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SINAMALE Serge Georges

Publié le 1er janvier 2014
SINAMALE Serge Georges

Né en 1940 à Saint-André (la Réunion), décédé le 11 juin 2008 dans la même ville. Célibataire. Ti’nom : Vivien Instituteur, il perd son emploi, rayé des cadres de l’Education Nationale, à la suite de désordres électoraux à Saint-André (1967). Refusant toute aide de l’Etat, il vit en fabriquant des instruments de musique locaux, en particulier des caïambes, à destination principalement des touristes, tout en donnant des cours de musique dans les collèges de l’Est de la Réunion Il adhère à la fédération réunionnaise du Parti Communiste Français (1957), et devient rapidement membre du Bureau politique. Dans la foulée, il crée le FJAR, le Front de la Jeunesse Autonomiste de la Réunion (août 1967), satellite du PCR, mouvement qui devient dissident avant d’être repris en main par Elie Hoarau. Il passe un an dans la clandestinité (à l’île Maurice, dit-on) après des troubles électoraux se confondant avec des opérations de guérilla lors des élections cantonales à Saint-André (24 septembre 1967), avec pour bilan des troubles : un half-track enflammé par des cocktails Molotov après avoir été délesté des armes à l’intérieur du véhicule et de nombreux blessés parmi les forces de l’ordre. Condamné par le tribunal correctionnel de Saint-Denis, il est amnistié après une mesure nationale faisant suite aux événements de mai 1968 en Métropole. Devenu “prochinois”, il démissionne finalement du Parti Communiste Réunionnais qu’il juge trop “prosoviétique” (1971) et lance le premier Cercles d’Etudes Marxiste Léninistes (CEML), structure qui se fond un peu plus tard dans l’OCMLR, Organisation Communiste Marxiste Léniniste de la Réunion (1975), avec pour mot d’ordre “Indépendance Nationale” et pour organe Jeunesse Marxiste. L’OCMLR devient ensuite le MPLR, Mouvement Pour la Libération de la Réunion (1979), avec pour organe Lindependans ek Liberte. À la tête d’une centaine de sympathisants, il est arrêté en compagnie de son adjoint, Claude Allier, sur la plage de l’Hermitage, à Saint-Gilles-les- Bains, après avoir planté un drapeau noir et rouge, frappé d’une étoile verte, symbole pour lui de l’indépendance de la Réunion (13 août 1978). En proie à des querelles internes, le 657 MPLR se divise en deux tendances et l’une d’entre elles donne naissance au Mouvement pour l’Indépendance de la Réunion (MIR) avec comme soutiens Jean-Baptiste Ponama et Tristan Souprayenmestry (19 septembre 1981). À la tête du MIR, il se rend à trois reprises (17 janvier 1979, 15-16 octobre 1980 et 24 mars-4 avril 1982) devant le comité « ad hoc » de l’OUA, Organisation de l’Unité Africaine, chargé du dossier de la décolonisation de l’île, basé à Dar-es-Salam, en Tanzanie, pour affirmer sa position en faveur de l’indépendance de la Réunion. Candidat en solitaire aux élections cantonales à Bras-Panon (mars 1982), il n’obtient qu’une voix, sans doute la sienne, avec 0,04% des suffrages exprimés. Baroud d’honneur : il participe au nom du MIR à la Konferans A Dényé Koloni Fwansé — Conférence internationale des dernières colonies françaises – en Guadeloupe regroupant douze organisations (5, 6, 7 avril 1985). C’est l’époque où la Libye déclare que « l’occupation militaire de la Réunion doit cesser immédiatement ». Il semble alors bénéficier du soutien du colonel Kadhafi dont il rencontre plusieurs des conseillers aux Seychelles (mars 1987), après trois voyages en Libye, en 1985 et 1986, et avant un séjour à Tripoli en mars 1987 où il rencontre enfin le leader libyen. Ensuite, de plus en plus isolé, il se reconvertit dans l’artisanat et la création d’instruments de musique traditionnels, tout en animant des stages et des séances d’initiation à la musique dans les collèges de la région Est de l’île. Sa dernière présence en public aura été pour la cérémonie de mise en place du buste d’Alexis de Villeneuve, devant la cathédrale de Saint-Denis, le 17 mars 2008, pour commémorer l’assassinat de l’homme politique centriste ♥ Créateur avec quelques musiciens de Cimendef, groupe de maloya traditionnel portant le nom d’un esclave légendaire fugitif de la Réunion. Prises de parole : « Nous ne sommes pas Français ; nous sommes Réunionnais et nous voulons agir, penser et vivre en Réunionnais », (Océan Indien Actuel, octobre 1979), « Le PCR n’a jamais été un parti communiste. Il a été au début un parti réformiste de tendance ouvriériste. La stratégie du PCR n’a jamais été définie. Il a toujours navigué comme un bateau ivre pour devenir aujourd’hui le parti d’un clan, sans idéal, prêt à toutes les compromissions pour conquérir les municipalités et gérer le système colonial » (Quotidien de la Réunion, 17 mai 1989).

Références

97-4 Ouest octobre 1980. Demain l’Afrique septembre 1978. Océan Indien Actuel octobre 1979. Minute 19.09.1979. Le Point 15.04.1985, 28.03.1988, 30.04.1988. Libération 8.04.1985. Le Monde 10.03.1971, 16.08.1978, 24.03.1985, 7.04.1985. Le Figaro 8.04.1985. Le Mauricien 28.06.1978, 9.01.1989. Télé 7 Jours 16.09.1989. Témoignages 14.06.2008. Journal de la Réunion 14.08.1978, 4.10.1979, 11.10.1979, 10.09.1980, 27.03.1982, 25.02.1984, 29.02.1984, 14.02.1985, 5.04.1985, 13.03.1986, 28.03.1987, 2.04.1987, 23.06.1987, 26.06.1987, 23.12.1987, 21.04.1988, 18.04.1989. Quotidien de la Réunion 27.02.1978, 29.06.1978, 14.08.1978, 16.08.1978, 20.11.1978, 15.01.1979, 18.01.1979, 24.07.1979, 31.08.1979, 29.09.1979, 19.01.1980, 10.07.1980, 10.09.1980, 28.10.1980, 10.10.1981, 24.02.1982, 11.03.1982, 12.03.1982, 14.04.1982, 30.07.1982, 17.09.1982, 6.05.1983, 28.02.1984, 8.03.1984, 27.04.1984, 21.09.1984, 6.04.1985, 6.02.1988, 21.04.1988, 19.01.1989, 11.05.1989, 17.05.1989, 14.06.1989, 24.01.1991, 8.06.1995, 13.06.2008.

Source : Jérôme l’archiviste - Extrait de l’ouvrage Célébrités de la Réunion paru en 2009, basé sur plus de 50 000 documents et archives retraçant quarante années de la vie réunionnaise.

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