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Projection débat sur les enfants de la Creuse à Paris

Publié le 2 mars 2013

Dans le cadre de la commémoration du cinquantenaire de la déportation
des enfants réunionnais vers la France hexagonale, l’association Kabar organise le 29 mars 2013 au Moulin de Paris (8 rue Sainte Léonie 75014) une soirée-discussion avec projection du film "Arrachée à son ile", relatant la douloureuse enfance de Marie-Thérèse Gasp,
enfant de la Creuse. Cette rencontre associative permettra de s’ exprimer sur un scandale oublié de la 5ème république. Le débat sera rapporté à la commémoration du 10 mai prochain, à l’ile de la Réunion.

Projection débat sur les enfants de la Creuse à Paris

Moulin à Café, 8 rue Sainte Léonie 75014 Paris. Métro : ligne 4 et ligne 13.

Entrée libre. Possibilité de restauration créole (repas à 5 euros).
Réservations de repas conseillées à contact@moulin-café.org ou au
01 40 44 87 55 ou [email protected].

Site : noutkabar.fr

Rencontre associative dans le cadre de la commémoration du cinquantenaire de la déportation des enfants réunionnais

19 heures : possibilité de restauration créole (repas 5 euros)

19 h45 : Projection du film "Arrachée à son ile" réalisé par Patrice Dutertre

SYNOPSIS - Marie Thérèse est née à Stella sur l’île de la
Réunion. A six semaines elle est confiée à la pouponnière
« la Providence » de Saint-Denis., en 1966, elle est
pupille de l’Etat et par une décision de la DDASS de la
Réunion elle est transférée à la maison d’accueil de
Guéret dans la Creuse dans laquelle d’autres enfants
réunionnais sont déjà pensionnaires. En 2002 Marie-
Thérèse mène une enquête sur les vraies raisons de ce
transfert. A la Réunion, sa mère biologique s’explique.

Ensuite présentation du film par le réalisateur puis débat avec plusieurs invités.

Présence notamment de :
- Jean Marc Savoye, Editeur
- Jean-Bernard Pervedy, ex-pupille déporté
- Daoud Emmanuel, Avocat associé
- Bruno Arbesou, Photographe (sous réserve)
- Marie-Thérèse Gasp, ex-pupille déportée auteure de "Arrachée à son ile"
- autres ex-pupilles réunionnais venus par le Bumidom (sous réserve)
- Sophie Lerendu, Rapporteure.

Nous vous attendons nombreux à cette occasion.

Infos et renseignements : 06 44 84 65 87 ou 06 92 94 14 59.

Un scandale oublié...

De 1963 à 1982, 1630 enfants réunionnais immatriculés par la DDASS furent déplacés en France, sous l’ autorité de Michel Debré, Député à l’ époque de notre ile, dans le but de repeupler les départements marqués par l’ exode rural, tels que la Creuse, le Tarn, le Gers, la Lozère, les Pyrénées orientales...
Une promotion sociale pour certains, un esclavage rural pour beaucoup...

Le programme instauré par Michel Debré afin de contribuer au repeuplement des campagnes désertées a été organisé en échanges de nombreuses promesses d’ avenir meilleur faites aux familles, qui a depuis fait scandale, et a été porté par le BUMIDOM (BUreau pour le développement des MIgrations des Départements d’ Outre-Mer) et le CNARM (Comité National d’ Accueil et d’ Action pour les Réunionnais en Mobilité).

Les enfants réunionnais déplacés dans les diverses régions sous-peuplées étaient accueillis à leur arrivée dans un foyer à Guéret. Ensuite, ils étaient envoyés chez des familles d’ accueil, des agriculteurs ou des artisans...

Une nouvelle vie s’ imposait à eux...

Ile de la Réunion. 1961 : l’île a une démographie galopante et une économie qui
n’a pas pu être rééquilibrée depuis la fin de la guerre 1940 -1945. Un comité interministériel
adopte le principe d’une politique de migration placée sous le signe de
la promotion sociale.

En France 1963 : Un bureau d’Etat (BUMIDOM) se met en place pour favoriser la
migration vers la France des volontaires réunionnais et an8llais Ce bureau est créé
par Michel Debré, député de l’île, élu aux législa8ves de la même année. Les statuts
sont publiés au Journal officiel le 7 juin de la même année. Le BUMIDOM
s’installe pour un premier temps, rue du Faubourg Saint-Honoré dans un appartement
de six pièces dont la salle de bain sera transformée en accueil.
Parallèlement, un transfert d’enfants réunionnais, pupilles de l’Etat, s’opère et
seront affectés dans une dizaine de départements métropolitains.

2001 en France : Jean-Jacques Martial, ex-pupille transféré en 1966 à la maison
d’accueil de Guéret dans la Creuse porte plainte contre l’Etat. Des ex-pupilles réunionnais
transférés dans différents départements métropolitains portent plainte à
leur tour. Mais la décision du Conseil d’Etat rejette les pourvois en cassa8on des
« enfants réunionnais de la Creuse » (voir la loi n°68-1250 du 31 décembre 1968). Est-ce
une politique de migration ou une politique de mise en esclavage ? . La migration
actuelle des réunionnais se fait dans d’autres conditions et le transfert de 1963 à
1982 des enfants réunionnais ex-pupilles de l’Etat reste dans l’oubli.

Saint-Denis de la Réunion le 10 mai 2013 : Sera célébrée la commémoration du
cinquantenaire de « la déportation » des enfants réunionnais vers la métropole

Laius de Laurence DETRUIR-BHIKI

1630 enfants.
1630 enfants comme les deux prunelles de mes yeux agées de 9 et 7 ans.

1630 enfants privés du jour au lendemain de l’ affection familiale,
de l’ attache d’ une terre natale.

Une déportation d’ enfants à partir de mon ile vers la France héxagonale.

Un aller sans retour.
Un voyage imposé au nom d’ une "idéologie" politique de la Mère Patrie.

A l’ heure où mon retour sur la Terre où j’ ai vu le jour s’ est enfin concrétisé
après tant d’ espérances, je suis souvent en réfléxion sur cette page de notre
histoire régionale qui tombe dans les oubliettes de l’ opinion publique réunionnaise.

La rencontre avec Marie-Thérèse Gasp a été un moment fort dans ma vie associative.
Je voyais devant moi une personne qui avait subit ce transfert forcé !
Des écrits, des articles de presse,
je passais à la réalité d’ une femme plein de courage et de persévérance.

Une douloureuse histoire pour 1630 "marmailles" qui ne me rend insensible
en tant que mère, femme et militante associative.

Relayer en détail l’ exposé historique de cette déportation, je le laisse aux spécialistes.
Je souhaite communiquer juste mon ressenti à ce sujet.

Des questions surgissent, fussent et resurgissent...

Comment se raisonner en pensant que le Pays des Droits de l’ Homme
a organisé une déportation d’ êtres innocents ?

Séparer des enfants d’ une famille, d’ un cocon originel, me parait cruel et inenvisageable ?
Pourquoi un représentant de l’ Etat de la V° République a pu faire valoir ce droit ?
Les raisons évoquées n’ ont pas de portée humaine, selon moi.

Enfin, pourquoi une grande partie de la société réunionnaise a cautionné avec passivité ce
tragique épisode au cours de tant d’ années ?

Il me parait légitime à ce jour de soutenir ensemble, à l’ile de la Réunion et en France héxagonale,
cette quête vivace de reconnaissance de ces adultes chahutés par la vie !

De manifester notre soutien notamment au cours de cette année commémorative du cinquentenaire
de la déportation des enfants réunionnais en France.
De panser, quelque peu, ces profondes blessures évitables des enfants du Pays.

L’ association Kabar organise ainsi une rencontre-associative sur ce scandale oublié,
le vendredi 29 mars prochain au Moulin à Café dès 19 heures. Un moment fort de cette
initiative sera la projection du film "Arrachée à mon ile" de Patrice Dutertre relatant
la difficile enfance de Marie-Thérèse Gasp, Vice-Présidente de l’ association.

Une seconde manifestation est en cours de préparation, est prévue au mois de septembre 2013.

Si nous restons dans le silence face à cette sournoise déportation,
nous sommes (in)consciemment complices de cette incroyable dérive politique.

Liberté, Egalité, Fraternité !
De nombreux enfants étaient loin de cet idéal, de 1963 à 1982 !

Laurence DETRUIR-BHIKI


Plus d’informations sur les enfants de la Creuse

Lire aussi :
Marie-Thérèse Gasp, ex enfant de la Creuse
Petite histoire des enfants réunionnais déplacés en métropole
Le Cercle des Amitiés Créoles de la Creuse
- Lire le témoignage d’enfants de la Creuse (interviews Réunionnais du monde)

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