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REYNOLDS Michel

Publié le 1er janvier 2014


REYNOLDS Michel

Clet Reynolds MICHEL : « Citoyen réunionnais, d’origine mauricienne, de nationalité française », né le 26 avril 1934 à Port- Louis, île Maurice. Son enfance est marquée par la proximité avec des familles d’origines modestes et diverses où la cohabitation pacifique, le respect mutuel, le partage, étaient les maîtres mots dans son environnement familial.
Ses études primaires et secondaires terminées, il quitte son l’Ile natale pour la France en vue de poursuivre des études philosophiques et théologiques au Séminaire de CROIX VALMER (Var) - de 1958 à 1963. Il a décidé de devenir prêtre. Il découvre durant ses études le catholicisme social, le mouvement œcuménique et le dialogue fraternel à l’Université de Paix, lancé par le dominicain belge, Dominique Pire, Prix Nobel de la paix en 1958.
A la fin de ses études théologiques, il est ordonné prêtre en 1964 à l’église Saint-Louis de La Réunion. Il a décidé, en effet, de rejoindre la Communauté chrétienne de l’île de La Réunion pour exercer son ministre. Il est immédiatement nommé vicaire à la Paroisse de Saint-Pierre avant de rejoindre, dès 1965, la paroisse du Port et puis celle de la Rivière des Galets.

Au Port, il s’investit dans un travail auprès des jeunes de la ville, par le biais des mouvements de jeunesse catholique. Le but : apprendre la rencontre en organisant avec les jeunes les sorties à la découverte de l’île, tout en apprenant à regarder, à questionner, à analyser et à agir. Les jeunes de cette période, particulièrement Benoît Giraudet, ont gardé un excellent souvenir de ces ballades dans le cirque de Mafate.
Découvrant les problèmes sociaux, économiques et politiques qui pèsent lourdement sur la vie des plus humbles, il se lance dans un travail de conscientisation avec les adultes de la ville du Port et avec les jeunes prêtres catholiques du diocèse. Il est à l’initiative du « Groupe Promotion et Participation » réunissant quelques personnalités de la ville et du Groupe sacerdotal de réflexion et d’action (GSRA) réunissant tous les jeunes prêtres du diocèse. Le but : faire bouger les choses par la réflexion et l’action. Leurs outils de réflexion : la revue Citoyen 60 de la Vie Nouvelle, dirigée alors par Jacques Delors, les ouvrages et fiches de Peuple et Culture (Mouvement d’éducation populaire né en 1945), le Journal Témoignage Chrétien, dirigeait alors par Georges Montaron, entre autres.
Il se trouve à la tête du Collectif qui accueil le père dominicain, Jean Cardonnel, à La Réunion en 1969 ; militant de l’association pour le Déroulement Normal des Opérations Électorales (ADNOE) et co-fondateur du mouvement Témoignage Chrétien de La Réunion et du journal TCR.
La Réunion se trouvait dans ses années soixante dans une situation de blocage et les rivalités entre les forces politiques sont très conflictuelles. Son travail de conscientisation n’est pas accepté par les autorités civiles, il est expulsé de l’île en décembre 1970, parce qu’"étranger".
Deuxième étape
Il se trouve de nouveau dans son pays d’origine, mais considéré comme "étranger" en tant que prêtre, parce qu’il fait partie du clergé du diocèse de La Réunion. Soutenu par un éminent militant du catholicisme social, le père Joseph Folliet, et des ami(e)s lyonnais, il trouve une insertion comme prêtre à la paroisse Saint-Louis de la Guillotière avec la possibilité de poursuivre des études à l’Institut Social de Lyon. Il quitte donc l’île Maurice pour Lyon à la mi-septembre 1971.
La ville de Lyon accueil à cette époque nombre de Réunionnais, notamment de filles venues travailler dans les hôpitaux. Elles avaient pour la plupart moins de 20 ans et venues sur la promesse d’une promotion sociale à travers des études d’aide-soignante. Après quelque mois de présence, c’était, pour un certain nombre, le désenchantement, la solitude, voire la déception.
Les contacts se sont vite noués entre ces jeunes filles, les responsables de la pastorale en milieu de santé autour du père Monfalcon, de Mgr Alfred Ancel, chargé de la pastoral des immigrés, et Reynolds Michel. Il est chargé, en étroite collaboration avec le père Monfalcon et Mgr Ancel, d’accompagner ces jeunes filles en leur apportant son soutien fraternel. Il trouve là un ministère proche de sa situation d’immigré. Là aussi, le travail est axé sur la rencontre, le soutien, la solidarité.
Son expulsion de Lyon le mars 1972 ‒ conséquence de mon expulsion de La Réunion ‒, met un terme à ce travail d’accompagnement social et humain.
Troisième étape
Retour à l’île Maurice et départ en 1973 pour un ministère sacerdotal à Fribourg, en Suisse, sur le conseil de Mgr Ancel. Dans la paroisse du Christ-Roi à Fribourg où il est nommé comme vicaire, il est très apprécié des jeunes et par ce biais des parents. Il profite également de ce recul pour écrire. Il aura l’occasion durant cette période de rencontrer à Genève, un évêque brésilien, Mgr Antonio Fragoso, appartenant au courant dit théologie de la libération, qui a beaucoup marqué les chrétiens progressistes dans les années 60/70. Il quitte librement Fribourg au mois d’août 1977 pour Ile Maurice, tout en sachant qu’il risque de se trouver en situation de chômage. Mais le désir de sentir son pays, de retrouver sa famille et ses compatriotes l’emportent sur toute autre considération.
Le travail théorique fait à Fribourg l’aidera à lancer et consolider avec ses amis mauriciens le Mouvement Chrétiens Pour le Socialisme (MCPS). L’objectif est d’aider les chrétiens à affirmer leur liberté d’engagement politique, à opter pour un travail avec les plus démunis de la société "option préférentielle pour les pauvres", tout en aidant leurs Églises à rompre leur alliance avec les forces conservatrices. Il milite au sein du MCPS contre le racisme en Afrique du Sud, pour le retour des Chagossiens sur leurs îles ‒ 1 400 personnes expulsées de Diégo Garcia, de Peros Banhos et de Salomon de 1969 à 1973 pour faire place à une base américaie ‒, et pour un Océan Indien zone de paix.
Par une lettre en date du 25 juin 1981, il apprend qu’il peut désormais entrer à La Réunion. La mesure d’éloignement du territoire français prise à son encontre a été abrogée par un arrêté en date du 20 juin 1981. C’est la fin d’un long exil de onze ans.

Avant de retrouver pleinement sa place à La Réunion, il ira fêter cette victoire avec ses amis de Lyon et de Fribourg. De retour à La Réunion au mois de février 1982, il est nommé vicaire à la paroisse de Saint-Pierre. Il est heureux de retrouver ses amis prêtres et laïcs du département. Le contexte n’est évidemment plus le même que dans les années soixante. Après de nombreuses rencontres et débats, il lance avec ses amis le Centre Pour le Développement et la Promotion sociale (CDPS), au mois de mai 1982.
L’objectif est d’aider les Réunionnais et réunionnaises à mieux saisir et apprécier les divers apports de nos groupes ethno-culturels dans la construction de la société réunionnaise et comment aller de l’avant avec la participation de tous et de toutes. Donc un travail de réflexion sur la culture, le développement et le bien vivre ensemble, accompagné d’un travail de terrain dans les quartiers de Saint-Louis et de Saint-Pierre.
Après son départ du ministère en mai 1989, c’est-à-dire son retour à l’"état laïc", il se lance dans l’alphabétisation et l’insertion des jeunes. Il se donne alors les moyens de sa nouvelle orientation : Formation de « formateur des formateurs par le CAFOC (Centre Académique de Formation Continue) en 1989 et Licence de Sciences de l’Education en 1990. Il aide un certain nombre de jeunes à se former. Et fonde un foyer en épousant Martine Mougin qu’il avait connue à Lyon et qui s’était installée à La Réunion en 1980.
Le moment était favorable, car la période correspondait à une relance de la lutte de l’Éducation nationale contre l’illettrisme et l’analphabétisme. Le CDPS se transforme en Centre de formation des jeunes de 16-25 ans, doté d’un Centre de ressources pédagogiques, tout en poursuivant un travail de réflexion, de confection d’outils pédagogiques et de promotion de la langue créole. En 1995, se lance également dans l’Accompagnement social des sans-logis et reçoit Mgr Gaillot en novembre de la même année.
Il prend sa retraite en 2003. Il écrit alors son récit de vie qu’il publie, avec l’aide de la Région/Réunion, en 2007, sous le titre : « Au cœur des conflits, Itinéraire d’un chrétien ». Avec son épouse, sa fille Anjalay et des amis proches, il contribue au lancement de l’association Espace pour Promouvoir l’Interculturel (EPI), en août 2006. Il est aujourd’hui président d’EPI. Le but d’EPI est les rapprochements, les échanges et les connexions entre les personnes et les groupes porteurs de cultures et traditions différentes en vue d’un mieux vivre ensemble.

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