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Reporter Réunionnais du Monde : En direct du conflit social en Guyane

Publié le 1er décembre 2008

Installée depuis 10 ans à Cayenne, Gretta nous décrit la grève et le blocus prolongé en Guyane. « A ce stade du conflit, nous avons un sentiment d’insécurité. Les nuits sont très mouvementées : casses, pillages, incendies de véhicules... ». Au 1er décembre 2008, Gretta livre également des éléments de comparaison avec la situation du prix du carburant à La Réunion.

Gretta Auguste

Pouvez-vous vous présenter svp ?

Je m’appelle Gretta Auguste. J’ai 38 ans et je suis fonctionnaire réunionnaise à la Poste de Guyane. Je suis arrivée ici il y a environ 10 ans, en vacances dans un premier temps puis revenue suite à une offre d’emploi une semaine plus tard. C’est là que j’ai rencontré mon conjoint !

Pouvez-vous nous expliquer la situation sur place ?

La Guyane réclame depuis plusieurs semaines une baisse de 0.50 c. sur le prix du litre de carburant. Lundi dernier, une délégation de consommateurs a décidé de bloquer les principaux axes routiers. Il faut savoir qu’en Guyane, la distance moyenne entre chaque commune est au minimum de 30 km !

Quelle est la conséquence de ce blocus ?

L’aéroport et la zone portuaire sont fermés. Aucun avion n’atterrit. Chaque ville est isolée. C’est l’isolement total car les stations services ainsi que les élus locaux se sont joints au mouvement. Il n’y a plus de carburant, donc plus de moyen d’aller au travail. Les commerçants ont fini par rejoindre le mouvement et on assiste à une ruée vers les Chinois (les boutiques). Les denrées de première nécessité disparaissent.

Où en sommes nous des négociations ?

Au moment où je vous écris [dimanche soir], l’Etat a accepté de baisser de 0.10 c. le litre et d’accorder une subvention de 5 millions d’euros à la région. La compagnie pétrolière propose une baisse de 0.30 c. et demande aux institutions locales de faire un effort pour les 0.10 c. restants. C’est pour l’instant le refus. Le mouvement ne faiblit pas et les Antilles menacent de se mettre également en grève.

Que ressentez-vous à titre personnel ?

A ce stade, nous avons un sentiment d’insécurité. Les nuits sont très mouvementées : casses, pillages, vols, incendies de véhicules...

Comment expliquez-vous l’ampleur pris par le mouvement ?

La vie est chère en Guyane et une voiture n’est pas du luxe vu les distances entre les villes. Le carburant est donc vital, d’où ce combat pour une baisse des prix. La Guyane est le département où le prix du carburant est le plus élevé, mais aussi où les distances sont les plus longues. Par exemple, il y a 250 km entre Cayenne et Saint Laurent du Maroni. L’information circule ici que La Réunion a eu gain de cause il y a quelques semaines dans une situation similaire. Pourquoi pas les Guyanais ?

En direct de Guyane, par Gretta Auguste

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