Publicité

Rubrique Le parcours du mois du Journal de l’île de la Réunion du 13 avril 2009

Publié le 13 avril 2009

Originaire d’une famille de planteurs de Sainte-Suzanne, Sébastien Anamoutou a poussé ses études universitaires jusqu’au concours de technicien supérieur. Après une année de formation à Aix-en-Provence, le trentenaire est aujourd’hui chargé d’étude dans le service à la tête du réseau scientifique et technique du ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire, à Paris.

Sébastien Anamoutou, des cannes au ministère de l’Environnement

Economie, avec le site www.reunionnaisdumonde.com

Sébastien Anamoutou

Issu d’une famille de planteurs des hautes terres de Sainte-Suzanne, Sébastien Anamoutou a passé son baccalauréat scientifique au lycée Sarda Garriga de Saint-André. Après avoir obtenu sa maîtrise en sciences et technologie, il effectue une première tentative d’expatriation décevante en 2002. De retour à la Réunion l’année suivante, il enseigne pendant deux ans les mathématiques et la science physique en CFA (Centre de formation d’apprentis). "L’expérience est enrichissante, mais je comprends dès lors que l’enseignement n’est pas pour moi !" Le deuxième essai dans l’hexagone sera transformé. En 2007, le succès au concours de technicien supérieur de l’équipement et de l’aménagement du territoire lui ouvre les portes de la formation post-concours rémunérée à l’École nationale des techniciens de l’Équipement (ENTE) d’Aix-en-Provence. Sébastien Anamoutou enchaîne avec deux stages, dont un à la Réunion, au service des grands travaux de la DDE (Direction départementale de l’Équipement), où il travaille sur le projet de nouveau pont sur la rivière Saint-Etienne. Puis il est affecté à Paris, où il occupe le poste de chargé d’étude dans le service à la tête du réseau scientifique et technique du ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire.

En quoi consiste aujourd’hui votre activité ?

Je travaille au service d’études techniques des routes et de leurs aménagements (Setra), au Centre de la sécurité des transports et des routes. Je suis chargé d’études en gestion de trafic et des infrastructures et plus spécifiquement en signalisation directionnelle et en système de transports intelligents. Par exemple, je donne des avis sur les projets de signalisation directionnelle au niveau national, c’est-à-dire y compris pour les routes de la Réunion. Je suis également consulté au sujet de la veille technologique, des recueils de données trafics, des capteurs routiers, des transports intelligents (GPS, système d’aide à la conduite), ou encore de la gestion dynamique des voies (un peu comme les voies modulables de la route du Littoral). Enfin, je réalise des études pour l’administration centrale du ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire ou "Meedat". La dernière avait pour but de vérifier si les limitations de vitesses sur le réseau national étaient pertinentes.

Quels sont vos projets ?

J’aspire avant tout à acquérir encore plus de compétences dans le domaine des études de trafic routier. En revanche, je suis inquiet pour l’avenir du réseau scientifique et technique de l’État à double titre. D’une part, parce que le Président de la République a décidé de délocaliser notre service d’étude vers Sourdun, afin de compenser le manque à gagner de cette petite commune après la fermeture d’une caserne militaire. D’autre part, parce que nous ignorons complètement si les services techniques tels que le Setra ont encore un avenir.

Envisagez-vous de revenir vivre sur l’île ?

Oui, j’envisage de revenir vivre à la Réunion dans les prochaines années, mais je ne saurais pas encore dire précisément quand. Cependant, si mon profil de chargé d’étude trafic intéresse des collectivités à la Réunion, je suis prêt à négocier !

Quel regard portez-vous dorénavant sur la Réunion, en particulier sous l’angle économique et social ?

La société réunionnaise est mitigée. De nombreux jeunes diplômés ne trouvent pas de travail sur l’île. Une grosse partie de la population vit dans le chômage et de l’assistanat. La Réunion est devenue consumériste. Des excès qui génèrent une abondance de déchets or, le tri sélectif voire le tri des déchets tout court ne semble pas encore complètement entré dans les mœurs. A part ça, l’économie en soit se porte plutôt bien au regard des autres îles de l’océan Indien voire, de certains départements de l’hexagone. Je pense que l’avenir de la Réunion passe par sa nature, ses plantes endémiques, ses éponges marines, par l’exportation et le tourisme. A ce sujet, il faudrait repenser complètement la façon de recevoir un touriste, de l’accompagner et de le guider.

Qu’appréciez-vous dans votre environnement actuel qui ne vous serait pas accessible à la Réunion ?

Ce que j’apprécie, ce sont les concerts, les expositions, la diversité des cultures régionales, les théâtres, les musées, les joies du transport en commun sur une ville comme Paris, les multiples possibilités de voyages à travers l’Europe et le monde, les achats faciles non surtaxés, le très haut débit internet à prix modique, etc...

Que diriez-vous à des Réunionnais que l’expatriation tente, mais qui hésitent à sauter le pas ?

Aux Réunionnais attirés par l’expatriation, je leur dis : partez ! Et une fois loin de la Réunion, je leur dirais ce qu’a écrit Voltaire dans Candide : « Si nous ne trouvons pas des choses agréables, nous trouverons du moins des choses nouvelles. »

Interview réalisée par Séverine Dargent

Publicité