Publicité

La Réunion lontan - se nourrir : les fruits de la terre

Publié le 15 août 2021

Une histoire de l’agriculture péi en 30 photos et textes. Il existe peu d’endroits dans le monde où une si grande variété agricole peut être observée sur un espace aussi restreint (2 500 km²). A la Réunion, la diversité des climats provoquée par les différences d’altitude et par la position géographique de l’île a engendré un vaste éventail de productions allant des cultures purement tropicales (mangue, canne à sucre, vanille...) aux productions caractéristiques des zones tempérées (pomme de terre, élevage laitier, ...). 

Lire aussi : La Réunion lontan : primauté mondiale sur la vanille / La mer nourricière / Usines et industrie du sucre


Sélection réalisée à partir des photos postées par les membres du Groupe Facebook Réunionnais du monde et l’Iconothèque historique de l’océan indien / Extraits textes : www.atlasdespaysages-lareunion.re/


La quasi-totalité des fruits et légumes courants peut être produite à La Réunion grâce à l’ensoleillement et aux différents gradients d’altitude.


Aux vertes et lumineuses étendues de canne succèdent des vergers ombreux de manguiers et de letchis, des forêts cultivées pour la discrète vanille, des « alpages » ouverts sur les cieux des hauts et balayés par les nuages, des pâtures où les vaches ruminent à l’ombre des fougères arborescentes, des damiers de parcelles où se succèdent ananas, poireaux, oignons, géranium et tomates.


La vocation agricole diversifiée de l’île est fondée sur son potentiel naturel, mais elle est également largement ancrée dans son histoire. Cette histoire se scinde principalement en deux périodes : celle de la conquête des terres, du café et de la diversification des cultures aux 17e-18e siècles, et celle liée à la canne à sucre à partir du 19e siècle.


La mode du café, née dans les dernières années du règne de Louis XIV, prend de l’ampleur sous Louis XV. Après des premiers essais engagés en 1709 à La Réunion, le gouverneur Justamond ordonne en 1715 que chaque colon plante au moins cent caféiers (moka) par individu vivant sur sa plantation (libre ou esclave). L’ordonnance du Conseil supérieur de Bourbon du 1er décembre 1724 punit même de mort les malfaiteurs qui détruiraient leurs beaux caféiers. Ce développement du café transforme les paysages de l’île, mais aussi son paysage social avec le développement de l’esclavage et l’enrichissement des plus fortunés et dynamiques capables d’investir. 


Dès son arrivée en 1735, Mahé de La Bourdonnais, gouverneur générale de l’île, conforte la vocation agricole de La Réunion, complémentaire à la vocation plus commerciale de Maurice, avantagée sur ce point par ses rivages plus accueillants au trafic maritime : port, escale militaire, escale sur la route des Indes. La Réunion quant à elle a vocation à servir de réservoir de main d’œuvre et de produits agricoles.

Cilaos

A côté du café, les colons sont incités à produire du blé nécessaire aux navires de passage. Ils développent également le tabac, le coton (vers la Rivière d’Abord), l’indigotier (acheté à Saint-Domingue), le maïs, le riz, les plantes à parfum, les plantes vivrières, et les épices, ces dernières favorisées par Joseph Hubert à partir des conquêtes de Poivre. 


L’apogée de la diversité paysagère de l’île Bourbon se situe sans doute au tournant du 18e et du 19e siècle : le blé et le maïs dominent partout, l’élevage dans les parties basses de l’ouest et du sud, le riz et les légumes sur les mi-pentes, le coton un peu plus haut.


A partir du début du 19e siècle, le développement de la canne à sucre va progressivement supplanter de nombreuses cultures et contribuer à unifier quelque peu les paysages des pentes cultivées. 


Mais pour faire face à l’effondrement du cours du sucre à la fin du siècle et à la crise économique, la diversification est à nouveau recherchée : production de vanille (on exporte 199 tonnes en 1902), développement du manioc pour faire du tapioca (introduit dès 1736 par La Bourdonnais ; 4000 tonnes de farine exportées en 1909), mais aussi thé, mûrier, coton, paille chouchou, plantes à parfum. Ces dernières sont variées : ylang ylang vers La Possession/Saint-Paul, géranium et vétyver dans les hauts, gardénia et patchouli à La Montagne, mais aussi champac, longose (dont on extrayait une cire servant de base aux parfums), etc. Les belles années des plantes à parfums se situent vers 1930.


Pendant la deuxième guerre mondiale, les plantes vivrières sont cultivées pour assurer la survie de la population, avant le retour de la canne au premier plan après la départementalisation.

Empaquetage et emballage de paille de chouchou



Fabrication du rhum marron avec un fangourin (1930)




Station agronomique de la Providence à Saint-Denis


Vétiver

Dans les années 60, avant qu’une crise profonde et durable en provoque l’abandon, la commune de Saint-Joseph était la capitale mondiale du vétiver, produit avec une quantité moyenne de 40 t/an. Les quartiers des Lianes, du Carosse et de la Plaine des Grègues étaient les zones spécialisées dans cette culture très importante car il faut savoir qu’à l’époque, un hectare de vétiver permettait au planteur d’avoir un revenu comparable à celui d’un instituteur (Géraud, 2009).

Récolte dans un champ de géranium




Champ de lentilles et paillotes à Cilaos
Battage des lentilles













L’accroissement démographique rapide de l’île constitue un enjeu pour l’agriculture, qui couvre aujourd’hui près de la moitié des besoins en produits alimentaires, grâce à des filières organisées, capables d’alimenter les industries agroalimentaires locales.


Si la canne à sucre structure toujours le paysage et occupe plus de 55% de la surface agricole, l’agriculture s’est efficacement diversifiée au cours des dernières décennies dans une logique d’import-substitution.


Le déclin des productions traditionnelles de géranium et de vanille s’est accompagné du développement des productions de fruits et légumes, de viandes et d’œufs, essentiellement tournées vers le marché du frais. Cette évolution permet de couvrir 70% des besoins du marché du frais par la production locale, et 50% en y incluant les produits transformés.


Bientôt des séries à venir sur le Sucre et la Vanille...


VOIR D’AUTRES PHOTOS DE LA RÉUNION LONTAN

Publicité