La Réunion lontan : cinémas et boîtes de nuit
En 20 photos, découvrez l’histoire des débuts du cinéma sur l’île, introduit en 1896 par l’artiste-peintre saint-pierrois François Cudenet. En fin d’article : de la Soucoupe Volante à la Plaine des Cafres à chez Marcel à Saint-Denis : aperçu de la vie nocturne réunionnaise.
Avant le cinéma : le théâtre de Saint-Denis...
Extraits de la Revue Historique de l’océan Indien : "Les débuts du cinématographe à la Réunion, 1896-1905 : innovation technique ou objet d’art en devenir ?", par Frédérique Gonthier :
Le cinéma à La Réunion est apparu en 1896 grâce à François Cudenet qui propose les premières projections des films des frères Lumière à Saint-Denis. Né à Saint-Pierre le 5 novembre 1836, François Cudenet est un homme aux talents multiples. Peintre, dessinateur, professeur de sciences, mathématiques et naturelles, musicien, il est aussi photographe.
En janvier 1896, alors qu’il est en voyage à Paris, François Cudenet assiste à une séance cinématographique d’Auguste et Louis Lumière au Grand Café. Enthousiasmé par leur invention, il décide d’acheter un appareil similaire et de le ramener sur son île. Revenu avec le projecteur Mendel, il procède à la première projection de l’histoire de La Réunion le 17 décembre 1896 à dix heures à l’hôtel de ville de Saint-Denis
La première séance est privée. Cudenet convie une cinquantaine de personnes à assister aux premiers essais de son appareil et à la projection de films des frères Lumière. Les jours suivants, les représentations sont publiques. Plusieurs quotidiens rapportent l’événement.
Le Petit Journal de l’ile de La Réunion, au lendemain des premières projections, écrit : « Expérience parfaitement réussie » pour l’appareil qui donne l’« illusion du mouvement ». « La première soirée du cinématographe, le dernier cri de la science photo-électrique ». Les Réunionnais sont en extase face à la technique.
Les opérations cinématographiques continuent pratiquement tous les soirs à l’Hôtel de Ville, puis, début 1897, à Saint-Paul, Saint-André, Saint-Benoît et les autres quartiers. Dès 1897, la Réunion peut voir la neige grâce au film Lumière La Bataille de Neige. Les programmes annoncent des vues d’autres pays telles que Alger, place de Charine, Le Tsar et son escorte. Le Niagara ou encore Le Pont de Brooklyn.
Que ce soit au théâtre, à l’Hôtel de Ville, à l’Hôtel d’Orient de Saint-Denis ou encore à l’école de la rue des Bons Enfants à Saint-Pierre, le scénario est le même. L’appareil est placé au centre de la salle afin d’obtenir une bonne image à la projection. Le seul éclairage provient des projections qui s’animent devant les spectateurs, sur un drap épais et blanc. Au démarrage de l’appareil, des réactions d’extase se font entendre. Sur la toile tout s’anime, tout bouge : la vie est là ! La stupéfaction est totale et unanime.
Lors des premières projections publiques, les spectateurs, très agités, interpellent directement le héros sur l’écran pour l’encourager ou le mettre en garde d’un danger. L’ambiance dans la salle de cinéma est bruyante. Après la projection, les jeunes passent des heures à se remémorer le film, à se le raconter et à se rejouer des scènes vues quelques heures plus tôt.
Marius Rubellin prend ensuite le relais de ces diffusions avec l’appareil cinématographe Lumière. Le succès est immédiat. La première salle est inaugurée en 1905. Le Casino, situé à Saint-Denis, propose des films muets.
Le cinéma Casino est inauguré officiellement en 1935. Il fait aussi office de salle de spectacles et de réceptions. Cette salle a accueilli aussi bien les meetings politiques, les réunions syndicales que les cérémonies de remises de prix pour les élèves lauréats. Ce lieu a vu la création du syndicat général du personnel du CPR en avril 1936 et celle du syndicat des dockers en juin 1936.
En 1936, Armand Moreau ouvre Le Cristal à Saint-Benoît. Mais la majorité des cinémas réunionnais appartiennent à la société Investissement commerce et cinéma (Icc), créée par Kasimir Drotkowski, qui détient également de nombreuses salles dans l’océan Indien. Cette entreprise familiale a longtemps été la seule à diffuser des films dans cette région du monde. Des concurrents ne sont venus se greffer sur le paysage cinématographique que très récemment, à l’image de Mauréfilms en 1998, dirigé par Yves Ethève, ou Ohana Cinéma qui s’est spécialisé dans l’art et l’essai.
Lieux nocturnes, de fête et boites de nuit :
+ d’infos sur l’histoire de Chez Marcel : https://7lameslamer.net/chez-marcel-derriere-la-porte-en-1107/