Publicité

Émeutes en Suède : une étudiante réunionnaise témoigne

Publié le 2 juin 2013

Arrivée il y a un an à l’université de Jönköping pour suivre un Master en Entrepreneuriat, Adrienne Pifarely a été surprise comme beaucoup par l’ampleur et la durée des récentes émeutes à Stockholm. Cette Dionysienne de 21 ans livre son regard la société suédoise.

Adrienne Pifarely
Quand j’ai vu la neige pour la première fois !

Qu’avez-vous pensé des émeutes qui ont secoué Stockholm pendant plusieurs nuits ?

Elles m’ont beaucoup surprise, comme beaucoup. La Suède est un pays habituellement « rangé », où les gens n’aiment pas faire de vagues. Le concept de "lagom", très présent ici, repose essentiellement sur la modération et la retenue. Résoudre un conflit pour les Suédois consiste à chercher un consensus et un compromis, en aucun cas recourir à des actes extrêmes. C’est dire si les troubles urbains de ces derniers jours sont en décalage avec la culture suédoise.

Selon vous, quelles sont les causes profondes de ces événements ?

Ils sont révélateurs pour moi d’un ras-le-bol général des immigrés, dont le nombre a beaucoup augmenté ces dernières années. L’intégration sociale est souvent difficile. Pour avoir un travail ou un petit boulot non qualifié, il est nécessaire de parler Suédois. Même quand c’est le cas, certains pensent être victimes de racisme et de discrimination. Les immigrés qui ne trouvent pas de travail n’ont pas d’autre choix que de se tourner vers les aides sociales. Mais il faut considérer aussi le fait que partout, il y a des gens qui aiment la violence et qui profitent de la détresse de certains pour tout détruire.

On a comparé ces émeutes à l’embrasement des banlieues en France en 2005. Qu’en pensez-vous ?

L’intégration sociale des descendants d’immigrés et le chômage des jeunes sont deux problèmes centraux que l’on retrouve en France. Des voitures ont été brûlées comme en 2005. Mais les émeutes en Suède ont été bien plus localisées et limitées que les violences qui ont embrasé les banlieues françaises il y a huit ans.

Est ce que vous aimez votre vie en Suède ?

Il fait bon vivre en Suède, malgré le froid... Jönköping est une jolie petite ville, entourée de lacs et de parcs. Le système de bus est une des choses que j’apprécie particulièrement en Suède. Il n’y a pas de difficulté à se déplacer sans voiture et sans permis, même la nuit, les jours fériés et les week-ends. Il est facile pour moi de communiquer avec les gens, car la plupart comprennent et parlent bien l’anglais. Petit bémol : le coût de la vie est franchement excessif, surtout si on aime sortir au restaurant, dans les pubs, au cinéma...

Adrienne Pifarely
Adrienne à l’université assure la promotion de La Réunion lors des journées internationales.

Qu’est ce qui en tant que Réunionnaise vous surprend le plus en Suède ?

Il y a beaucoup de choses auxquelles je ne suis pas habituée. Un exemple est la monnaie : 1 euro représente 8.5 couronnes suédoises. Quand je fais mes courses de la semaine, j’en ai pour 200 couronnes. Ça me paraît toujours beaucoup, mais au final, ça ne représente qu’un peu plus de 20 euros. Ensuite, je ne suis pas habituée aux saisons. Je n’avais jamais vu la neige auparavant et j’avoue que j’ai eu du mal en hiver, avec le jour qui commençait à 9h du matin et la nuit qui tombait à 15h ! Pareil pour l’été en ce moment. Le jour se lève à 4h du matin et finit à plus de 22h.

Comment voyez-vous l’avenir du pays au cours des prochaines années ?

La Suède est un pays qui je pense, continuera à être leader dans la recherche et développement de nouvelles technologies. Dans un autre registre, ce pays est précurseur et un réel exemple pour l’égalité des sexes. Une proportion très importante de femmes travaillent en Suède et ont des diplômes. De leur côté, les hommes ont des congés parentaux généreux. Enfin, le pays restera sûrement au top dans le domaine de l’environnement et du recyclage des déchets. Respect de la nature et propreté des villes sont déjà une réalité ici.

Article paru dans Le Quotidien du 2 juin 2013

Voir le profil d’Adrienne Pifarely

Plus d’infos sur les étudiants réunionnais dans le monde

étudiante réunionnaise en Suède
Publicité