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Le Bernica - premières photos de la Réunion

Publié le 5 mai 2021

« Il est un lieu sauvage au rêve hospitalier »… Chanté par Leconte de Lisle dans son recueil des Poèmes barbares, le Bernica est un des paysages emblématiques de la Réunion pour ses découvreurs. Il fait partie des premiers endroits immortalisés par la photographie sur l’île dès les années 1860.

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Situées sur la commune de Saint-Paul, les gorges du Bernica s’ancrent définitivement dans l’histoire littéraire française en laissant leur beauté romantique inspirer à George Sand le dénouement de son roman Indiana en 1832 puis, en 1858, à Leconte de Lisle un poème éponyme resté célèbre. Leconte de Lisle a écrit le poème Le Bernica, en souvenir de son enfance passée sur l’île Bourbon


Le Bernica.

Perdu sur la montagne, entre deux parois hautes,
Il est un lieu sauvage, au rêve hospitalier,
Qui, dès le premier jour, n’a connu que peu d’hôtes ;
Le bruit n’y monte pas de la mer sur les côtes,
Ni la rumeur de l’homme : on y peut oublier.

La liane y suspend dans l’air ses belles cloches
Où les frelons, gorgés de miel, dorment blottis ;
Un rideau d’aloès en défend les approches ;
Et l’eau vive qui germe aux fissures des roches
Y fait tinter l’écho de son clair cliquetis.

Bassin Pigeon

Quand l’aube jette aux monts sa rose bandelette,
Cet étroit paradis, parfumé de verdeurs,
Au-devant du soleil, comme une cassolette,
Enroule autour des pics la brume violette
Qui, par frais tourbillons, sort de ses profondeurs.

Si midi, du ciel pur, verse sa lave blanche,
Au travers des massifs il n’en laisse pleuvoir
Que des éclats légers qui vont, de branche en branche,
Fluides diamants que l’une à l’autre épanche,
De leurs taches de feu semer le gazon noir.


Parfois, hors des fourrés, les oreilles ouvertes,
L’œil au guet, le col droit, et la rosée au flanc,
Un cabri voyageur, en quelques bonds alertes,
Vient boire aux cavités pleines de feuilles vertes,
Les quatre pieds posés sur un caillou tremblant.

Tout un essaim d’oiseaux fourmille, vole et rôde
De l’arbre aux rocs moussus, et des herbes aux fleurs :
Ceux-ci trempent dans l’eau leur poitrail d’émeraude ;
Ceux-là, séchant leur plume à la brise plus chaude,
Se lustrent d’un bec frêle aux bords des nids siffleurs.


Ce sont des chœurs soudains, des chansons infinies,
Un long gazouillement d’appels joyeux mêlé,
Ou des plaintes d’amour à des rires unies ;
Et si douces, pourtant, flottent ces harmonies,
Que le repos de l’air n’en est jamais troublé.

Mais l’âme s’en pénètre ; elle se plonge, entière,
Dans l’heureuse beauté de ce monde charmant ;
Elle se sent oiseau, fleur, eau vive et lumière ;
Elle revêt ta robe, ô pureté première !
Et se repose en Dieu silencieusement.

Leconte de Lisle

Antoine Roussin, 1880
La jeunesse / Maurice Ménardeau, 1935

Dans les années Trente, le Bernica toujours un lieu de promenade où viennent se rafraîchir les citadins. On pouvait alors remonter en barque jusqu’à cette gorge depuis l’Etang Saint-Paul.











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