Christian Bègue, 30 ans, directeur de l’Alliance Française de Zacatecas au Mexique

Christian Bègue

Christian, le jour de son mariage avec sa femme mexicaine en 2005 à Zacatecas.

Dans quelles conditions avez-vous quitté l’île ?

"J’ai dû quitter la Réunion quand j’avais 18 ans, pour aller étudier à la Fac de Toulouse - la filière LEA n’était pas encore disponible sur l’île, en septembre 1994. Quitter la Réunion a été vraiment difficile pour moi. J’ai promis à ma famille de retourner y vivre le plus tôt possible, mais pour le moment je n’y suis retourné que pour les vacances. Ce qui me fend le coeur maintenant, mais a fait ma force aussi au niveau professionnel et ouverture d’esprit".

Quel a été votre parcours ?

"J’ai passé mon DEUG en deux ans, dans l’espoir que c’était suffisant pour pouvoir rentrer au pays, mais ma famille m’a fait comprendre que je devais continuer... Je suis allé faire ma Licence LEA à Madrid, après un stage en entreprise à Zaragoza en Espagne qui m’avait beaucoup plu. Après Madrid, j’ai pris goût à la vie à l’étranger, et me sentant mieux à l’étranger qu’en France (où j’ai passé finalement uniquement trois ans pour les études universitaires), j’ai terminé ma maîtrise LEA Commerce International Anglais/Espagnol... et j’ai postulé pour l’Irlande et la Nouvelle Zélande en tant qu’assistant de langue française".

Et ensuite ?

"J’ai été pris en Nouvelle Zélande et j’y suis resté deux ans. Mon expérience dans ce pays a été inoubliable, c’est un pays magique. Les gens sont accueillants, la culture maori et des îles avoisinantes est riche, orientée vers l’équilibre interne de l’homme pour pouvoir équilibrer son milieu. Je me suis senti renaître en Nouvelle Zélande. J’étais sur le point de demander ma résidence, quand le Ministère de la Défense s’est mis en contact avec moi pour que je fasse mon service militaire... "

Que s’est-il passé ?

"J’ai senti une grande tristesse en quittant la Nouvelle Zélande, que j’avais appris à connaître et où mon intégration avec les maoris et samoans avait été vraiment réussie. Après de nombreux appels téléphoniques et maux de têtes, le Ministère des Affaires Étrangères m’a proposé un poste de CSN en tant que directeur de l’Alliance Française de Zatecas, Mexique. J’ai tout de suite accepté. C’était en 2001-2002. Mon contrat a pris fin en mai 2002 et je suis tombé amoureux d’une mexicaine de Zacatecas..."

Christian Bègue

Qu’avez-vous fait ?

"J’ai décidé de suivre mon cœur. J’ai cherché du travail dans le pays et après beaucoup de barrières que j’ai dû franchir, j’ai finalement obtenu un poste d’assesseur pédagogique (promoteur ventes, en fait) chez Larousse Mexique, à Mexico City. Mes efforts pour augmenter les ventes et positionner notre marque dans le pays ont porté leurs fruits et j’ai été promu chef de produit bilingue au département marketing après un an et demi de poste".

Que retirez-vous de cette expérience ?

"Larousse m’a donné et continue à me donner l’expérience professionnelle dont j’avais besoin pour me propulser. Je me suis marié le 2 avril 2005. Pour des raisons de santé de mon épouse, j’ai dû quitter mon poste chez Larousse pour la rejoindre sur Zacatecas vers la fin 2005. Depuis cette date, je suis chercheur - consultant en Commerce et marketing International à l’université Polytechnique de Zacatecas. Depuis deux mois, j’ai accepté de reprendre le poste de Directeur à l’Alliance Française de Zacatecas. Je suis aussi en train de monter ma petite entreprise d’élevage d’escargots pour exportation vers l’Espagne".

Christian Bègue

Comment se passe votre vie au Mexique ?

"Cela fait cinq ans que je n’ai plus remis les pieds ni en France ni à la Réunion. Ma belle famille mexicaine est adorable. La culture mexicaine se rapproche beaucoup de la culture réunionnaise, ce qui m’a beaucoup aidé à affronter les coups de blues des premières années. Les gens ici sont magnifiques, ils ont un coeur en or et une relation profonde avec la nature et l’être humain. Les Mexicains ressemblent aussi physiquement aux gens de la Réunion. Enfin, les plages et paysages exotiques aident à faire passer le blues".

Quels sont vos projets ?

"D’ici deux ans normalement nous serons, ma femme et moi, résidents au Canada. Nous pensons y vivre quelques années, avant d’émigrer vers la Nouvelle Zélande ou la France, puis à nouveau le Mexique. Professionnellement, à chaque changement de pays, c’est un retour en arrière obligé, mais dites-moi, qu’est-ce qui est le plus important ? S’enraciner et s’enfouir dans la routine, notre pire ennemi, ou essayer de comprendre et participer à notre propre évolution en tant qu’habitant de cette planète, aider à l’harmonie entre les peuples, même si nos actions ne représentent qu’un grain de sable ? Mes projets sont en complet accord avec ma personne et toutes les personnes riches intérieurement que je rencontre sur mon chemin".

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Après plusieurs séjours sur différents continents, je ressens une énorme joie d’avoir vécu des moments aussi beaux, mais aussi une énorme tristesse de constater autant d’abus et d’incompréhensions. Nous sommes enfants du monde, ma famille réunionnaise et mexicaine sont tout pour moi, mais le fait d’avoir vu autant de choses depuis que j’ai quitté mon île, m’oblige à prendre part et à être actif pour apporter des changements positifs".

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

"Etre réunionnais signifie venir d’une culture mixte, métisse et naître avec un gros avantage compétitif au niveau langues et ouverture d’esprit. Auprès de mes employeurs et employés cela m’a beaucoup aidé. Les inconvénients n’existent pas, si ce n’est la distance qui me sépare de ma très chère famille, ce qui m’oblige à économiser plus et à demander des congés plus importants !"

Christian Bègue

Une famille de Bras-Panon en vacances au Mexique...

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

"Il y a des Réunionnais qui se mettent en contact avec moi pour venir ici au Mexique. J’essaye de les aider. J’ai reçu quelques stagiaires chez Larousse et j’aimerais pouvoir aider les entrepreneurs réunionnais à s’exporter vers le Mexique".

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Jetez-vous à l’eau ! Les rougails et caris peuvent nous accompagner si on sait les cuisiner nous-même ! La peur de l’échec et du risque nous limite tous les jours. Il faut apprendre à nous connaître pour savoir réellement les habiletés qui peuvent nous conduire vers le haut de l’échelle. Apprenez à aimer ceux qui vous entourent, après avoir appris à aimer votre personne et façon de penser".

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

"C’est un site qui nous permet de faire un avec nos semblables réunionnais et d’être fier de nos origines".

Souhaitez-vous faire passer une offre d’emploi ou de stage sur le site ?

"J’aurais besoin de professeurs ayant maîtrise FLE pour l’année scolaire 2007-2008. Les salaires ne sont pas très élevés mais l’expérience peut être riche".