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10 particularités démographiques à la Réunion

Publié le 15 décembre 2022

Fécondité, mobilité, langue créole, part des religions… Dans un « Panorama des évolutions de la société réunionnaise de 2010 à 2020 », l’INSEE dresse un portrait statistique de la population*.

Source : Insee - Décembre 2022


1- La fécondité se maintient à un niveau élevé, portée par les femmes non diplômées

À La Réunion, la fécondité des femmes se maintient à un haut niveau depuis les années 1990, proche de 2,5 enfants par femme. En comparaison, celle des femmes de l’Hexagone oscille entre 1,7 et 2,0 enfants par femme sur la même période.

Ce sont les non-diplômées qui contribuent le plus à cette fécondité élevée à La Réunion. Elles deviennent généralement mères pour la première fois à un âge précoce et ont davantage d’enfants que les autres femmes : 79 % des femmes non diplômées nées entre 1986 et 1995 ont au moins un enfant à 25 ans, soit quatre fois plus que les diplômées du supérieur de ces générations. Cet écart s’est creusé au cours de la dernière décennie. En outre, les femmes non diplômées restent les plus nombreuses à avoir au moins trois enfants.

À La Réunion, les femmes devenues mères avant 20 ans sont généralement les moins diplômées. Ces naissances précoces sont de plus en plus un obstacle à l’emploi.

En 2020, du fait d’une fécondité élevée, La Réunion reste le troisième département le plus jeune de France, derrière la Guyane et Mayotte. Les jeunes de moins de 20 ans représentent encore 30 % de la population en 2020, contre 34 % en 2010.

2- La population réunionnaise continue de vieillir

La part de personnes de 60 ans ou plus augmente de 12 % en 2010 à 18 % en 2020. Elle atteindrait 23 % en 2030, si les tendances démographiques récentes se prolongeaient.


3- La population reste très majoritairement originaire de l’île

Les personnes nées à La Réunion y résident en très grande majorité. Ainsi, en 2019, parmi les 842 000 natifs de l’île qui résident en France, 84 % vivent à La Réunion, et 16 % en France métropolitaine. La Réunion est ainsi la région française où la part de natifs vivant dans leur région de naissance est la plus élevée. Cela illustre à la fois l’éloignement géographique de La Réunion et un attachement des natifs à leur île natale.

Comme les natifs de La Réunion restent vivre sur l’île, ils composent la grande majorité de la population. Ainsi, 79 % des habitants de l’île de 18 à 79 ans en 2020 y sont nés, une part un peu plus faible que dix ans auparavant (– 4 points). Cette baisse n’est pas due à un départ accru des natifs en dehors de l’île, mais elle est la conséquence d’une légère hausse de l’arrivée de natifs de métropole. Les natifs de l’Hexagone représentent ainsi 13 % de la population adulte de La Réunion, soit 3 points de plus qu’en 2010.

En 2010, La Réunion comptait – parmi les personnes âgées de 18 à 79 ans – 17 % d’« immigrants » (dont 10 % nés dans l’Hexagone, 2 % ailleurs en outre-mer, 5 % à l’étranger). Dix ans plus tard, ce taux s’élève à 21 %.


Trois quarts de ces « immigrants » (76 %) conseilleraient à des proches de s’installer à La Réunion. En progression de 6 points en dix ans, ce taux est très supérieur à ceux relevés dans les autres Drom (un peu plus de 60 %).

4- Les natifs de La Réunion de plus en plus mobiles pour de courts séjours

Les natifs de La Réunion voyagent de plus en plus souvent en dehors de l’île, du fait de facilités plus importantes que dans le passé (hausse du pouvoir d’achat moyen de la population, tarifs de transport aérien plus accessibles, dispositifs d’aide à la continuité territoriale, etc.). Ainsi, la part des natifs n’ayant jamais quitté le département diminue fortement, de 26 % en 2010 à 15 % en 2020. Les natifs « sédentaires » demeurent les plus précaires : les deux tiers n’ont aucun diplôme et sont nettement moins souvent en emploi.


5- Mieux formés et plus en emploi : les « migrants-retour »

Près d’un quart des natifs résidant sur l’île en 2020 (23 %) a fait l’expérience d’au moins une migration durable avant leur réinstallation sur l’île. Ce groupe, qualifié ici de « migrants-retour », rassemble principalement ceux partis en vue de poursuivre leurs études et qui sont aujourd’hui les plus diplômés : près d’un quart d’entre eux détient un diplôme du supérieur (+ 10 points en dix ans). Mieux formés et plus qualifiés, ils ont tiré un réel profit de leur « migration durable », que traduit leur bonne insertion professionnelle de retour « au pays ». Il reste cependant une part non négligeable de ceux partis pour des études qui n’ont pas eu la même réussite et demeurent à leur retour dépourvus de diplôme (15 %).

6- Un nombre de cadres natifs en croissance

Bénéficiant également de l’augmentation de l’offre de formations post-baccalauréat et de l’amélioration du marché du travail sur l’île, le nombre de cadres natifs a été multiplié par quatre, passant de 3 700 en 1990 à 14 500 en 2016.


7- En 2020, 38 % des jeunes de 18 à 24 ans ne sont ni en emploi, ni en études, soit 9 points de moins qu’en 2010

8- À La Réunion, les deux tiers des hommes vivent chez leurs parents à 20 ans, et encore un tiers à 25 ans. Pour les femmes, les proportions sont respectivement 52 % et 28 % aux mêmes âges.

9- L’importance du créole

En 2020, 90 % des natifs de La Réunion considèrent que la langue créole est importante pour l’identité du département. C’est un peu plus qu’en 2010 (86 %). La quasi-totalité des natifs de l’île indiquent d’ailleurs la comprendre et la parler facilement, avec toutefois un léger recul parmi les natifs de 18-24 ans : parmi ces derniers, 90 % comprennent la langue créole et la parlent facilement, soit 7 points de moins que pour les natifs plus âgés.

De plus en plus de natifs estiment en outre que le créole réunionnais devrait être enseigné à l’école : c’est le cas de 49 % d’entre eux en 2020, soit 9 points de plus que dix ans auparavant. De plus, 35 % des natifs pensent que le créole devrait se limiter à la seule sphère privée, alors que c’était le cas de 47 % d’entre eux dix ans auparavant.

10- Les habitants de La Réunion sont très croyants

81 % des 15 ans ou plus déclarent avoir une religion, soit un peu moins qu’en 2010 (86 %). À La Réunion comme ailleurs en Outre-mer, les natifs du département ainsi que les immigrants nés à l’étranger sont ceux qui déclarent le plus fréquemment avoir une religion (respectivement 86 % et 90 %). Les résidents venus d’ailleurs en France se démarquent quant à eux par une part moindre de personnes déclarant une religion (55 %).

La Réunion se distingue par une forte pluralité religieuse : si la religion catholique y est majoritaire, les religions hindouistes et musulmanes y tiennent, elles aussi, une place importante. Au contraire des habitants des Antilles également très croyants, la confession chrétienne n’a pas l’exclusivité à La Réunion où plusieurs religions coexistent. Les trois religions les plus citées sont les religions chrétienne (86 % des croyants), hindouiste (12 %) et musulmane (7 % des croyants). La part des protestants y demeure très modeste (3 % des croyants, contre 12 % aux Antilles, 31 % en Guyane).

Particularité supplémentaire, 11 % des croyants déclarent avoir plusieurs religions. À titre d’exemple, près de 8 % des personnes ayant déclaré au moins une religion à La Réunion se sont dites à la fois hindouistes et catholiques.


* Conçue par l’Ined et conduite en partenariat avec l’Insee, la direction générale des Outre-mer (DGOM), le Département de La Réunion, la Région Réunion et la Caisse d’allocations familiales, l’enquête Migrations, Famille et Vieillissement vise à mesurer les mutations démographiques en cours dans les départements d’Outre-mer et à en appréhender leurs conséquences socio-économiques.

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