ALBIUS Edmond
† Cultivateur, né esclave en 1829 à Sainte-Suzanne (La Réunion) de parents esclaves, Jamphile et Mélise, décédé le 9 août 1880 à l’hospice de Sainte-Suzanne. Esclave chez Ferréol de Beaumont-Bellier, un « homme fort versé dans l’étude de la botanique » et particulièrement dans les orchidées. Marié à Marie Pauline Rassama. Sous la protection de son maître paternaliste, il s’intéresse très tôt au monde végétal et découvre, à l’âge de 12 ans, la fécondation artificielle de la vanille (1841), issu du vanillier introduit à La Réunion en 1819. A-t-il fécondé la fleur au cours d’une opération volontairement réfléchie ou a-t-il un jour écrasé, par vengeance, la fleur du vanillier, provoquant involontairement la fécondation ? Toujours est-il que son maître publie immédiatement la découverte dans Le Moniteur de la Colonie et affranchit son jeune esclave qui prend le nom d’Edmond Albius (Albius signifie “Blanc”) (20 décembre 1848). La vanille Bourbon est née. Grâce à lui, dès 1848, l’île exporte sa première cargaison de vanille, 50 modestes kilos, 200 tonnes en 1898 mais seulement une vingtaine de tonnes aujourd’hui. Après son émancipation, il quitte son maître, malgré tout le respect que celui-ci prétend lui avoir manifesté et se fait embaucher à Saint-Denis comme aide cuisinier chez un officier de la garnison. Des démêlés judiciaires le privent pendant trois ans de sa liberté. Il retrouve les hauts de Sainte-Suzanne où il travaille à la tâche ou à la journée chez des propriétaires.
Autre :
Impliqué dans une sombre histoire de vol de bijoux, il est condamné par le tribunal à cinq ans de travaux forcés (1852), puis libéré pour bonne conduite (1855).
Distinctions :
Est-ce une reconnaissance envers l’esclave affranchi ? Une liane de vanille orne le blason de l’île de La Réunion. L’écrivain Michaël Ferrier a consacré le dernier chapitre de son livre Sympathie pour le Fantôme à Edmond Albius. Il a donné son nom à l’Institut médico-éducatif à Saint-Paul, à un collège au Port et à une école élémentaire publique à Saint-Pierre. Il a également donné son nom à un Pôle Edmond Albius de l’ALEFPA, situé à Cambaie, à Saint-Paul.
Source : Jérôme l’archiviste - Extrait de l’ouvrage Célébrités de la Réunion paru en 2009, basé sur plus de 50 000 documents et archives retraçant quarante années de la vie réunionnaise.