Publicité

Mondial 2010 : Ludivine Huet-Haupt témoigne en direct d’Afrique du Sud

Publié le 9 juin 2010

A quelques jours du début de la Coupe du Monde, le site lance en partenariat avec Le Quotidien une série d’interviews de supporters et de Réunionnais vivant en Afrique du Sud. Ludivine Huet-Haupt a séjourné dans ce pays dans le cadre de ses études en 1997, y a rencontré son futur mari et s’est installée en 1999. Elle a enseigné le français dans les collèges puis, depuis 2001, à l’une des trois universités du Cap : l’University of Western Cape. A travers son témoignage, on sent un réel engouement de la nation sud-africaine derrière son Mondial, comparable à la coupe du monde de rugby de 1995 qui avait uni le pays arc-en-ciel derrière les futurs champions du monde.

Ludivine Huet-Haupt

« Je vous dirais que je suis autant foot que rugby. J’ai assisté à la dernière victoire du XV de France sur les Springboks au Cap il y a quatre ans (ndlr : 26-36) et on était très fiers d’être français. Ce vendredi, j’assisterai à la cérémonie d’ouverture qui aura lieu à 14 heures, 16 heures à La Réunion, puis au match d’ouverture entre l’Afrique du Sud et le Mexique.

« Si vous m’aviez interrogée il y a trois mois, je vous aurais répondu que presque rien ne présageait de la tenue d’une telle compétition. Aujourd’hui, c’est la fièvre. Les drapeaux sud-africains sont partout, les brésiliens et italiens aussi car il existe de fortes communautés ici. La France est minoritaire. Pourtant, le consulat communique énormément, par exemple autour du match de rugby de samedi.

« Mes étudiants me parlent peu de La Réunion, que personne ne parvient à situer sur une carte. On connaît l’île Maurice, un peu Madagascar... Lorsqu’on parvient à la situer, les Sud-Africains pensent que l’île est encore une colonie de la France. Mes étudiants sont issus des townships ou de milieux défavorisés, ils sont très motivés pour apprendre le français car les langues étrangères ne sont pas obligatoires. Les Noirs parlent en premier le xhosa, les métis, ou coloured, parlent l’afrikans, la langue maternelle. L’anglais n’est qu’une langue seconde dans le pays, même pour les Blancs.

« Mes étudiants ont une vision romantique de la langue française à travers ses auteurs de renom. Je m’attache à ne pas mettre en avant les difficultés de la grammaire, j’insiste sur le fait que le français est aussi une langue africaine, c’est très important aussi pour faire passer le message du rôle majeur de l’Afrique du Sud. Certains d’entre eux, avec l’aide de l’ambassade et de l’université de La Réunion, effectuent des stages dans l’île. Ils en reviennent émerveillés.

« Le pays a une chance incroyable de se rassembler autour du Mondial de football, comme en 1995 avec Mandela et la Coupe du monde de rugby. L’actuel président Zuma, qui n’a peut-être pas bonne réputation dans sa vie privée, mais qui fait des choses pas mal du tout pour le pays, sait qu’il peut compter sur cet événement pour faire avancer le pays. Et les gens ne s’y trompent pas. Tout le monde s’y est mis, blancs comme noirs.

« Bien sûr, la perception que le monde extérieur a de l’Afrique du Sud tourne beaucoup autour de la violence. Les organisateurs de la Coupe du monde savent que l’Afrique du Sud ne doit pas se rater. Les vigiles, les forces de police sont très présents aux abords des stades et dans les rues. Tout le monde veut faire en sorte que ça se passe bien. S’il se passait quelque chose, si des touristes étaient attaqués par exemple, les conséquences seraient désastreuses.

« Mais il n’y a aucune raison pour que ça se passe mal. Je suis certaine que la fête battra son plein. Et je prédis l’enfer pour les équipes qui vont affronter l’Afrique du Sud avec une ambiance hostile. Notamment avec les vuvuzelas, ces grandes cornes traditionnelles dans lesquelles les supporteurs vont souffler et qui font un bruit assourdissant. Les autorités les avaient interdites pour les matches de rugby mais elles sont autorisées lors des rencontres de football parce que c’est un sport majoritairement pratiqué par les Noirs. C’est quelque chose, je vous assure... »

Interview réalisée par Jean Marc Goglione parue sur lequotidien.re

Voir le profil de Ludivine Huet-Haupt

Publicité