Regard sur l’actualité : une Réunionnaise aux États-Unis
Installée en Californie depuis quinze ans, Emmanuelle Ichaye y a fondé une famille de trois enfants et atteint le poste d’associée dans un cabinet d’architecture. Elle nous décrit l’ambiance aux États-Unis, à l’approche d’une élection présidentielle 2012 qui passionne les Américains.
Avez-vous suivi les débats présidentiels cette semaine ?
Oui, tous les médias en parlent, critiquent, extrapolent... Ces élections passionnent les Américains ! Les Républicains veulent à tout prix reprendre contrôle de la maison blanche, même si c’est pour mettre en place un candidat qui change d’opinion comme de chemise... Vous l’avez deviné, je ne suis pas fan de Mitt Romney.
Selon vous, quels sont les enjeux de ces élections ?
L’économie a subi un coup dur ces dernières années. La situation n’est pas encore rétablie et le pays est toujours en déficit. Personnellement, je pense qu’Obama a fait ce qu’il a pu étant donné la situation. Il y a encore du travail à faire bien sur, mais beaucoup de gens espéraient un miracle en quatre ans. Moi, je suis partisane de le laisser continuer ce qu’il a commencé.
Dans votre parcours personnel, y-a-t-il eu un « rêve américain » ?
Je suis arrivée ici en tant que jeune fille au pair en 1997. La vie aux États-Unis m’a apporté beaucoup : un enrichissement personnel, des opportunités de carrière, l’accès à une technologie avancée, un bon salaire... J’aime ce pays pour ce qu’il offre en matière d’opportunités, chose que la France n’offre pas vraiment. Il y a quelques années, on m’a proposé de devenir associée dans le cabinet d’architecte qui m’emploie. J’ai accepté.
En tant que Réunionnaise, comment vous sentez-vous aux États-Unis ?
J’assume ma « réunionnité » dans un pays où les rapports ethniques sont très codifiés. D’ailleurs, le fait d’être d’une « ethnicité mixte » a favorisé mon embauche professionnelle, car mon entreprise exploite un marché minoritaire. J’habite la baie de San Francisco en Californie du Nord. La diversité ethnique me rappelle un peu la Réunion.
Quelle est la langue parlée dans votre foyer ?
C’est un vaste sujet que d’élever des enfants dans une maison bilingue, voire trilingue dans mon cas. En effet, mon mari est d’origine nigériane et il parle l’igbo, un des nombreux dialectes du Nigeria. Lui et moi communiquons en anglais et j’essaye de parler français à mes enfants. Mon mari leur parle aussi bien en igbo qu’en anglais. Ajouté à cela que le créole est ma vraie langue maternelle, je me surprends à faire des efforts pour me rappeler les mots les plus élémentaires en français. Tandis que je parle majoritairement anglais à la maison et sur mon lieu de travail, c’est encore le créole me vient tout naturellement.
Article paru dans Le Quotidien du 21 octobre 2012
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