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Coma circulatoire : faut-il passer à la circulation alternée ?

Publié le 5 mars 2023

Le prélèvement d’1 véhicule sur 4 en semaine permettrait-il de solutionner les embouteillages à la Réunion ? Imaginons un système où une restriction de circulation s’appliquerait uniquement les lundis, mardis, jeudis et vendredis une fois sur 4 à chaque automobiliste par rotation de numéro de plaque d’immatriculation*. Les usagers concernés devraient ces jours-là « s’organiser différemment » : covoiturage, transports en commun, partage des trajets scolaires avec les voisins, télétravail, etc. Déjà appliquée lors des pics de pollution en métropole, la circulation alternée (progressivement remplacée par la circulation différenciée via la vignette Crit-Air) n’est pas la seule solution expérimentée par les territoires en « coma circulatoire ». Voici quelques exemples qui pourraient intéresser la Réunion.

* sauf exceptions et véhicules transportant au moins 3 personnes

Copie d’écran Application Waze à Saint-Denis le vendredi 3/3/23 à 16h30

Stress, incertitude, retards, pollution, coût économique… Avec des dizaines de kilomètres d’embouteillages cumulés chaque jour sur les routes, un parc automobile de 350 000 voitures qui n’est pas près de diminuer, et un trafic à la hausse de 1,5% à 3% en moyenne chaque année, les embouteillages semblent toujours s’empirer à la Réunion. Si pendant longtemps ils étaient cantonnés à des heures de pointes bien précises, désormais à toute heure de la journée, il est possible de se retrouver coincé dans un bouchon quelconque, n’importe où dans l’île. Ouest, sud, est et nord sont logés à la même enseigne, et, circonstance aggravante, aucun projet majeur n’est prévu par les dirigeants publics pour remédier à cette situation.

Mondialement, l’ONU a fait le calcul : plus de 2.200 milliards de dollars seraient perdus chaque année pour l’économie mondiale à cause de la congestion routière dans les pays développés. Pour contrer cela, de nombreuses mesures ont été testées un peu partout dans le monde. 

En zone urbaine, la requalification de certains axes routiers avec un développement des transports en commun et des mobilités douces semble offrir une solution pour réduire les embouteillages. Dans les centres villes saturés, le vélo, la trottinette et la marche à pied, s’accompagnant de la mise en place de parkings à la périphérie des villes pour permettre aux habitants périurbains d’emprunter d’autres modes de transports une fois arrivés aux portes des villes, permettent à certains de s’affranchir des bouchons. Ne devient-il pas urgent d’augmenter le nombre de kilomètres de pistes cyclables fluides et sécurisées ?

Bateaux-bus toulonnais du réseau Mistral

Autre source potentielle d’inspiration : certaines communes du littoral méditerranéen développent le transport en commun maritime. Forts des quelque 3 millions de voyageurs qu’ils véhiculent chaque année, les bateaux-bus toulonnais font du réseau Mistral le réseau maritime le plus fréquenté de France. Reliant les villes de Sainte-Maxime et Saint-Tropez, les Bateaux Verts connaissent eux aussi un certain succès. Les liaisons se font à raison d’un bateau toutes les 20 minutes en été et permettent de relier les deux villes en un quart d’heure à peine. Impossible de faire mieux lorsque la route qui longe le littoral est bouchée du matin au soir...

Dans certaines villes, des mesures drastiques sont proposées, comme l’obligation de rouler à 2 ou 3 minimum par voiture, ou la circulation alternée par plaque d’immatriculation, comme cela s’est fait dans l’Hexagone en période de haute pollution. Faut-il y venir à la Réunion ?

Comment ça marche

Concrètement, pour réduire le trafic automobile, seuls les véhicules dont la plaque d’immatriculation se termine par un chiffre pair (ou impair) ont le droit de circuler, selon la date. Le lendemain, ce sont les véhicules qui n’avaient pas le droit de circuler la veille qui peuvent prendre la route. Les autres doivent alors rester au garage. Alternative aux numéros pairs et impairs, d’autres fréquences de rotations sont possibles. Par exemple une fois sur cinq, avec les plaques se terminant par 1 et 2, etc.

Les exceptions :

Certains véhicules conservent le droit de circuler pendant toute la période de circulation alternée et ne sont donc pas concernés par la rotation. Il s’agit :
- Des voitures considérés comme moins polluants : voitures électriques, hybrides ou GPL.
- Des utilitaires légers, c’est-à-dire des camionnettes.
- Les voitures transportant au moins 3 personnes. La mesure vise à encourager les automobilistes à pratiquer le covoiturage.
- Des véhicules dont le déplacement est justifié par des missions de service public : voiture de police, de gendarmerie, de pompier, ambulances (SAMU, SMUR), véhicules postaux, camions de transports de fonds ou de ramassage des ordures.
- Des véhicules chargés de l’approvisionnement des populations : camionnettes livrant les marchés, les commerces, cafés et restaurants, camions frigorifiques, camions citernes…
- Des véhicules dont l’usage est indispensable à l’exercice d’une profession et facilement identifiable : bus, cars, taxis, camions de déménagement, véhicules de transport funéraire, voitures d’auto-écoles, véhicules de presse, dépanneuses, engins transportant des matériaux pour les chantiers…
- Des véhicules transportant des personnes à mobilité réduite, grands invalides civils (GIC) ou des grands invalides de guerres (GIG). La dérogation s’applique autant si la personne en situation de handicap est au volant ou passagère.

Enfin, le déclenchement de la circulation alternée entraîne la gratuité des transports en commun mais aussi celle du parking résidentiel. Les automobilistes qui ne respectent pas la règle s’exposent à une amende de 35 euros. Les contrevenants doivent également repartir d’où ils sont venus et risquent une immobilisation du véhicule.


Adaptez individuellement votre conduite pour éviter les embouteillages :

Résister à l’envie de changer de file. C’est d’ailleurs une des causes de la création des embouteillages fantômes. En effet, slalomer de droite à gauche pour être dans la file la plus rapide crée des freinages intempestifs derrière le véhicule. Cela participe donc à la réaction en chaîne qui est à l’origine de la création d’un embouteillage. 

Tenir les distances de sécurité. Cela permet d’être toujours à une distance convenable des véhicules devant et derrière nous et ainsi d’avoir une conduite plus fluide évitant ainsi les freinages brusques grâce à l’anticipation. 

Rouler sur la voie la plus à droite. Les voies à gauche servent uniquement pour le dépassement. En plus d’être interdit, rouler à gauche sans dépasser contribue à ralentir considérablement le trafic. Quand on ne dépasse pas, on se rabat. 

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