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Libération de Florence Cassez : un Réunionnais du Mexique témoigne

Publié le 27 janvier 2013

Originaire de Saint Denis, Matthias Petit de la Rhodière vit au Mexique depuis 2010. Employé par SDV Mexico - branche logistique du groupe Bolloré - il apporte un éclairage contrasté sur l’affaire Cassez, bien différent de la version développée cette semaine dans les médias français.

Matthias Petit de la Rhodière
"Photo prise à Hierbe el Agua dans le Sud du pays, état de Oaxaca, lors d’un séjour avec ma fiancée"

Pouvez-vous vous présenter s’il vous plait ?

Après un BTS Commerce International au Lycée de Sainte Suzanne, j’ai suivi une formation à l’INSEEC Bordeaux. Je vis au Mexique depuis 2010 à Guadalajara dans un premier temps où j’ai finalisé mon master à l’Université d’état de Jalisco. Puis j’ai déménagé en 2012 à Mexico City pour prendre le poste de French Desk au sein de SDV Mexico, branche logistique du groupe Bolloré.

Comment a été accueillie au Mexique la libération de Florence Cassez ?

La presse mexicaine de tout bord a largement commenté la libération de Cassez. De nombreux articles retracent les faits, depuis leurs débuts en 2005 jusqu’à la réception de la Française au Palais de l’Elysée. Les Mexicains vivent cette libération comme une trahison. Beaucoup sont indignés, car bien que des manquements évidents sont à mettre au compte de l’administration mexicaine, Florence Cassez est loin d’être la victime présentée par les médias français... De nombreuses versions circulent ici sur cette affaire, certaines impliquant notamment Sébastien Cassez , le frère aîné de l’accusée.

Qu’est ce qui dérange le plus les Mexicains ?

Les Mexicains que je connais sont indignés par l’accord politique passé en 2012 entre Calderon/Peña Nieto et Peña Nieto/Hollande, déguisé en décision judiciaire. Le président mexicain actuel est très critiqué au Mexique. Cette libération était pour lui l’opportunité de prendre position sur la scène internationale. Ensuite, la cour suprême de justice mexicaine n’a pas blanchi Florence Cassez, comme elle le crie haut et fort en France. Loin de proclamer son innocence, la cour s’est basée sur les manquements de l’administration judiciaire du gouvernement Calderon : mise en scène d’arrestation, non présentation immédiate des suspects au ministère public, non application des droits internationaux au moment de l’arrestation...

Selon vous, quel a été l’impact de cette affaire sur les relations franco-mexicaines ? 

Les Français vivant au Mexique n’ont pas vraiment souffert des dommages collatéraux liés à cette affaire, mais de trop nombreuses opportunités d’échanges culturels, de découvertes mutuelles ont été ratées ces dernières années... N’oublions pas en 2011 l’annulation pure et simple de l’année du Mexique en France ! Cependant cette affaire n’a pas affecté les échanges commerciaux entre les deux pays ; la France continue d’exporter au Mexique et devrait même intensifier ses exportations, notamment dans les secteurs pharmaceutique, cosmétique, aéronautique et automobile.

Quelle est l’image de la France au Mexique ? 

La France reste le pays aimé des Mexicains. Aller à Paris est un rêve pour beaucoup d’entre eux.
L’image de la France au Mexique, c’est l’image du luxe, de la haute gastronomie. L’histoire des deux pays s’entremêle à travers des événements (La Bataille de Puebla), des noms (Porfirio Diaz, Napoléon III)... Les Mexicains sont très accueillants et adorent présenter leur culture à l’étranger ouvert et réceptif.

Matthias Petit de la Rhodière
Photo prise lors d’un repas de "charros" ; A la fin de chaque "charreria" les "charros" se rassemblent pour partager un repas.
Brève explication de la charreria : http://westactshoot.clicboard.com/t6610-charreria

Fait-il bon vivre en ce moment au Mexique ?

La qualité de vie ici attire de nombreux étrangers : le faible coût de la vie, un climat agréable, une population très ouverte et très accueillante, un pays immense disposant d’une biodiversité impressionnante... En plus de ces atouts naturels, le Mexique est économiquement parlant la deuxième nation latino-américaine, challenger du géant brésilien.

Qu’est ce qui en tant que Réunionnais vous paraît proche et au contraire éloigné ? 

Parmi les différences, il y a les Indiens indigènes qui vivent en communautés, et utilisent un dialecte propre à leur tribu. Mais la société mexicaine montre un fort métissage qui rappelle un peu la Réunion. Certains points de la gastronomie rappellent aussi notre île : le goût pour les épices, les piments, la préparation du graton, l’utilisation du "pilon", la préparation de certaines sauces. Le « pico de gallo » n’est rien d’autre que notre rougaille tomate... Beaucoup de fruits et de légumes présents à la Réunion sont aussi présents au Mexique.

Article paru dans Le Quotidien du 27 janvier 2013


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