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Regard sur l’actualité : Audrey Bazin en Allemagne

Publié le 29 septembre 2013

Originaire de Saint-Pierre, Audrey Bazin est professeur de français à Cologne depuis trois ans, où elle a suivi son petit ami allemand. Elle revient sur les élections de la semaine dernière qui ont confirmé Angela Merkel à la tête du pays.

Audrey Bazin

Les dernières élections ont-elles passionné les Allemands  ?

Je ne sais pas si le mot "passionner" est adéquat. Ce qui est sûr, c’est que les élections sont prises très au sérieux ici. Les personnes que je côtoie se sentent concernées par l’avenir de leur pays et ont été voter. Les préoccupations des Allemands ne me paraissent pas différentes de celles de leurs voisins européens. Même s’il est moins élevé qu’ailleurs, le chômage inquiète aussi ici. Les Allemands sont touchés par la crise, ils espèrent le maintien ou une amélioration de leur qualité de vie.

Que va-t-il se passer maintenant ?

On ne peut pas encore le savoir. La CDU, le parti d’Angela Merkel, est en position de force et doit choisir avec quel parti elle collaborera pendant toute la durée de son mandat. Il s’agira sûrement des verts ou des socialistes. Chaque parti tente d’imposer ses conditions. On doit donc attendre encore quelques semaines avant de savoir de quelles couleurs définitives sera le parlement allemand.

Selon vous, pourquoi les résultats économiques de l’Allemagne sont-ils meilleurs que ceux de la France ?

Je ne suis pas économiste mais à en croire les personnes ici, l’Allemagne devrait son succès aux réformes strictes mais efficaces de Gehrard Schröder, qui lui ont valu une mauvaise réputation à l’époque mais dont l’Allemagne récolte aujourd’hui les fruits. Je pense aussi que les entreprises allemandes ont des atouts majeurs : la qualité du travail fourni, la flexibilité et la solidarité entre les travailleurs.

Voyez-vous d’autres différences avec notre pays ?

Ce sont deux états d’esprit totalement opposés ! J’ai l’impression que les Allemands planifient plus et ont tendance à penser sur le long terme, tandis que les Français vivent plutôt l’instant présent. La culture française, plus diverse et plus multiple, nous éloigne aussi des Allemands.

Y-a-t-il un « côté obscur » du modèle allemand ?

Il ne faut pas se leurrer, la précarité existe partout, même en Allemagne. Il n’existe pas de salaire minimum ici, c’est d’ailleurs ce que les politiques souhaitent mettre en place par catégories professionnelles. Il y a aussi énormément de personnes qui travaillent à temps partiel et ont très peu de revenus. Ceux-là ne sont pas comptées parmi les chômeurs... Alors c’est sûr, il y a moins de freins à l’embauche des salariés, mais à quel prix pour ceux-ci ?

En tant que Réunionnaise, comprenez-vous cette société allemande ?

Je la comprends et je l’admire sous certains aspects : son sérieux, son goût pour les choses bien faites, sa solidarité. Mais j’ai parfois l’impression d’être à des années lumière d’elle. Les Réunionnais sont ouverts, accueillants et souriants, je pense que c’est ce qui nous distingue vraiment.

Quels types de liens gardez vous avec la Réunion ?

Ils sont très forts. Plus de dix mois hors de La Réunion me semblent être une éternité. Je rentre sur l’île une ou deux fois par an, quand je peux. Je suis constamment en contact avec ma famille et mes amis. Même si j’aime la vie en Europe, je reviendrai m’installer à La Réunion, c’est sûr.

Article paru dans Le Quotidien du 29 septembre 2013


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