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Thierry Morel, capitaine de navire de pêche en Amérique du Nord

Après avoir été le plus jeune capitaine de « La Curieuse » dans les Terres australes et antarctiques françaises, Thierry vit aujourd’hui en Amérique du Nord où il est formateur en technique de pêche et de navigation. « A 26 ans, j’ai dû souvent jouer des épaules pour m’imposer dans ce milieu où les Bretons sont rois. »

Thierry Morel, capitaine de navire de pêche en Amérique du Nord
Journée de travail auprès des manchots, phoques, otaries...

Racontez-nous votre parcours.

Originaire de Saint Joseph (et de Saint Philippe où j’ai vécu), j’ai fait mes études dans la marine en métropole. Je suis rentré à la Réunion pour travailler sur les bateaux de pêche à l’age de 17 ans. A 20 ans, je suis devenu second capitaine puis capitaine pour la première fois à 21 ans, devenant au passage le plus jeune capitaine en activité à la Réunion.

Et ensuite ?

J’ai continué cette activité jusqu’à mai 2012, date à laquelle j’ai été contacté par le navire de recherche scientifique "La Curieuse", propriété des TAAF (Terres australes et antarctiques françaises) par le biais de l’école d’apprentissage maritime de La Réunion. J’ai effectué à bord de ce navire diverses missions de recherche scientifique, archéologique, ou logistique pour plusieurs organismes en tant que capitaine. Nous avons ensuite effectué une mission scientifique et logistique dans les TAAF, à Kerguelen et Crozet durant l’été 2012/2013. J’ai quitté ce poste en mai 2013.

Qu’avez-vous fait ?

J’avais un poste qui me plaisait beaucoup à la Réunion, mais j’ai fait ce choix par soif de découverte. Direction l’Amérique du nord où je partage mon temps entre le Canada, Saint Pierre et Miquelon et Terre Neuve, dans un poste de formateur en technique de pêche et de navigation. Je vis aujourd’hui dans une région relativement fraîche même en été, mais avec des paysages et une faune impressionnante : ours, élan, renard, aigle, castor, orque, baleine s’y côtoient. Les gens sont très accueillants et sympathiques, ce qui a grandement facilité mon adaptation.

Quels sont vos projets ?

Mon métier m’a permis jusqu’à aujourd’hui de voyager dans de nombreux pays : Chine, Madagascar, France, Singapour, Terres Australes et Antarctiques, etc. Je profite de ce métier extraordinaire pour découvrir d’autres horizons, d’autres cultures... Je souhaite intégrer l’école supérieure de la marine marchande en fin d’année pour suivre une formation de chef de quart illimité. Ce diplôme me permettrait d’être officier sur tout type de navire, quelle que soit sa taille, ou de me tourner vers l’industrie du luxe en passant un diplôme de capitaine de yacht 3000 UMS. J’ai également l’opportunité de rester en Amérique plus longtemps si je m’y plais.

Thierry Morel, capitaine de navire de pêche en Amérique du Nord

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

Le voyage me permet de voir d’autres façons de vivre, d’autres cultures. C’est une expérience professionnelle très enrichissante et bien que travaillant avec une équipe francophone, je pratique l’anglais de manière quotidienne.

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Dans mon domaine, il n’est pas aisé de s’imposer, j’ai dû parfois jouer des épaules pour ne pas me faire écraser, dans ce milieu où les Bretons sont "rois". Avec le temps et l’expérience, j’ai pu me faire une place, être crédible et respecté auprès d’eux, mais la route fut longue et parsemée d’embûches... Ici, le fait d’être Réunionnais et de venir des îles m’a permis d’être beaucoup mieux intégré que certains collègues venant de métropole par exemple.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

La famille, les ami(e)s, les bons petits plats, la musique, le soleil... Mon île quoi ! J’ai pu rencontrer ici deux autres Réunionnais qui vivent dans la région. J’ai aussi présenté un ex-collègue à mes supérieurs. Son CV a été retenu et il intégrera notre équipe fin juillet !

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

De ne pas hésiter à quitter son île, sa famille et ses amis pour se former et gagner en maturité, ce qui permettra de revenir un jour plus fort et aguerri. Et surtout, de ne pas lâcher prise aux premiers coups durs, nombreux lors de la période d’adaptation et lors des coups de blues passagers par la suite.

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

J’adore le concept du site. Il nous permet de nous rendre compte qu’on n’est pas seul originaire de ce petit caillou dans l’océan indien à être exilé loin de nos terres.

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