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La montée des eaux de l’Amazone - Reportage photo de Yola Minatchy

Publié le 7 juillet 2012

En Amazonie, réchauffement climatique et déforestation forment un cocktail dévastateur pour la nature. Avocate au barreau de Bruxelles, Yola Minatchy exerce dans le domaine du droit international, du droit européen, et des droits de l’Homme. Elle occupe également à titre bénévole, plusieurs fonctions apolitiques dans le monde associatif depuis une quinzaine d’année. Sur la palette des causes qu’elle défend, la préservation de l’environnement a toujours tenu une place centrale. Après l’échec de RIO 2012, voici un exemple concret de dérèglement de la planète : Yola se trouvait en Amazonie lors de l’exceptionnelle montée des eaux de l’Amazone durant ce trimestre.

Reportage photos et interview : Yola Minatchy

(c) Yola Minatchy
l’Amazone sort de son lit en 2012 - Vue d’avion

Parlez nous de l’Amazone, de la montée de ses eaux.

L’Amazone est le fleuve mythique qui serpente l’Amérique du Sud, au coeur du plus riche, du plus vaste écosystème de la Terre. Son seul débit de 209.000 m3/s est le plus élevé de tous les fleuves de la planète réunis. Chaque année, les riverains du fleuve ont coutume de vivre au rythme de ses crues qui ont lieu entre les mois de janvier et mai. Mais cette année, au mois d’avril 2012, pour la première fois de son histoire, le niveau des eaux de l’Amazone a atteint des sommets record en augmentant d’un niveau de deux à quatorze mètres selon les provinces, au Pérou.

(c) Yola Minatchy
Amazone et confluents - Vue du ciel

Qu’est ce que exactement le réchauffement climatique ?

Vaste débat mais rappelons que le réchauffement climatique est une conséquence directe de notre système de consommation et de production. Les émissions humaines de gaz à effet de serre sont causées principalement par la consommation des combustibles fossiles comme le charbon, le pétrole, le gaz, mais aussi par la déforestation, la réduction des surfaces cultivées, etc... Ces gaz, comme le dioxyde de carbone, produits par l’activité humaine sur Terre, se concentrent, s’accumulent dans l’atmosphère, et ils bloquent la remontée nécessaire de la chaleur solaire. La présence de cette chaleur dans la composition atmosphérique et dans les océans reste à l’origine du réchauffement climatique du globe terrestre. Et c’est cette chaleur qui cause nombre de dérèglements dont les montées des eaux.

(c) Yola Minatchy
L’Amazone déborde.

Dans l’hypothèse où l’humanité continue à consommer autant d’énergie et à la produire sur une base de 80% de combustibles fossiles, le phénomène de réchauffement de la planète ne peut que continuer à s’accroître et les dérèglements s’intensifier.
Le changement climatique compte parmi les menaces les plus graves auxquelles la planète est confrontée. Si la Terre se réchauffe à plus de 2° C, les phénomènes météorologiques extrêmes, avec leur cortège de dégâts humains, matériels, économiques seront plus fréquents. Selon les experts de l’O.N.U, si nous ne réagissons pas en masse, cette température pourrait continuer d’augmenter de 1,8° C à 4,0° C voire 6,4°C. Cette température croissante actuellement doit être stabilisée avant 2020.
La problématique de la montée des eaux concerne aussi les îles, les régions à basse altitude. D’où la nécessité de continuer à informer, à sensibiliser sur la consommation et la production durable.

Quelles sont les causes exactes de la montée des eaux de l’Amazone ?

(c) Yola Minatchy
L’eau envahit l’Amazone

De nombreux facteurs ont influé sur la montée des eaux du fleuve Amazone.
La crue est due principalement au réchauffement de l’Océan Pacifique : la température et le niveau des Océans ne cessent de monter progressivement depuis un siècle, et actuellement la fonte des glaces l’accélère.
Par ailleurs, des pluies exceptionnelles dans cette région ont aussi contribué à l’augmentation du débit du fleuve Amazone.
Sans oublier que la déforestation massive de l’Amazonie n’a pas été sans incidence sur cette montée plus rapide des eaux.

(c) Yola Minatchy
Déforestation de l’Amazonie

En pratique, les racines des arbres de l’Amazone constituent un entre maillage solide et exceptionnel dans le sol ; ce système racinaire des arbres participe à un processus complexe qui, pour simplifier, a toujours retenu la descente rapide des eaux du fleuve et des eaux de pluie. Plus on déracine les arbres de la forêt amazonienne plus les inondations seront à prévoir en Amazonie. Sans retenue terrestre, l’eau coule plus vite et plus abondamment. D’où ce débordement du fleuve et de ses confluents. Rappelons aussi à cet égard que 80% de la déforestation de Amazonie, destinée à l’exportation du bois en Occident, s’effectue de manière illégale.

(c) Yola Minatchy
une scierie au bord d’un confluent de l’Amazone : le bois est destiné à l’exportation en Occident

Quelles en ont été les conséquences de cette montée des eaux en Amazonie ?

(c) Yola Minatchy
Cases au bord de l’eau avant la montée des eaux

L’augmentation du niveau du fleuve a eu pour conséquence d’emporter sur son passage nombre de cases construites sur pilotis à même l’eau ou sur les rives des villages amazoniens, causant des milliers de sans abris. 162 378 sinistrés, 71 791 blessés et trois morts ont été répertoriés à ce jour au Pérou, par exemple. La montée des eaux de l’Amazone, c’est un pan de cette société qui se retrouve actuellement en danger, plongeant la population dans une plus grande précarité. En sus des dégâts humains et matériels, toute l’économie de cette région a été de ce fait paralysée.

(c) Yola Minatchy
Village sur l’eau lors de la période de crue en 2009

Que sont devenus les sinistrés ?

Actuellement, les sans abris vivent dans de petites cases en bois des plus rudimentaires, recouvertes de bâches en plastique, placées dans des villes à proximité de l’Amazone. Ceux qui le souhaitent vont être relogés par la commune en ville. D’autres, dont de nombreuses familles de pêcheurs, attendent la décrue afin de reconstruire leurs cases au même endroit, plus en hauteur, ne pouvant imaginer une vie autre qu’au bord du fleuve. La grande inquiétude des sans abris réside dans le fait que nul ne sait si l’année prochaine, à la même période, le niveau de l’eau atteindra les mêmes sommets ou plus.

(c) Yola Minatchy
Case sur la rive submergée par l’eau

Le niveau de l’eau commence à décroître en ce moment et la solidarité s’est organisée dans la région : l’Etat sous l’égide du nouveau président indien Humala Ollanta, les communes, les ONG, la société civile. Si la disparition de l’Amazone n’est certes pas pour demain, en revanche, la montée des eaux, comme la déforestation et le pillage des ressources pétrolières, constituent de grandes menaces pour ces peuples, pour l’Amazonie, mais aussi pour la planète.

(c) Yola Minatchy
Un camp provisoire de relogement des sinistrés : les réfugiés climatiques.

Comment avez-vous manifesté votre solidarité aux sinistrés sur le terrain ?

L’expression de ma solidarité dans un des camps de sinistrés de la province de Maynas a été un micro grain de sable dans ce désert d’urgence : je les informe de leurs droits et j’apporte ma modeste contribution en distribuant en priorité de la nourriture : du pain, du Juane (riz au poulet cuit dans des feuilles de bananes), des biscuits secs, des fruits, de l’eau sur quelques jours. Ce camp ci de refugiés comprend une communauté de 150 personnes répartie sous 38 bâches. J’ai aussi distribué une centaine de cahiers et de stylos aux enfants. Certains m’avaient avoué qu’ils avaient perdu tous leurs cahiers dans la montée des eaux, et qu’ils n’étaient pas en mesure d’en acheter pour aller à l’école.

(c) Yola Minatchy
Yola distribuant de la nourriture

Le soutien à l’éducation des enfants reste ma priorité dans mes micro-actions de solidarité, comme partout ailleurs dans le Sud, c’est bien évidemment leur seule issue afin de se sortir de la pauvreté à terme. Mais j’ajoute que le budget de si petites opérations en soles -monnaie locale- n’est pas plus élevé qu’une somme consacrée par les Européens à quelques restaurants ou tickets de cinéma dans nos villes. Ces actions restent à la portée de la majeure partie d’entre nous lors de nos déplacements vers le Sud. Sans aller aussi loin, nos voisins de quartier en Europe, dans nos îles peuvent aussi se retrouver dans le même besoin. Nous pouvons être solidaires de nos semblables n’importe où sur la Terre.

(c) Yola Minatchy
Distribution de nourriture

Une certaine forme de solidarité, de partage, de rééquilibrage doit peut-être s’organiser en pratique sur la planète. Au delà des impératifs écologiques, il conviendra aussi de nourrir l’humanité qui sera de 9,1 milliards en 2050, et selon les prévisions des institutions internationales, le nombre de personnes vivant dans les bidonvilles dans le monde va doubler.

(c) Yola Minatchy
Les enfants en file pour recevoir cahiers et stylos

On connaissait ici votre travail en faveur de l’éducation des enfants des rues et orphelins. Est-il exact qu’on vous a surnommé "l’avocate des pauvres" en Amérique du Sud depuis 2008 ?

"La abogada de los pobres" oui. C’est leur ressenti à eux. Aujourd’hui, je suis plus devenue pour eux tout simplement "la senorita Yola". Si je ne suis qu’une des nombreuses personnes engagées en faveur de l’égalité des droits et des libertés entre tous les êtres humains. Chacun se sent bien impuissant évidemment en la matière, bien que cela n’empêche pas d’agir à très petite échelle.

(c) Yola Minatchy
Distribution de cahiers et de stylos

Quelles solutions pour le réchauffement planétaire ?

Avons-nous encore le choix des solutions ? La Nature, longtemps malmenée, reprendra toujours ses droits. Certes, du 20 au 22 juin 2012, les chefs d’Etat et de gouvernement se sont réunis à Rio de Janeiro pour une grande conférence sur le développement durable, sous l’égide des Nations Unies. Malgré les bonnes volontés présentes, le sommet international a sonné creux face au bilan et à la difficulté de consommer, de produire durable en masse.

Depuis 1992, les dirigeants de la planète avaient entériné une convention sur le changement climatique laquelle déclarait en son article 2 la nécessité "de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique." Nous sommes loin d’avoir atteint les objectifs fixés dans les textes, et le bilan reste préoccupant. Rappelons que dans l’UE uniquement, les Etats s’étaient engagés à réduire leurs émissions de 20% d’ici 2020. Mais ils n’ont toujours pas décidé d’un objectif contraignant vis à vis des plus grands pollueurs de notre planète. Economiquement, sanctionner les plus puissants reste encore impopulaire. La Justice n’est évidemment pas la même pour tous sur la terre.

Toujours est-il que dans un contexte de crise politique, économique, sociale, écologique, l’humanité aurait peut-être besoin de réinventer de nouveaux modèles post-occidentaux, de sortir des apories de la société de consommation afin d’assurer la pérennité de son avenir ou celui des générations futurs. La solution serait d’élaborer un autre type de société, s’inspirant d’autres modèles, et ce, loin de tout utopisme béat ; c’est une nécessité car le monde ne va pas avoir d’autres alternatives sous peu que de se désoccidentaliser.

En tout état de cause, nous sommes dans une situation biface : l’avenir de notre planète ne repose pas que sur la responsabilité des hommes politiques, des grandes entreprises, des multinationales. Dans notre ère de l’éphémère, soulignons encore la nécessité de la participation citoyenne, l’urgence de se soumettre à des impératifs écologiques également dans notre vie quotidienne, sans toujours compter sur l’Etat providence. L’espoir aujourd’hui se situe au niveau de la démocratie participative, en somme il est entre les mains de la société civile afin de consommer et de produire durablement.

Même s’il semble trop tard à certains experts voire Cassandre pour les antidotes urgents, chaque citoyen peut enrayer la gravité de la tendance, en réduisant son bilan carbone avec de simples éco-gestes.

Par exemple, quel type d’éco-gestes les citoyens doivent-ils adopter ?

Il n’est plus contesté aujourd’hui que le développement durable nécessite un rapide changement de comportements, de mentalités, d’habitudes de tous les citoyens afin de consommer et produire durablement. Mais il est complexe de changer de société, de comportements, de mentalités si rapidement : 2020, c’est demain. Or, le temps nécessaire au changement est incompatible avec l’urgence écologique.

Loin de constituer une liste de leçons, chacun peut continuer à sensibiliser son entourage, à inspirer certaines actions en matière d’économie des ressources planétaires. De petits gestes simples peuvent être adoptés au quotidien : replanter des arbres, économiser l’eau, l’électricité, le gaz, le papier, trier ses déchets, faire son compost, utiliser des produits d’entretien écologiques (notamment ceux qui s’écoulent dans les canalisations, les sols), limiter l’usage de la voiture, ne plus consommer du synthétique, du plastique en faveur de produits en fibre 100% naturelle, etc.

Dans notre ère, il est, en tout état de cause, important de consommer local, équitable, des produits de saisons issus de l’agriculture biologique. L’agriculture biologique, moins polluante que l’agriculture intensive, moins périlleuse que les produits génétiquement modifiés, pourrait avoir une fonction première dans le rééquilibre des sociétés, des économies, des santés. C’est pourquoi, il convient de soutenir les petits producteurs biologiques, aussi à La Réunion. Avec certaines associations, nous avons appelé au boycott des produits non locaux, non issus du commerce durable. Ce sont les citoyens qui en réalité détiennent le pouvoir d’orienter la consommation, puis la production ; ce ne sont pas, par exemple, les multinationales qui sont dans une logique de rentabilité, parfois au détriment de la Terre et de sa population.

Vous travaillez dans différents pays. Cela correspond à un besoin de terrain, de courir le monde ?

On ne peut pas plaider des causes en théorie dans les cénacles européens et internationaux, écrire des articles, des livres, donner des conférences sur les droits humains notamment, et ne pas agir en pratique pour ceux-ci sur le terrain.

(c) Yola Minatchy
Une native dans sa cuisine - Amazonie

Il n’existe aucun mode d’emploi pour le passage de la théorie à la pratique dans notre monde, sans doute est-ce à chacun de tracer la voie qui lui correspond. Mon engagement associatif qui a débuté il y a une quinzaine d’année m’a conduite progressivement à m’impliquer en conscience sur le terrain. Il correspond probablement à un besoin d’aller à rencontre des Autres, d’apprendre des autres cultures mais aussi de servir les plus démunis de la planète, de leur exprimer directement ma solidarité, ma compassion car les nombreux textes de lois votés en faveur des droits de l’Homme, comme par exemple l’accès à l’eau pour tous, arrivent difficilement jusqu’à eux dans leur bidonville en 2012.

(c) Yola Minatchy
Repas typique dans la jungle

Que vous apporte personnellement cette expérience au coeur du poumon de la terre en Amazonie ? Qu’avez-vous appris ?

Hors contexte de ces sinistrés aux abords du fleuve, les indiens d’Amazonie, d’une sagesse incommensurable, m’ont beaucoup enseigné : un autre rapport à la Nature, un autre respect de la Terre mère nourricière, la découverte d’une faune et d’une flore exceptionnelle, les rudiments d’une agriculture de subsistance, sans aucun produit toxique, mais aussi une forme de détachement à la matière. Et aussi à ne pas avoir peur des serpents que l’on croise ici et là !

Quoiqu’il en soit, il s’agit d’un enseignement que je reçois toujours avec beaucoup d’humilité devant l’immensité de leur connaissance de la nature ou face à leur philosophie du "plus d’être du moins d’avoir". On se sent infiniment petit face à ce peuple. Dans la jungle, la simplicité de leur vie me touche, leur sérénité m’interpelle. Le Bonheur Local Brut (B.L.B) semble bien plus élevé que dans nos sociétés d’abondance voire de gaspillage en Occident. Ces séjours en Amazonie depuis 2006 sont devenus mes stages de recentrage vers l’essentiel de la vie.

(c) Yola Minatchy
Yola arrivant dans la jungle amazonienne

Votre conseil aux jeunes Réunionnais, notamment par rapport à votre vécu associatif ?

Vaste débat. Aujourd’hui, nous sommes dans une ère qui nous permet de mener des réflexions sur d’autres sociabilités, d’autres modes de vie, de surcroît face à une orthodoxie économique et financière occidentale désormais à bout de souffle. Je souhaiterais donc par ce témoignage inciter encore plus de jeunes Réunionnais à oser, à anticiper, à créer plus de structures associatives, à se rassembler, à réfléchir ensemble, à persévérer dans leur lutte, à envisager d’autres modes de développement pour notre île.

L’avenir de La Réunion et des départements d’Outre-Mer dans leur ensemble reste des plus incertains face au noeud de la crise qui s’annonce. Selon Bruxelles, la France va rejoindre officiellement sous peu le groupe des pays les plus endettés de l’Europe du Sud. L’Europe devra réduire progressivement, à terme, les budgets alloués aux R.U.P. Il n’y aura jamais d’impasses là où il y a acceptation en conscience de la gravité d’une situation et volonté d’agir : 60% de chômage des jeunes est un taux inédit en Europe, dans le monde, et on ne peut pas accepter la banalisation, la stabilisation de ce taux. La Commission européenne a récemment exhorté les îles françaises à développer leur potentiel dans l’ensemble du secteur maritime lors du récent forum sur les R.U.P à Bruxelles.

Dès lors, en ce sens, il convient également d’encourager les jeunes Réunionnais à étudier, à se former et à innover professionnellement dans ce secteur d’avenir, la mer, en s’appuyant financièrement sur les prêts des organismes, des associations pratiquant le micro-crédit. A mon humble avis, il est essentiel que les jeunes Réunionnais s’affranchissent avec foi et définitivement des peurs, des complexes, des barrières propres aux sociétés coloniales pour se responsabiliser et avancer.

En tout état de cause, nous pouvons construire des liens différents, une entre-aide plus équitable et proportionnée, une solidarité qui fédère l’ensemble de La Réunion, toute ethnie, toute classe sociale confondue. Je rappelle que 60% des jeunes au chômage est un cas de force majeure. Nous ne serons jamais assez nombreux à nous mobiliser dans une logique de complémentarité sans rivalité, afin d’agir vers une forme d’unité nécessaire à un véritable Vivre ensemble dans le respect des droits et des différences de chacun.

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