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Drame d’Échirolles : 4 questions à un Réunionnais de Grenoble

Publié le 7 octobre 2012

Natif de Grand Fond à Saint-Gilles, Frédéric Corré a longtemps travaillé en tant qu’agent de prévention et de sécurité, avant d’être recruté comme surveillant adjoint du Marché de gros de la ville de Grenoble. Il vit depuis quinze ans à quelques minutes d’Échirolles, où ont eu lieu cette semaine les meurtres de Kevin et Sofiane lors d’une expédition punitive d’une rare violence.

Frédéric Corré
J’ai quitté l’île en 1997 avec l’ANT pour suivre une formation d’agent de prévention et de sécurité.

Connaissez-vous le quartier touché par les violences de ces derniers jours ?

Le quartier de la Villeneuve n’a jamais eu bonne réputation depuis que je suis installé ici, toujours en proie à des problèmes d’économie souterraine, trafics de stupéfiants, trafics d’armes, vols, cambriolages... Malheureusement la Villeneuve est stigmatisé au niveau national, alors qu’il y a des gens qui sont propriétaires de leur logement, qui aiment leur quartier, et qui veulent continuer à y vivre. Ce qui se passe ici est très ciblé sur certaines zones mais à cause de la surmédiatisation, rejaillit sur la réputation de l’agglomération grenobloise... Je tiens à dire que Grenoble est une belle ville, très agréable à vivre (surtout en été !).

Quelle est votre explication de ces événements ?

Il s’agit pour moi d’une manifestation de violence gratuite de la part de quelques délinquants sans scrupules vis-à-vis de la population. Ce qui gangrène ce quartier, c’est une toute petite minorité de personnes. Les jeunes sont influencés par quelques caïds. Ils s’identifient aussi à des personnages fictifs vus dans des jeux vidéos ou dans les films. Ils ont beaucoup entendu que se défouler sur des gens et être violent, c’est exprimer leur mal être.

Comment les habitants de Grenoble réagissent-ils autour de vous ?

Ces violences ne les étonnent plus vraiment, car les jeunes d’aujourd’hui n’ont plus du tout de respect envers la société. Il y a quelques années, quand des gamins faisaient une bêtise, ils avaient droit à une bonne fessée. Aujourd’hui, c’est eux qui prennent le téléphone et appellent le numéro vert mis à leur disposition...

Selon vous, quelles sont les différences entre la situation dans les quartiers difficiles en métropole et la situation dans les quartiers difficiles de la Réunion ?

Je trouve que le niveau de violence et plus élevé ici. Dans notre île, quand les gens des quartiers expriment leur colère il y a une raison : une émotion forte dans la communauté, des élus qui promettent des choses qui tardent à venir, une situation économique insupportable... Ici il y a beaucoup de violence gratuite. A la moindre petite braise, tout est prêt à s’enflammer.

Article publié dans Le Quotidien du 7 octobre 2012



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