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Philippe Lougnon, 60 ans, retraité de banque d’entreprises à Paris

Publié le 19 janvier 2009

Originaire de Saint Paul, fils de l’historien bien connu de l’île Bourbon Albert Lougnon, Philippe quitte la Réunion en 1968 pour compléter sa formation universitaire. Après une carrière dans la banque d’entreprises à l’international, il est aujourd’hui à la retraite. Il a été successivement affecté à Londres, Paris, le Caire, Djeddah, le Maroc et Paris à nouveau, où il a terminé sa carrière.

Philippe Lougnon

Philippe Lougnon est l’auteur de l’article « Mobilité, formation et discrimination positive » en rubrique Reportages.

Pouvez-vous vous présenter svp ?

Je suis né à la Réunion au sein d’une ancienne famille créole blanche de Saint Paul. Mon père était le proviseur du lycée Leconte de Lisle et l’historien bien connu de l’île Bourbon. J’ai 60 ans et dispose d’une maîtrise de sciences économiques obtenue à Paris. Je suis maintenant retraité après avoir fait carrière dans la banque d’entreprises à l’international. Je suis marié à une métropolitaine et j’ai trois enfants, dont l’aîné est lui aussi né à la Réunion.

Racontez-nous votre parcours.

C’est en 1968 que j’ai quitté l’île pour compléter ma formation universitaire et acquérir une solide expérience professionnelle. J’ai été successivement affecté à Londres, Paris, le Caire, Djeddah, le Maroc et Paris à nouveau, où j’ai terminé ma carrière. La mobilité m’a apporté une immense ouverture d’esprit, la satisfaction d’une grande curiosité et une certaine relativisation des problèmes rencontrés.

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Le fait d’être originaire de la Réunion n’a été ni un handicap ni un avantage. Cela n’a fait qu’éveiller une certaine curiosité chez mes interlocuteurs. Mais il faut reconnaître que ce n’est pas toujours le cas...

Qu’est-ce qui vous manque le plus de la Réunion ?

La familiarité avec les paysages, la facilité des contacts humains et une certaine « complicité » sociale avec les autres… J’ai perdu beaucoup de mes relations avec la Réunion du fait de mes nombreux déplacements, mais je n’ai jamais oublié mon pays natal et ses caractéristiques.

Aujourd’hui quels sont vos projets ?

Je voudrais aider à une meilleure organisation de la Mobilité à la Réunion, qu’il s’agisse de celle des étudiants ou des travailleurs et j’estime que l’on devrait mieux les entourer et mieux les accompagner dans cette phase essentielle de leur vie.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

Le taux de chômage de 30% me semble inexcusable pour les responsables politiques. La formation des Réunionnais et la Mobilité doivent être leur préoccupation de tous les instants, toutes sensibilités politiques confondues et les électeurs réunionnais doivent le leur faire comprendre.

Et sur la situation des Réunionnais en métropole ?

Je souffre particulièrement de l’image sous évaluée des Réunionnais véhiculée souvent par les medias ici, où ils sont facilement assimilés à des Antillais, c’est-à-dire à des gens assez différents ou à des travailleurs immigrés, quand ce n’est pas carrément à des analphabètes… (Une émission récente de France Culture sur la Réunion constitue un summum à cet égard avec grands renforts de maloya). Une vaste campagne de promotion des Réunionnais est absolument nécessaire pour faire évoluer cette situation et aider à leur intégration au monde moderne !

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

En Métropole, la vie est sans cordialité particulière à moins que vous ne fassiez partie d’un groupe spécifique. Malheureusement les Réunionnais sont très dispersés et sont ainsi confrontés à l’anonymat et à l’individualisme de la société, ce qui est franchement regrettable.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Je leur conseillerais de se familiariser le plus tôt possible avec l’idée de quitter la Réunion au moins temporairement pour enrichir leur formation et élargir leur horizon. De ne pas partir seul ou sans préparation suffisante. De ne pas considérer sa mobilité comme un exil. De choisir une voie porteuse, de ne pas hésiter à se reconvertir en cas de problème au lieu de s’obstiner. De saisir toutes les opportunités de se familiariser le plus tôt possible avec la vie en entreprise (stages, intérim, CDD, etc.).

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

Je souhaite à « réunionnaisdumonde » de devenir LE media de communication entre les Réunionnais partis, entre les Réunionnais partis et ceux qui veulent s’adresser à eux et entre les Réunionnais partis et ceux qui sont au pays. Un vaste programme et un programme sacré…

Lire l’article « Mobilité, formation et discrimination positive à la Réunion »

Voir le profil de Philippe Lougon

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