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La visite du président français vue par une Réunionnaise des Etats-Unis

Publié le 17 février 2014

Ingénieure chez Google à Seattle, Nadia Payet a suivi de près la visite de François Hollande, qui s’est notamment adressé aux géants de l’Internet et aux expatriés français de la Silicon Valley en février 2014. Cette Saint-Andréenne de 31 ans, primée « Talent de l’Outre-mer », travaille pour Google Maps sur les téléphones et tablettes Android.


Nadia Payet

Dans quel contexte se situe la visite du président français aux Etats-Unis ?

Les Américains ont à coeur de redorer leur blason après le scandale des espionnages du gouvernement et les problèmes avec la NSA. On a l’impression que Barack Obama a mis « les petits plats dans les grands » pour accueillir François Hollande. La réception donnée en l’honneur du président à la Maison Blanche était très élaborée ; beaucoup de personnalités d’Hollywood et du show-biz ont fait le déplacement.

Est ce que cette visite a été très médiatisée ?

Cela faisait 30 ans qu’un président français n’était pas venu en visite officielle à San Francisco. Il y a aussi une très large communauté tricolore en Californie, donc la visite du président a fait le "buzz" là-bas. Mais ailleurs aux Etats-Unis, en tout cas à Seattle où j’habite, on n’en a pas vraiment entendu parler. C’est assez regrettable, mais pas vraiment étonnant. La visite du président français n’a pas fait couler autant d’encre que le "scandale" autour de ses activités extra-conjugales.

Quelle est l’image des Français aux Etats-Unis ?

Dans mon secteur, les nouvelles technologies, les Français sont très prisés car en France, on forme des ingénieurs avec de solides bases théoriques, ce qui est plutôt rare aux Etats-Unis. J’ai beaucoup d’amis français qui habitent en Californie, et pas mal d’entre eux font partie de ces entrepreneurs de la Silicon Valley. Certains sont allés écouter le discours du président cette semaine. François Hollande ne débarque pas en terrain conquis auprès de ces expatriés qui sont venus créer leur entreprise aux Etats-Unis. La majorité d’entre eux sont partis pour éviter les longues démarches administratives françaises et les charges patronales... Surtout, ils sont partis pour trouver les investisseurs qu’ils n’arrivaient pas à convaincre en Europe.

Comment ont été perçus les propos du président parmi cette communauté française ?

Des échos que j’ai eu, François Hollande a répété être très fier des "cerveaux français" qui réussissent à l’étranger, mais il a aussi fait part de son regret que la France n’arrive pas à garder cette richesse intellectuelle. J’espère que cette visite lui a suggéré des solutions pour faciliter la création d’entreprise et le déblocage des capitaux en France... Nos expatriés sont peut-être une solution pour ramener de la richesse en France. Ils ont les contacts et l’expérience à l’étranger pour convaincre les investisseurs américains de financer des projets. Il faudrait aussi concevoir des programmes pour inciter les créateurs d’entreprises qui réussissent à revenir en France pour innover dans leur pays d’origine.

Fête du 14 juillet à Seattle, avec une présentation de vieilles voitures françaises

Quelle est l’image de la France aux Etats-Unis ?

La France est considérée comme un pays qui a un impact non négligeable sur les décisions politiques mondiales, avec une large présence sur la scène internationale. J’ai souvent entendu mes amis américains commenter que la France est un pays aux opinions très tranchées. Nous sommes souvent mis en contraste par rapport à la Grande-Bretagne, qui est considérée comme l’allié indéfectible, alors que la France est l’allié qui aime être en désaccord (guerre en Irak par exemple). La France est aussi le pays de la sophistication et de la bonne bouffe, et je m’efforce de perpétuer cette image chaque jour !

Fait-il bon vivre en 2014 aux Etats-Unis ?

Les entreprises ont recommencé à embaucher et le taux de chômage diminue. L’optimisme est de rigueur et le nouveau système d’assurance "Obamacare", qui empêche les assurances santé d’augmenter leur prix ou de refuser d’assurer les personnes avec des antécédents fait la fierté de nombreux Américains. Les assurances ont maintenant obligation d’assurer une prestation minimum pour tous les malades. Le seul point négatif que les Américains mentionnent souvent, c’est la dette astronomique du pays qui a augmenté au cours des dernières années.

Dans votre parcours personnel, y-a-t-il eu un « rêve américain » ?

Je pense faire partie des chanceux qui vivent totalement le rêve américain. Mon Ph.D (doctorat) m’a ouvert les portes de prestigieuses entreprises : Amazon pendant un an et maintenant Google. L’ambiance de travail dans ces entreprises est très détendue, les projets intéressants ne manquent pas. Les salaires sont très généreux et la qualité de vie dans le Nord-Ouest des États-Unis n’a rien à envier à la qualité de vie en France. Mais je n’oublie jamais que je dois tout (ou presque) à ma famille, qui m’a toujours soutenue et encouragée. Et je n’oublie pas la Réunion. Si les Etats-Unis sont eux-mêmes un pays d’immigration aux multiples visages, religions, et cultures, notre diversité réunionnaise nous offre une grande ouverture d’esprit, qui nous permet de nous adapter partout. C’est une grande chance que nous les Réunionnais ne devons pas sous-estimer !

Article publié dans Le Quotidien du 17 février 2014

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Nadia Payet

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