Publicité

La Croatie 28ème état membre de l’UE : un Réunionnais témoigne

Publié le 8 juillet 2013

Conseiller de coopération à Zagreb, Jean-Marc Cassam Chenai a participé à l’accompagnement de la Croatie dans l’UE. Ce Dyonisien travaille depuis plusieurs années sur le processus d’adhésion des PECOS : Pays d’Europe centrale et orientale.

Jean-Marc Cassam Chenai

Racontez-nous en quelques mots le parcours qui vous a conduit à Zagreb.

De formation juridique, je commence ma carrière à la Ville de l’Etang-Salé, avant de rejoindre le Conseil Général de la Réunion. Par la suite, je me spécialise dans la gestion des fonds structurels européens à l’AGILE, dont j’assure la direction de 1995 à 1998. Puis je poursuis ma carrière en métropole, au Conseil général des Pyrénées Atlantiques. En 2003, je pars travailler en Europe centrale pour apporter un appui technique dans le processus d’adhésion des pays d’Europe centrale et orientale. Enfin en 2010, je suis nommé Conseiller de coopération et d’action culturelle, et Directeur de l’Institut français à Zagreb pour le Ministère des Affaires Étrangères.

Le 1er juillet 2013, la Croatie est devenue le 28ème état membre de l’Union européenne. Comment a été accueillie cette nouvelle ?

Dans le milieu diplomatique et institutionnel auquel j’appartiens, c’est un sentiment très positif. Une grande partie de l’action de coopération administrative et européenne a contribué à accompagner ce long processus d’adhésion pour lequel la France a toujours soutenu la Croatie. De son côté, la presse croate retrace l’important travail de réforme que le pays a mené - justice, démocratie, économie - tout en soulignant le fait que ce processus doit se poursuivre et amener le pays à se moderniser et conforter sa compétitivité.

Quel est le sentiment dans la population croate ?

Même si l’enthousiasme n’est pas débordant, je crois que les Croates sont fiers et heureux d’être membre de l’UE. Ils se sentent profondément européens. A mon sens, cette adhésion est considérée comme un "retour" dans une Europe à laquelle ils appartiennent géographiquement, culturellement et du point de vue politique. Ce sentiment est accentué par le fait que le processus a été long (dix ans) et semé d’embûches. S’ils savent que tous leurs problèmes ne seront pas résolus, les Croates ont le sentiment d’appartenir à une Union qui peut leur apporter beaucoup, et à laquelle ils peuvent contribuer. Les jeunes sont encore plus sensibles à cette étape, et espèrent beaucoup que cette ouverture favorisera une plus grande mobilité.

Quels sont les défis qui attendent maintenant la Croatie ?

Ce sont surtout des défis économiques, notamment la lutte contre le fort chômage des jeunes. Le tourisme qui constitue un fort potentiel doit se développer et les infrastructures se moderniser. Il faut aussi diversifier l’activité, en s’appuyant notamment sur l’excellence scientifique des Croates. Dans le défi de sa modernisation, la Croatie pourra compter sur les fonds structurels européens : un milliard d’euros par an en moyenne à partir de 2014. Sa jeunesse est également un atout.

Selon vous cette adhésion a-t-elle une incidence sur la stabilité des Balkans et de l’Europe centrale ?

Cette adhésion va apporter une stabilité plus grande. La Croatie doit faire face à de nouvelles responsabilités car elle devient l’une des frontières externes de l’UE. Elle a cette ambition de "montrer" le chemin aux autres pays qui ont déjà pour certains le statut de candidats. De son côté l’UE s’étend vers le Sud Est et prépare le terrain dans cette zone, même si l’on sait que le chemin sera long et exigeant pour les nouveaux candidats.

Est ce que vous appréciez votre vie en Croatie ?

La qualité de la vie est bonne dans l’ensemble, conforme aux standards européens. Il y a un sentiment de grande sécurité au quotidien. Il est vrai que le pays ne souffre pas d’une immigration forte. La diversité de ce pays, la proximité de Zagreb avec Budapest et Vienne, font de cette capitale un lieu exceptionnel situé du reste à 1h30 de la mer et autant de la montagne. La côte adriatique est extraordinaire, riche d’un patrimoine historique de l’époque romaine et médiévale. Plus de 1000 îles prolongent le littoral déjà magnifique depuis l’Istrie, à la frontière slovène et italienne, jusqu’à Dubrovnik dans le sud de la Dalmatie. La mer et les paysages du littoral me rappellent parfois la Réunion, même si l’Adriatique n’a rien à voir avec l’océan Indien.

Article paru dans Le Quotidien du 7 juillet 2013


Voir le profil de Jean-Marc Cassam Chenai

- D’autres regards sur l’actualité

Publicité