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Freddy Duriès expose à Marseille

Publié le 18 septembre 2013

Exposition du jeune artiste peintre réunionnais Freddy Duries à Marseille jusqu’au 19 octobre 2013 à Substantia Art Gallery,
23bis quai de la Joliette 13002 Marseille. Mardi au samedi de 14h à 19h. Arrêt Joliette sur tramway et métro L2.

Freddy Duriès expose à Marseille

Soft-focus et stratos-faire

On se confronte à une peinture qui se passe de mots. On la regarde en silence. Ce qui arrive est un va-et-vient de vocabulaire qui apparaît en désordre lorsque l’on fait face : vortex, percepts, fluides, membranes, tourbillons, turbulences, résurgences, émergences, interfaces, fusions, dissolutions, nébuleux, « space », effets optiques, « une présence », romantiques, automatisme, lignes de confusion, résonances, « flou artistique », passing through over into across away, désincarnation, révélation, pictorialisme, hybrides, concrétions provisoires, plis versatiles, mouvances, fulgurer, surréflexion, transports, maelström, « ressemblance informe », spires foetales, sans dessus-dessous, bizarre, émanations, ambivalence, queue de comètes « Flurry »... autant d’invitations à percer l’énigme de ces surfaces plasmiques. La toile, ou le support en général pour le peintre, offre bien des façons de reflets, d’attractions ou de résistances. Mais comment reconnaître la provenance de signes ?

Comment dire s’ils proviennent d’un dedans ou d’un dehors ? Les tableaux de Freddy Duriès peuvent être qualifiés de « réflexifs » tant au niveau du contenu mental ou abstrait qu’au niveau de la lumière qui nous fixe tout en donnant corps à la peinture. Il cherche à saisir et à produire un état précis, un effet de réflexion immatériel en s’appuyant sur le regard, la perception et le passage du sujet visible à l’objet visuel. Le clair-obscur joue une fonction artistique opposant l’intérieur et l’extérieur, l’intangible et le matériel. Cela permet également d’augmenter la tension permanente de la forme vers l’informe , de figer les attitudes à un moment précis, de mettre en volume les formes et donner l’illusion du relief et de profondeur « à l’intérieur de la surface ». La manière picturale de Freddy Duriès ne trace pas de ligne de partage entre la lumière et l’ombre.Pas de traces de pinceau, de coulures babouillées, de taches manifestes, de « pâtouilles » expressives, de matières brutes, au profit d’un immatériel flottant. On se situe de fait dans la vision et non dans l’empreinte ou les gestes du travail de la « peinture peinture ».

Un état d’absence à soi autant qu’une échappée hors de l’humain . La lumière et l’ombre effleurent les figures, modèlent les choses, débordent les cadres. Elles contribuent à la stabilité équilibrée de l’ensemble tout en animant la surface . Les Tissulaires sont des allégories de la peinture, un piège à lumière où le visible s’épuise dans la peinture. L’artiste économise à l’extrême les moyens de représentation et ainsi renforce l’impact visuel pour faire remonter à la surface une foule de sensations. Il multiplie les formes aux limites de l’informe. Il départicularise l’univers peint, une figuration à la surface-d’elle-même, pour obtenir une « abstraction sensible » La surface est un milieu d’échange. Peut-être que dans la peinture de Freddy Duriès, tout est reflet, un reflet où la figure se contemple, où elle résonne, autant qu’elle en est rejetée L’expérience est toujours la même, celle d’une sorte d’abstraction fonctionnelle, celle de la figure qui rassemble les formes sur une surface d’action concentrée ou all-over, celle d’une attention ornementale particulière à ce qu’on appelait la Beauté et un regard déplacé sur le Sublime. L’univers formel et perceptuel de Freddy Duriès oscillent par un jeu d’échanges fluides ou dialectiques entre l’apparence et l’apparition, entre l’effet volatil d’une explosion maîtrisée et la sensation comme acte commun du sentant et du ressenti. La continuité de l’image dans la peinture et la continuité de la peinture dans l’image entrent en résonance pour ouvrir un espace des possibles, permettre la genèse de toutes les formes, nourrir toutes les visions idiomatiques, et penser que l’incertain et l’improbable restent encore à peindre.

Luc Jeand’heur, écrivain-plasticien-enseignant à ESADMM (Ecole Supérieure d’Arts et de Design Marseille-Médietrranée)

Substantia Art Gallery
23bis quai de la Joliette 13002 Marseille

Note : Le quai de la Joliette porte aussi le nom du boulevard du Littoral

Mardi au samedi de 14h à 19h

artistpeint.wix.com/freddyduries

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