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Pour en finir avec les déchets à La Réunion – Mélissa Manglou

Publié le 17 août 2020

Doctorante en écologie politique, elle écrit une thèse sur les déchets à La Réunion et lance un appel à contribution.

Photos : centre d’enfouissement de Saint-Pierre


On estime que chaque année La Réunion importe environ 4 000 000 tonnes de marchandises et produit environ 4 300 000 de tonnes de déchets. La majorité de ces déchets finissent aujourd’hui en terre, dans les deux centres d’enfouissement de l’île, à Ste Suzanne et St Pierre. Lorsque cela est rentable, une petite partie des déchets dits recyclables chemine sur des bateaux vers l’Asie, l’Afrique ou l’Europe, sans que les citoyens et citoyennes ne sachent vraiment vers où et pour devenir quoi. Les politiques publiques actuelles feront bientôt partir les déchets dans les airs avec deux projets d’UVE en cours de construction : deux « Unités de Valorisation Énergétique » qui ambitionnent de récupérer une certaine quantité d’énergie lors de l’incinération des déchets.

Cette masse de déchets peut surprendre, car dans notre vie quotidienne tout est fait pour ne pas les voir : une chaîne de confiance lie l’individu à la collectivité chargée de la gestion des déchets, et le déchet semble disparaître une fois mis dans la bonne poubelle. Il resurgit dans notre imaginaire lorsque l’on aperçoit les centres d’enfouissement depuis notre voiture, ou lorsque l’on constate des dépôts sauvages sur des sites naturels. Il resurgit dans nos discours lorsque l’on demande aux individus de changer leurs habitudes en réutilisant leurs barquettes, en ramenant leurs déchets après leurs pique-niques, en essayant de ne plus acheter d’emballages, de ramener leurs sacs réutilisables pour faire leurs courses. Le débat est si encadré que l’on considère qu’il est anormal de voir des déchets par terre, mais normal si ce « par terre » est labellisé centre d’enfouissement.


Cette focalisation sur l’individu, qui persiste dans le monde entier, est surprenante quand on sait que plus des trois quarts des déchets produits sont issus des activités économiques et non du consommateur ou de la consommatrice lambda. Pour autant, les entreprises ne sont pas soumises aux mêmes réprimandes morales et légales que l’individu. Par ailleurs, les lois sur la production des emballages sont peu contraignantes : c’est qu’il y a beaucoup d’argent en jeu derrière cet objet en apparence apolitique et sans valeur.

Pour vraiment comprendre le problème des déchets sur l’île et proposer des solutions satisfaisantes, il faut en exposer les enjeux politiques, économiques et moraux, et replacer cette masse de déchets au sein du système de production et de consommation qui la produit : c’est l’objet du travail de recherche que je réalise.


Pour m’aider dans ce travail, je fais appel à vos témoignages. Compte tenu du contexte sanitaire actuel, je privilégie autant que possible les entretiens téléphoniques ou par visio, en créole ou en français. Vous pouvez me contacter en écrivant à [email protected] :

A l’échelle de votre vie, comment est-ce que vos habitudes de consommation ont changé et pourquoi ?
- Vous souvenez-vous de l’arrivée du plastique dans votre maison et dans vos magasins ? Comment l’avez-vous vécu ?
- Vous souvenez-vous de l’arrivée de la poubelle dans votre maison ? Puis de l’arrivée du recyclage ?
- Vous exercez une activité économique qui produit beaucoup de déchets : comment les gérez-vous ? Quelles sont les contraintes que vous rencontrez ?
- Etiez-vous au courant des projets d’Unité de Valorisation énergétique sur l’île ?
- Ces questions ne vous intéressent pas du tout : pourquoi ?
- Avez-vous déjà été victime de racisme sous prétexte de démarche dite écologique (par exemple, entendu quelqu’un dire que « les créoles sont sales », etc) ? Pensez-vous que l’écologie est « un truc de zoreil » ? Pourquoi ? 
- Connaissez-vous dans votre entourage des gramounes qui accepteraient de me parler de tout ça ?

Allons met’ ensemb’ !
Mélissa Manglou, doctorante en écologie politique


Mélissa Manglou – Bio express :

Après un bac littéraire au lycée Sarda-Garriga et trois années de classe préparatoire aux grandes écoles au Lycée Leconte de Lisle à St Denis, j’ai intégré l’École Normale Supérieure de Lyon où j’ai étudié l’anglais puis la gestion de l’environnement. Je suis aujourd’hui doctorante en écologie politique à l’Université de Lyon, financée par l’Ecole Urbaine de Lyon. J’écris une thèse sur les circulations de plastique et leurs déchets à La Réunion.

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