social. Le candidat de gauche, Andre Manuel Lopez Obrador (AMLO) est le plus à même de régler les problèmes sociaux dans le pays et de mener une politique favorisant le développement d’infrastructures, nécessaire au pays. En effet, son travail à Mexico City lorsqu’il en était le maire est reconnu par tous les observateurs comme un énorme progrès pour cette ville. Il faut garder à l’esprit que le Mexique a de nombreux atouts. Selon les rapports de prospective de plusieurs agences, le pays devrait être dans les huit premières puissances mondiales en terme de PIB d’ici 2020 (actuellement 13ème économie).

Quels sont les communs entre le Mexique et la Réunion ?

Le Mexique et la Réunion sont très proches concernant les valeurs telles que la famille et la place des amis, le fait de privilégier une certaine qualité de vie. De plus, l’influence de la religion est très importante dans tous les domaines, ce qui est toujours le cas à la Réunion. L’importance des repas et leur préparation est aussi très marquée, tandis que de nombreux fruits et légumes se retrouvent dans un territoire comme dans l’autre : avocat, mangue, ananas, banane, chouchou, etc. Certains batiments ressemblent aux batiments coloniaux réunionnais, avec des maisons très similaires à celles que l’on peut trouver dans la rue de Paris à Saint Denis. Pour finir, de nombreux Mexicains ressemblent physiquement aux Réunionnais et sont comme eux sont très enclins au "moucatage" !

Article paru dans Le Quotidien du 24 juin 2012


Lire aussi :
Bruno Furcy, étudiant de Master in International Business à l’ITESM au Mexique
- Le profil de Bruno Furcy

Les infos réunionnaises au Mexique

D’autres Regards sur l’actualité

Publicité