Le Bal Tamoul, la nouvelle exposition du Musée Stella Matutina dévoilée en 15 photos
C’est un savoir-faire réunionnais venu de l’Inde. Le Bal tamoul ou encore Bal malbar ou Narlgon est à l’honneur du Musée Stella Matutina jusqu’au 21 avril 2024. Un aperçu de cette exposition en 15 photos !
(Info Partenaire - Photos : ©Antonio Prianon)
On appelle à La Réunion « Bal tamoul » ou encore « Bal malbar », le « narlgon - nardégom » qui est un terme dérivé du tamoul « madâgam ». Il s’agit d’un théâtre populaire qui tire son répertoire des grandes épopées indiennes comme le Mahâbhârata et le Ramayana. C’est, au départ, un théâtre amateur qui mêle à la fois la danse, le chant et le mime. Il est dirigé par un homme que l’on nomme le Vartial. C’est un véritable chef d’orchestre et le récitant principal, qui chante en langue « tamoule réunionnais » l’histoire des personnages mythiques et épiques indiens. Il résume les scènes et interpelle le public, le plus souvent, aujourd’hui, en créole réunionnais.
Le Bal tamoul est une forme collective et aux côtés du Vartial on retrouve musiciens-es, chœurs, danseurs-es, comédiens-es, assistants... Les comédiens-es arrivent sur scène selon un protocole et un séquencement qui donne à la pratique une véritable structure, un scénario qui se répète pour des histoires qui sont différentes. Les comédiens-es ont leur visage grimé. Ils portent des costumes colorés et des masques de divinités indiennes. Ils dansent et miment les actions sur scène. Il n’y a quasi pas de diction, de déclamation. C’est un narratif où la principale parole est le chant et les prières. La compréhension est dans la gestuelle, le regard, les mimes, la provocation, les combats et les interventions du Vartial.
UN SAVOIR-FAIRE RÉUNIONNAIS VENU DE L’INDE
Le Bal tamoul était pratiqué par les engagés indiens, venus, après l’abolition de l’esclavage, travailler à La Réunion sous contrat au XIXe siècle. Aujourd’hui encore, ce sont principalement les Réunionnais ayant une ascendance indienne qui sont les Vartial et constituent le socle de la communauté des praticiens. Pour autant, c’est une pratique ouverte à tout un chacun, notamment parmi les comédiens-es, les chœurs et musiciens-es. C’est une pratique qui trouve ses sources dans l’Inde du sud, dans le monde rural, là où sont majoritairement issus celles et ceux qui sont venus-es à La Réunion. Ils ont apporté avec eux leurs coutumes, des pratiques concernant l’hindouisme et ses rituels. Leur contrat d’engagement stipulait certaines libertés, notamment celle du culte. Regroupés sur les plantations de cannes à sucre, ils mirent en commun leurs savoir-faire, leurs croyances et aussi les manifestations culturelles et festives telles que le Bal tamoul.
La pratique s’est de plus en plus ouverte à la fois aux femmes et aux enfants qui jouent les rôles qui correspondent à leur genre et âge. Longtemps, les hommes jouaient la totalité des rôles. La pratique a été un espace d’expression permettant à cette population laborieuse de surmonter les épreuves en prenant exemple sur les héros et héroïnes de tel ou tel récit. Le Bal tamoul se jouait dans les espaces sacrés (koylou), chez le particulier, puis a évolué vers les temples, surtout à l’occasion de cérémonies telles que la marche sur le feu, le Dipavali ou le Jour de l’an tamoul. Les pénitents ne pouvaient ni rentrer chez eux (pas de transport) ni dormir sur place (des maisons trop petites). Le Bal tamoul les tenait éveillés. La manifestation débutait au crépuscule pour se terminer aux aurores. La pratique a évolué. Il n’y a quasi plus de si longues soirées. On tend vers des formes variées, moins longues, dédiées au spectacle dans des lieux culturels tout en continuant également au temple.
LE PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL À LA RÉUNION
La pratique est sous tension car les Vartial vieillissent et la mobilisation des jeunes n’est pas facile dans une société de divertissements immédiats. Il reste deux associations très actives. Elles font tout pour favoriser la transmission au sein de leurs écoles. Cette pratique est dans le cœur et l’esprit des Réunionnais-es. A ce titre et à la demande de la Région Réunion, depuis fin 2022 le Bal tamoul a été inclus par le ministère de la culture dans l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel.
Cette exposition est à découvrir au Musée Stella Matutina jusqu’au 21 avril 2024
Horaires : Du mardi au dimanche de 09h00 à 17h30.
Tarifs : Visite incluse dans le prix d’entrée du musée - Plein tarif : 9€ / Tarif réduit : 6€ / gratuit pour les moins de 4 ans
www.museesreunion.fr / 0262 34 59 60