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27 ronds de batay coq recensés à la Réunion

Publié le 1er mars 2023

Cyril Hoarau, auteur du livre « Le combat de coqs à La Réunion », recense 27 gallodromes sur l’île en 2020 : les officiels, les tolérés et les ronds marrons. Les combats et les paris obéissent à des règles bien établies...

Extraits de cet ouvrage à commander sur fnac.com, avec l’aimable autorisation de l’éditeur / Lire aussi : Aux origines du combat de coqs à La Réunion


En 2020, on ne dénombre pas moins de vingt-sept ronds à la Réunion. On distingue trois types de ronds :
- les ronds officiels légitimés par la loi de 1964,
- les ronds ayant une légitimité par création d’une association loi 1901 et possédant une licence pour vendre des boissons alcoolisées,
- les ronds marrons, souvent dans les écarts, qui vendent des boissons illégalement. Souvent ces ronds marrons ferment car un commerçant à proximité porte plainte pour concurrence déloyale.

Saint-Denis accueille près de 30 % de la totalité des ronds sur l’île. Le rond emblématique fut pendant plusieurs décennies celui des Deux-Canons, qui a fonctionné durant plus d’un demi-siècle avant d’être détruit en 2010 pour laisser place à un projet immobilier. On trouve aussi plusieurs ronds aux abords des usines sucrières comme celles jadis de Sainte-Marie, Saint-Benoît et encore aujourd’hui Saint-André et Saint-Louis. Cette répartition des ronds vient accréditer la thèse que c’est la diaspora indienne qui est à l’origine de l’introduction des combats dans l’île. En effet, les engagés indiens étaient pour la plupart logés dans ces zones agricoles à proximité des usines. (lire aussi : Histoire du combat de coqs à La Réunion)


Les 5 gallodromes dotés d’une autorisation préfectorale et homologués coutume et tradition :

- Gallodrome de Saint-Denis : Rond SIDAT - Club Chatignan 974 : 19 rue du Stade de l’Est, Saint Denis
- Gallodrome de Saint-Pierre : 474 chemin de Boissy, Saint-Pierre
- Gallodrome de Saint André : "Centrale des coqs" à la Rivière du Mât les bas
- Gallodrome de Saint-Benoît
- Gallodrome du Port : rue George Bizet, Le Port


Dans l’île, l’organisation spatiale du rond est partout la même. Le rond coq est constitué principalement de trois éléments :
- Une bâtisse contenant des gradins en bois et un coin d’eau.
- Un bar où le propriétaire des lieux va vendre de la nourriture et des boissons alcoolisées et non alcoolisées.
- Le rond proprement dit, ère de combat.

Le fonctionnement du rond est réglementé par l’arbitre qui souvent s’avère être le propriétaire des lieux. Pour qu’un combat puisse avoir lieu, il faut un réveil ou une horloge pour regarder l’heure et surtout les minutes. De plus, il faut un coin d’eau, en général un robinet d’eau pour rafraîchir les combattants. Une boîte contenant des plumes est à la disposition des jockeys pour enlever du sang dans le gosier de l’animal lors du rafraîchissement. Pour peser les coqs lors de la phase de provocation, le propriétaire met à disposition une balance. La différence de poids toléré entre deux coqs varie jusqu’à cent grammes. En général, le propriétaire met à la disposition des jockeys une boîte contenant du maïs et une bouteille d’alcool à brûler pour désinfecter l’animal à l’issue du combat.

À la Réunion, les règles se transmettent de génération en génération par voie orale. Les amateurs des combats de coq les ont transmises comme un véritable patrimoine. L’application des règles par les deux jockeys est jugée par l’arbitre mais aussi par le public. En effet, une très grande majorité du public pratique les combats de coq. Lorsqu’il y a un litige, il est fréquent qu’on entende la voix du public protester ; l’arbitre devient alors le représentant du collectif et demande l’application de la bonne règle.

Avant l’affrontement, les animaux sont enfermés dans des cages grillagées les uns en face des autres pour stimuler leur animosité. Le combat s’organise comme un combat de boxe en fonction du poids : le « ti kok » pèsera moins de 3 kg le « kok si lèv » de 3 à 3,5 kg et le « poi lourd » pèsera plus de 3,5 kg. Les deux propriétaires déposent les coqs face à face pour le moment de la provocation, ils se mettent d’accord.

Extraits du livre "Le combat de coqs à la Réunion"

Les paris

La finalité de ces combats s’oriente vers le jeu d’argent entre les propriétaires des coqs. De même les spectateurs viennent dans le gallodrome pour parier entre eux.

Le pari officiel

Lorsque deux propriétaires décident de s’affronter par l’intermédiaire de leur protégé, ils engagent réciproquement une somme identique comme principal enjeu de duel. L’arbitre récolte les deux mises avant le combat. Lorsqu’il y a un vainqueur, ce dernier donne la totalité de deux mises au lauréat. Il n’y a pas prélèvement d’un pourcentage pour les organisateurs. De plus, les propriétaires peuvent parier en dehors de leur mise avec l’ensemble du public.

Le pari dans le public

Les spectateurs peuvent parier sur n’importe quel coq dans l’arène. Les paris se font d’homme à homme et il n’y a pas d’intermédiaire comme pour le pari mutuel. Un seul geste, une parole permet d’engager un pari. Quand le combat débute, le parieur qui jette son dévolu sur un combattant crie haut et fort la couleur du coq ou le nom du jockey et la somme qu’il désire mettre en jeu. — Ah là ! 20 euros le rouge ! dit le parieur. — Lé bon ! dit son interlocuteur en le regardant les yeux dans les yeux et en faisant un geste avec la main. Cette simple phrase garantit le pari. L’argent tout au long du combat reste dans les poches des parieurs et lorsque le combat est clos, on paye ce que l’on doit. Un parieur peut, d’autre part, chercher plusieurs partenaires et parier avec eux. Là aussi, en cas de victoire, son gain correspondra à l’addition des pertes de tous ses partenaires.

« C’est un lien social. Pour beaucoup de gens, c’est surtout pour l’ambiance. Ça fait revivre les quartiers. C’est pour pouvoir se retrouver le dimanche et avoir une activité. »

Les propriétaires des lieux redoublent d’ingéniosité pour attirer la clientèle et les combattants. Certains mettent en place, comme à Saint-André, un championnat sur une saison avec attribution de points pour les combats vainqueurs. À la fin de la saison pour le 20 décembre, une prime de 1000 euros sera attribuée au vainqueur du championnat. Ainsi le propriétaire du rond sédentarise les combattants et crée une attractivité pour attirer un public de plus en plus nombreux. D’autres propriétaires mettent des lots attractifs pour les vainqueurs comme des séjours dans un hôtel, des animaux et enfin de la nourriture pour les coqs et des coupes.


Les coqs de combat à la Réunion

A la réunion, on appelle « coq l’espèce », les animaux sélectionnés pour le combat. Des éleveurs sont spécialisés dans ce domaine, et importent même des étalons du Brésil ou du Mexique pour améliorer la race. Les coqs sont répertoriés en trois catégories. Le petit coq (coq basset), le coq standard et le grand coq. En ce qui concerne le poids, les coqs oscillent entre deux kilogrammes et quatre kilogrammes. Pour finir, les couleurs qui permettent d’identifier un coq durant les combats sont nombreuses.

Tout comme le coq espèce, le coq cou nu de Madagascar est présent dans nos basses-cours depuis des siècles. Cette race endémique de l’île de Madagascar est identifiée sous plusieurs dénominations : le cou nu de Madagascar, le lascar et enfin le bengal. Cette race venue de Madagascar a connu rapidement un métissage avec les autres races de coqs venues d’Inde et d’Indonésie. Sur l’île, le cou nu est assimilé à une race rare et non pure.

Le coq de combat est entraîné pendant un à deux ans avant de livrer son premier combat. La sélection est redoutable et donne lieu à un commerce important sur l’île. Toute l’année le propriétaire se lève aux aurores pour le nourrir, le soir il le bichonne encore son athlète qu’il a isolé dans son cageot. Il le nourrit de maïs, de zerbes, oignons, cresson, zambrevat, et peut être même de zamal… Une fois repéré et sélectionné par son propriétaire, on va passer aux combats par étapes de manière progressive.

Une fois sélectionnés, les coqs de combat sont vaccinés, bien préparés et suivent un entraînement rigoureux. On lance l’animal en l’air pour muscler ses ailes, on le fait dormir sur un perchoir pour muscler ses cuisses mais surtout on le masse au rhum. On coif le kok, les plumes du cou et de la tête sont coupées On durcit ainsi les parties exposées aux coups en les baignant d’eau vinaigrée pour que la peau s’épaississe. Pour aider le destin on leur donne aussi des « vitamines » On raconte que certains petits malins enduisaient les ergots de leur combattant de « vitriol » une préparation qui entraînait de vives douleurs pour l’adversaire qui refusait alors d’en découdre. D’autres auraient à une certaine époque enduit les plumes de leur protégé de graisse de papangue pour faire fuir l’adversaire qui a reconnu l’odeur du rapace.


Il y a beaucoup de respect entre le propriétaire et son coq : on ne coupera jamais un coq batay qui a gagné un combat. Il servira d’abord à la reproduction et finira sa vie avec les poules au poulailler. Terminator, Goliath et Jack le Borgne furent reconnus comme de grands champions de la race. Terminator, un coq rayé jaune 1992, 1994. Goliath même époque. Jack le Borgne, un coq cendré qui doit son non a son oeil perdu pendant un combat. Un coq batay peut coûter jusqu’à 3 000 euros à l’achat, parfois plus.


Commander le livre de Cyril Hoarau sur :
www.fnac.com/a17645405/Cyril-Hoarau-Le-combat-de-coqs-a-La-Reunion#omnsearchpos=1
www.decitre.fr/livres/le-combat-de-coqs-a-la-reunion-9791020355645.html
www.cultura.com/p-le-combat-de-coqs-a-la-reunion-9791020355645.html
www.placedeslibraires.fr/livre/9791020355645-le-combat-de-coqs-a-la-reunion-cyril-hoarau/
www.furet.com/livres/le-combat-de-coqs-a-la-reunion-cyril-hoarau-9791020355645.html
www.amazon.fr/combat-coqs-%C3%A0-R%C3%A9union/dp/B0BQY181YK/ref=sr_1_1?crid=9RZ2QG9VGJYM&keywords=9791020355645&qid=1677071767&sprefix=9791020355645%2Caps%2C199&sr=8-1

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