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AZEMA Jean-Henri.

Publié le 1er janvier 2014


AZEMA Jean-Henri

Né le 28 décembre 1913 à Saint-Denis (la Réunion) d’une famille de notables réunionnais, décédé en 2000 à Buenos-Aires (Argentine). Remarié. 4 enfants dont trois d’un premier mariage : Jean-Jacques, Jean-Loup et Jean-Pierre, ce dernier éminent historien de la Seconde Guerre mondiale ; et enfin Paul-Jean. [Filiation : Issu d’une vieille lignée créole présente à la Réunion depuis 1735 avec l’arrivée de Jean-Baptiste Azéma, qui y vint comme collaborateur du gouverneur de l’île Bourbon (île de la Réunion) Bertrand-François Mahé de Labourdonnais. Le père de Jean-Henri était médecin et membre important de la loge maçonnique L’Amitié à Saint-Denis et sa mère sage-femme]. Il étudie d’abord au lycée Leconte de Lisle à Saint-Denis de la Réunion, sur les mêmes bancs que le poète Jean Albany ou le sénateur Georges Repiquet, avant de poursuivre ses études universitaires à Paris. Il est d’abord scolarisé au lycée Louis le Grand pour faire sa philo avant de s’orienter vers le droit, obtenir une licence et préparer un doctorat. Il devient journaliste au quotidien monarchiste L’Action Française de Charles Maurras, collaboration qu’il étend à d’autres publications où il exprime son nationalisme militant. Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, il se bat héroïquement dans les Ardennes au 1er Régiment d’Infanterie Coloniale comme chef de section. Son régiment repoussé par les Allemands, il est fait prisonnier au cours d’une retraite, s’évade et en août 1940, il est à nouveau à Paris. Rattrapé par ses premières sympathies politiques, il choisit de ne pas partir pour Londres rejoindre le général de Gaulle comme beaucoup de ses camarades et devient bientôt la voix du Gouvernement de Vichy sur Radio Paris. À ce poste stratégique, bénéficiant d’informations confidentielles et n’ignorant pas les rafles de la police française, il informe et aide deux de ses compatriotes, Pierre Lagourgue alors étudiant et Guy Douyère, le premier de l’imminence de son arrestation en raison de ses activités dans la Résistance, le second en l’aidant à s’évader alors qu’il est prisonnier. Adhérent du Parti Populaire Français (PPF) de Jacques Doriot, il est interné trois mois pour un article hostile à Pierre Laval, Président du Conseil, dans le journal ultra collaborationniste Au Pilori. Les alliés s’approchant de la capitale française, il part avec les troupes allemandes en 1944 et s’engage dans la Waffen SS. Il intègre alors la Division Wallonie de Léon Degrelle (juin 1944) et fréquente l’Académie militaire de Kienschlag-Neweklau. En Allemagne, il participe également à la création de Radio Patrie, radio siégeant à Bad Mergentheim et contrôlée par le PPF. Il en est néanmoins exclu par Jacques Doriot pour avoir à nouveau attaqué Pierre Laval. La ville de Berlin tombée, il passe en Suisse et parvient en Argentine, où il entame un exil qui durera plus de 50 ans. La France libérée le condamne par contumace à la prison à perpétuité. Ses biens ayant été confisqués en Europe, il survit de petits métiers en devenant docker ou garçon de café. Il finit par reprendre sa plume de journaliste et se prend au jeu d’une nouvelle guerre, la révolution que veut mener le révolutionnaire bolivien Víctor Paz Estenssoro, leader du MNR, Movimiento Nacionalista Revolucionario (1952). Mais la tentative de prise de pouvoir avorte. Revenu à Buenos Aires plus tard, il renonce à la politique et devient patron d’une importante agence de publicité (1954), avec une représentation à Madrid, en Espagne. Amnistié en 1970 sous le septennat du Président Georges Pompidou, il revient à plusieurs reprises à la Réunion à partir de 1975, le plus souvent incognito. Piqué au vif en 1978, après 39 que son quatrième fils, Paul-Jean, né en Argentine d’un second mariage, lui a fait remarquer qu’il y est inconnu, étranger dans son île, il crée en quinze jours, depuis Madrid, un hommage à la culture créole à partir d’un vieux texte commencé en 1955, Le testament de l’exilé. Augmenté d’images, son ouvrage Olographe le transforme alors en auteur majeur de la littérature réunionnaise. Toujours publicitaire en Argentine, il revient une nouvelle fois à la Réunion en 1990, en voyage d’agrément cette année-là, au cours duquel il présente au Festival du livre de l’océan Indien un ouvrage intitulé Au soleil des Dodos, dédié à Cotia Rico Peña, sa dernière femme décédée. Il reconnaît alors s’être trompé et avoir « déraillé » pendant la guerre, poussant sa repentance en niant avoir eu connaissance des camps de concentration allemands. Lorsqu’il meurt, dix ans plus tard, en 2000, une partie de ses cendres et celles de son épouse sont jetés aux vents de l’île de la Réunion, à Champ Borne et à Boucan Canot. Le reste est lancé à la mer depuis la Baie du Tombeau, à l’île Maurice. Livres : Olographe (1979). D’Azur à perpétuité (1979). Le pétrolier couleur antaque (1982). Le Dodo Vavangueur (1986). Au soleil des dodos (1990). Margozes sont les saisons (1990). Rhum Blanc (1996). Rhum marron (1998). Archives en chair vive (1999). Un autre livre existe, encore non publié, Au Flanc du fanjant flottant ♥ Membre de l’UDIR de Jean- François Sam-Long et de l’ADER d’Alain Gilli.

Prise de parole

« Je voudrais encore ajouter qu’il m’est pénible de parler de cette époque. Mais je ne peux m’échapper. Je n’en tire aucune gloire. Je ne renie pas non plus des prises de position liées à mes convictions ou imposées par l’Histoire. Pensez qu’en 1933 j’avais vingt ans. Simplement, je me dois d’être clair en face de cette jeunesse qui me questionne aujourd’hui et qui veut savoir » (Le Réunionnais, 17 décembre 1995). Décoration : Croix de Guerre 39-40 pour actes d’héroïsme.

Références

Archives personnelles. Wikipédia. Télé 7 Jours 14.04.1990. Le Réunionnais 17.12.1995.Quotidien de la Réunion 23.10.1995.

Source : Jérôme l’archiviste - Extrait de l’ouvrage Célébrités de la Réunion paru en 2009, basé sur plus de 50 000 documents et archives retraçant quarante années de la vie réunionnaise.

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