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Grands projets avortés : la MCUR

Publié le 24 février 2023

Visite virtuelle de la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise, qui devait ouvrir en 2011 au-dessus du cap de la Marianne à Saint-Paul. "Musée de culture, d’histoire et de société, espace scientifique, d’animations, de jeux, de repos, de loisirs, de rencontres et lieu de mixité sociale" porté par la Région Réunion, il fut abandonné après les élections régionales de 2010, alors que le cabinet d’architectes X-TU était sélectionné sur concours international pour sa réalisation.

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En 1999, Paul Vergès, président du Conseil régional de 1998 à 2010, lance le projet d’une Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise. C’est ainsi qu’il le décrit en 2005 : ‘‘La Maison des Civilisations et de L’Unité Réunionnaise est un musée vivant où les mémoires individuelles et collectives conversent, où l’archive du temps présent continue de se constituer, où des animations pour tous publics côtoient des espaces d’expositions, de rencontres et d’échanges. C’est le lieu où toutes les origines sont partagées, où toutes les mémoires sont mises en commun, où les différences culturelles construisent la dynamique de l’unité.’’

panneau de signalisation installé en 2009

Sur un peu plus de 9 000 m² étalés sur cinq niveaux, la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise, dessinée par le cabinet d’architectes français X-TU, devait être un grand centre culturel de l’océan Indien. Son espace d’exposition de 3 500 m2 (dont 2 400 m2 pour l’exposition permanente et 400 m2 pour les expositions temporaires) devait proposer aux visiteurs, à travers cinq séquences, de parcourir l’histoire du bassin civilisationnel dans lequel baigne l’île de La Réunion. Pour le Conseil Régional de la Réunion, porteur du projet, la MCUR a pour objectif d’être un centre culturel et un musée proposant une programmation originale, riche et ouverte : expositions, spectacles, projections de films, conférences et animations socioculturelles à destination du public.


« L’objectif de la MCUR est de conforter l’unité réunionnaise par la réévaluation des différents apports constitutifs de son identité et par l’épanouissement des valeurs créées par les échanges. La forme architecturale en spirale, marquant l’unification des cultures de l’Ile de La Réunion, exprime aussi une nouvelle vision de la muséologie, interactive, propice à la rencontre entre individus, entre cultures, dans un espace vivant, préservant au cœur une aire boisée des particularités botaniques réunionnaises.


A l’imaginer, c’est un espace favorable à l’appropriation de notre histoire aux moult horizons. Ludique, les enfants pourront visionner des images d’antan, entendre des voix d’hier et d’aujourd’hui, en créole, en malgache, en chinois..., pendant que leurs parents, dans une ambiance feutrée, participeront à tel ou tel sobatkoz. Concerts, expositions, aires de repos, de visite, c’est un monument qui devrait attirer bon nombre de Réunionnais, de scolaires, d’étudiants, de touristes, un monument qui constellera l’originalité réunionnaise à travers l’Océan Indien et le monde ».


Le site

La Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise s’ouvrira à Plateau Caillou, Saint-Paul, lieu historique du peuplement définitif de l’île au dix-septième siècle. Le terrain est situé en hauteur et s’ouvre sur un large panorama d’où l’on voit l’océan, la côte, les villes de Saint-Paul et du Port et les hauts de l’île. Accessible en voiture par la grande route des Tamarins, ou à pied de la côte, non loin de l’arrêt du futur tram-train, la MCUR sera construite au milieu d’un grand parc de vingt hectares où se dérouleront des activités culturelles.


Projet majeur de la Région Réunion, bénéficiant du soutien financier et logistique de l’Etat français et de la Communauté européenne, parrainé par des personnalités de la culture et de la recherche, un concours international d’architecture est lancé début 2006 pour la réalisation de la MCUR. Le projet architectural retenu est celui de X-TU, équipe française de jeunes architectes (Anouk Legendre et Nicolas Demazieres).


Visite virtuelle

Voir la vidéo de visite virtuelle


Le parti pris architectural est celui d’un mouvement spiralé, qui s’ouvre à deux extrémités. Pour l’ambiance intérieure, puisque le parcours sera en boucle autour d’une grande kour et de l’exposition de référence, l’architecte a choisi de placer la nature au centre de l’ouvrage. En ce qui concerne l’organisation interne, la MCUR sera structurée autour de trois principaux niveaux : la place publique (entrée, restaurant, boutiques, terrasses...), le musée et enfin le centre ressources. Et sous le bâtiment, un espace ombragé.


Les aménagements paysagers tiennent compte du fait que le projet se situe dans un site en pleine mutation (future ZAC Renaissance, livraison de la route des Tamarins, projet de réserve naturelle autour du Cap La Houssaye, arrivée future du tram-train et nouvelle vocation pour la route littorale sur Saint-Paul). Seront plantées des espèces choisies en fonction du site.

La MCUR proposera une "bibliothèque virtuelle", une salle d’exposition temporaire, une galerie d’art contemporain, une salle de débats, deux salles de séminaire, une librairie et une boutique de très haute qualité, un auditorium, des espaces où le visiteur rencontrera les traditions orales et les mémoires, une salle d’archives, des ateliers éducatifs, des studios de résidences temporaires pour les écrivains, comédiens, artistes, chercheurs, enfin, une cafétéria salle de restauration.


En ce qui concerne la muséographie, tout a été conçu pour que le visiteur soit mis dans les pas d’un voyageur du monde indiaocéanique du Ve au XXIe siècle. Le parcours est décomposé en 6 séquences :
-  “Moi, voyageur... le développement du monde” ;
-  “L’âge d’or de l’océan Indien : 5e/15e siècle)” ;
-  “L’esclavage colonial et ses mondes : 1725/1848)” ;
-  “L’âge des empires : 1848/1976” ;
-  “La Réunion du temps présent : 1976/2000” ;
-  “Le souci du monde”.


Les objectifs de La Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise :

– Témoigner de la culture des peuples.
– Placer la société réunionnaise au centre de la réflexion.
– Créer un espace de synthèse, un lieu d’approche comparative des différentes civilisations dont sont issus les habitants de l’île : Afrique, Asie, Europe, île de l’océan Indien, Monde musulman, et faire découvrir les liens qui réunissent ces espaces géographiquement éloignés.
– Produire de nouvelles solidarités, de nouveaux projets de société.
– Améliorer la vie dans la cité.
– Susciter la curiosité, la soif de connaissance.
– Conjuguer apprentissage et loisir, réflexion et plaisir.


La culture réunionnaise est une culture fondée sur l’hospitalité. A travers les siècles, des « étrangers » sont arrivés sur l’île et se sont mêlés à la culture réunionnaise, tout en y ajoutant leurs propres richesses. Accueillir l’autre, l’inviter à s’asseoir, à se reposer, parler, écouter, partager… tout cela témoigne du désir de s’enrichir et d’imaginer le bien commun. La Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise se veut espace d’hospitalité. Ainsi, elle veut répondre aux attentes de tous les publics : les publics habituels des équipements culturels – y compris les scolaires, les étudiants, les chercheurs, les touristes – mais aussi toutes celles et ceux désirant se recueillir dans un espace de repos et de réflexion.


C’est à partir des questions de la société réunionnaise que la MCUR organise son programme : D’où venons-nous ? Comment et pourquoi notre société s’est organisé ainsi ? Quels choix devons-nous faire pour améliorer nos vies ? Pour mieux préparer notre futur ? Que sera notre île dans 50, 75 ans ? La MCUR répond à une série de questions que les Réunionnais se posent aujourd’hui. Elle leur offre un lieu d’échanges, de débats. Un lieu où comprendre la société réunionnaise, et où participer à son développement futur, d’une manière harmonieuse.

Le centre culturel Tjibaou ouvert en 1998 en Nouvelle Calédonie

Un travail déjà entamé

Depuis janvier 2006, une campagne de collecte du patrimoine culturel réunionnais du temps présent (1900-2005) est organisée sur tout le territoire de l’île. Cette campagne a pour objectif de constituer une partie de la collection du musée. Il s’agit d’identifier et de collecter des objets et des lieux mémoriels du 20è siècle : le savoir et le savoir faire populaires, les « petits » objets du quotidien, les mémoires sociales, la culture immatérielle… En décembre 2006, plus de 500 objets ont déjà été collectés. Répertoriés et classés, ils font partie de la collection des mémoires du temps présent. La collecte va se poursuivre jusqu’à l’ouverture de la MCUR et continuera ensuite, en situation, dans le musée.

Zarboutan Nout Kiltir

Sur le modèle des trésors vivants du Japon, la direction scientifique et culturelle de la MCUR a créé un titre honorifique : Zarboutan Nout Kiltir (« pilier de notre culture »). Ce titre est décerné annuellement à des Réunionnaises et Réunionnais qui ont œuvré pour la préservation, la transmission et la création dans le domaine du patrimoine culturel réunionnais vivant, mais dont le savoir et les pratiques n’ont pas été reconnus publiquement par la société.


Chaque année, une cérémonie est organisée pour remettre le titre aux lauréats. Une publication valorise leur contribution. En 2004, ce titre a été remis au Rwa Kaf, conteur, chanteur de maloya et spécialiste des plantes médicinales ; en 2005 à Firmin Viry, Granmoun Lélé, Gramoun Baba, Gramoun Bébé, grandes figures du maloya. En 2006, il a été remis à sept tisaneuses, spécialistes des plantes médicinales vernaculaires : Micheline Idmont, Célia Jehu, Hiloïse Rivière, Ginette Rodelin, Rita Técher, Judith Tibère et Marie-Céline Virapinmodely. Leurs connaissances, leurs thérapies du corps et de l’âme, leurs savoir-faire constamment renouvelés, ont des sources africaines, malgaches, comoriennes, françaises, indiennes et chinoises, qui se sont rencontrées et créolisées sur l’île. Par leurs pratiques et leurs savoirs, les tisaneuses, dont le rôle social et culturel se situe au croisement des pratiques profanes et des pratiques sacrées, proposent une alternative et un complément aux thérapies chimiques traditionnelles.

Le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée ouvert en 2013 à Marseille (MUCEM)

Le 1er octobre 2009, le maloya est reconnu par l’UNESCO Patrimoine culturel immatériel de l’humanité . C’est la première fois qu’un élément de la culture réunionnaise est ainsi honoré par une organisation des Nations unies. Le dossier de candidature indiquait que : « la future Maison des Civilisations et de l’Unité réunionnaise, dont l’ouverture est prévue en 2011, a un rôle important à jouer ».

Objet de polémique pendant la campagne des élections régionales de 2010, l’élection du nouveau président Didier Robert signe l’arrêt de mort du projet. 


Sources article : Wikipedia / extraits presse / Photos www.xtuarchitects.com


Les autres projets architecturaux proposés :


Cinquante équipes de renommée mondiale répondent à l’appel à candidatures pour la construction de la MCUR. Un jury international retient fin août 2006, cinq équipes parmi 50 candidatures venues des quatre coins du monde. Berger et Parkkinen Architekten (Autriche) qui a réalisé le Musée de la Mer à Kotka en Finlande et l’Ambassade des pays nordiques à Berlin, Peï Partnersship Architects LLP (USA/France) qui a réalisé le Musée National d’Esclavage aux Etats-Unis et le Musée Suzhou en Chine, Rudy Riccioti (France) qui, lui, a conçu le Musée des Civilisations de l’Europe à Marseille et le Département des Arts de l’Islam au Louvre, X TU (France) le Musée de la Préhistoire à Jeongok en Corée du Sud et l’extension du Musée d’Art Moderne à Lille, et Coop Himmeblau (Autriche) le Musée des Confluences à Lyon et le Musée d’Akron - OHIO Etats- Unis. Chaque équipe s’est associée à un cabinet d’architectes réunionnais. Le lauréat est désigné par un jury international.









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