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La Réunion lontan : primauté mondiale sur la vanille

Publié le 18 août 2021

Inventés et développés sur l’île Bourbon, les savoir-faire liés à la culture de la vanille se sont ensuite répandus dans le monde. A la fin du XIXème siècle, la Réunion est 1er exportateur mondial de vanille, avant d’être supplantée par Madagascar qui lui a emprunté le nom de "Vanille Bourbon".

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Sélection réalisée à partir des photos postées par les membres du Groupe Facebook Réunionnais du monde et l’Iconothèque historique de l’océan indien / Extraits textes : www.atlasdespaysages-lareunion.re/ /

Edmond Albius

C’est en 1841 qu’un jeune esclave de 12 ans nommé Edmond Albius découvre ce qui reste encore aujourd’hui le processus de fécondation manuelle utilisé dans tous les pays producteurs de vanille. En dehors du Mexique, où elle est fécondée par une abeille endémique (la melipone), cette orchidée ne peut être fécondée que par l’homme. Le procédé d’Edmond se répand très rapidement dans la colonie. (Lire la biographie d’Edmond Albius ici et ici)


Si la fécondation manuelle liée à la figure d’Albius a été déterminante, la réputation de la vanille réunionnaise ne s’arrête pas à ce savoir-faire. Son succès international tient également au processus de transformation que subit la gousse, connu parmi les professionnels et connaisseurs du monde entier sous le nom de « procédé réunionnais ». Il s’agit d’une technique nécessaire pour éviter la naturelle déhiscence des gousses arrivées à maturité, qui se fendent et perdent ainsi une partie des aromes. Pour empêcher la déhiscence un premier procédé, dit « à l’eau bouillante » fut mis au point par Ernest De Loupy en 1851, amélioré et vulgarisé en 1857 par David de Floris, tous deux producteurs à Saint André.


C’est ainsi en passant par La Réunion que la culture de la vanille a pu se répandre dans le monde en dehors de son berceau originaire du Mexique. Ces avancées qui datent de la moitié du XIXème siècle ont permis d’exporter le produit en dehors du territoire insulaire, vers la France et les autres pays consommateurs.


Ce succès rapide sur les marchés internationaux est aussi à la base d’une réputation solide, qui sera associée à l’ancien nom de l’île à l’époque de la monarchie, la dénomination choisie pour exporter le produit étant celle de : « vanille Bourbon ».


Au fil des années, les techniques de production et de transformation se diffusent en dehors de la Réunion. La vanille est présente aux grands salons internationaux comme l’Exposition Universelle en 1900. C’est l’âge d’or de la vanille réunionnaise. La primauté mondiale atteinte en 1898 (200 tonnes) ne se reproduira plus jamais.


Avec les premières installations de colons réunionnais à Madagascar commence un déclin constant et inexorable pendant tout le XXème siècle. L’essor de Madagascar et des autres pays où la main d’œuvre est abondante et pas chère, la vanilline de synthèse, la réduction des coûts de transport, font que les tonnages descendent progressivement.



Reportage photos de 1930 :

Echaudage de la vanille
Essorage de la vanille
Etendage de la vanille


Dans les années 60, la dénomination « Vanille Bourbon » est adoptée par d’autres pays de l’océan Indien (Madagascar et Comores), qui s’étaient réunis pour faire face à la concurrence da la vanilline - produite par synthèse -, et pour promouvoir le produit naturel. Ces trois pays qui représentent à l’époque 85 % de la production mondiale signent à Saint Denis de La Réunion un accord sur une dénomination commune (vanille Bourbon), largement fondée sur la réputation acquise par la vanille réunionnaise.


Ainsi le nom : « vanille Bourbon » est devenu générique, cessant d’identifier l’origine purement réunionnaise du produit, sauf dans l’inconscient collectif des habitants locaux et de nombreux acheteurs. Le terme s’est trouvé galvaudé par la commercialisation de produits concurrents, dont la qualité faisait et fait encore très souvent défaut.


Malgré un contexte international désastreux les producteurs se réuniront dans la première coopérative agricole réunionnaise en 1950, tandis que certaines familles continueront jusqu’à nos jours à se transmettre de père en fils parcelles et savoir-faire associés.


Depuis qu’elle existe, la vanille réunionnaise a toujours voyagé, sur les bateaux d’abord et puis sur les avions, pour arriver dans les boutiques gastronomiques, les épiceries fines, sur les tables de consommateurs aisés et à la recherche d’exotisme, de parfums et de saveurs venant de l’autre bout de la planète.


Les savoir-faire développés sur l’île puis exportés dans le monde entier sont connus des connaisseurs, qui n’hésitent pas à rattacher la vanille réunionnaise à une teneur moyenne en vanilline de 2 %, aux notes uniques de pruneaux et de tabac, à l’aspect huileux, au toucher soyeux et à la couleur uniforme allant du marron chocolat au marron chocolat foncé. Autant de qualités qui ne se retrouvent pas ailleurs et qui contribuent à distinguer la vanille de la Réunion.


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