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50 ans d’amitié franco-allemande : une Réunionnaise de Berlin témoigne

Publié le 3 février 2013

En cette année 2013 de célébration de l’amitié franco-allemande, Isabelle Bruniquet, présidente de l’association « Reunion der kulturen » fait le point sur l’état des relations entre les deux pays et sur quelques sujets de sociétés comme le mariage homosexuel, qui anime aussi les débats outre-rhin.

Isabelle Bruniquet
Isabelle Bruniquet (avec les lunettes), lors du Carnaval des cultures de Berlin en 2012. Originaire de Bellepierre à Saint-Denis, elle est présidente de l’association des Réunionnais d’Allemagne.

Racontez-nous votre arrivée en Allemagne.

C’est en 1989 (avant la chute du mur de Berlin !), par une belle mais froide journée d’automne que j’ai débarqué en Bavière, envoyée par l’Université de la Réunion dans le cadre d’un programme franco-allemand d’échange et de recherche. Installée à Berlin en 1992, j’y suis aujourd’hui professeur de français langue étrangère, tourisme & économie dans une grande école privée.

Quelle est selon vous l’état des relations entre les deux pays ?

Les 50 ans d’amitié franco-allemande et le traité de l’Elysée ont été célébrés à Berlin. Le Président Hollande a fait une visite d’Etat à la chancelière Merkel et ils ont reçu des étudiants des deux pays. Toute la semaine a été ponctuée de rencontres, de festivités, de concerts, d’échanges, surtout à Berlin. Pour le couple politique "Merkhollande" l’amitié est un peu forcée. Disons que c’est un vieux couple qui fête ses noces d’or mais qui ne voit plus la vie en rose...

Quels sont les sujets actuels de tension ?

La question de l’aide militaire pour le Mali a jeté par exemple un froid entre les deux pays. L’Allemagne ne souhaite pas s’engager dans un conflit militaire et a apporté une aide logistique minime à la France. Mais l’amitié franco-allemande tient le coup pour au moins une raison d’intérêt : la France est le premier partenaire économique de l’Allemagne (premier acheteur et premier vendeur).

Isabelle Bruniquet
Festival le l’association Reunion der Kulturen & Kréol Koneksyon 2012

Est ce que l’on parle dans les médias allemands du débat sur le mariage gay qui secoue actuellement la société française ?

Oui, le débat existe ici aussi. Depuis 2001, l’Allemagne a voté l’équivalent du PACS pour les couples homosexuels qui ont ainsi un statut fiscal plus avantageux. Par contre, le mariage (civil ou religieux) n’est pas permis et il n’est pas question d’adoption ni de procréation assistée. Les homosexuels ont une fière figure de proue en la personne du Maire-Président du Land de Berlin, Klaus Wowereit qui a lancé publiquement dans son discours de prise de fonction : "je suis gay et c’est bien comme ça !". Depuis, d’autres hommes et femmes politiques ne cachent plus leurs relations homosexuelles. Il faut tout de même dire que des régions comme Berlin sont plus ouvertes et tolérantes que d’autres comme la Bavière, très catholiques. Le statut fédéral de l’Allemagne fait qu’il y a des différences dans chaque Land.

Fait-il bon vivre en ce moment en Allemagne ?

Vu de France, l’Allemagne va bien économiquement, donc il fait bon y vivre. La réalité est moins réjouissante. C’est la crise ici aussi. L’Allemagne bat tous les records en exportation mais les prix à la consommation augmentent et presque toutes les catégories sociales perdent du pouvoir d’achat. Ici, c’est la semaine de 40H, pas de RTT, la retraite à 67 ans, des salaires parfois plus bas qu’en France et pas de seuil minimum ! L’Allemagne vieillit et le fossé social se double d’un fossé de génération.

Qu’est ce qui en tant que Réunionnaise vous paraît proche et au contraire éloigné ?

Je peux dire sans exagérer que tout est éloigné : le climat, les conditions et le niveau de vie et de travail, la langue, la cuisine, la culture, l’esprit de famille, la convivialité... ce n’est pas forcément négatif mais en tant que Créole, on vit un choc culturel permanent. Moi, j’ai appris à connaitre les Allemands et à les estimer sur certains points mais La Réunion - avec tout ce qu’elle représente - me manque toujours autant !

Article paru dans Le Quotidien du 3 février 2013


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