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Naufrage du ferry en Corée : un Réunionnais témoigne

Publié le 4 mai 2014

Installé en Corée depuis 2004, Charles Latchoumane vient d’obtenir son statut de résident permanent à Séoul. Ce Dyonisien, chercheur en neurosciences dans un grand laboratoire gouvernemental coréen, décrit sa vie dans un pays en plein boom économique, mais traumatisé par le naufrage du ferry Sewol qui a fait plus de 300 morts et disparus.

Charles et son fils

Comment a été vécu le naufrage du ferry Sewol le 16 avril dernier ?

C’est un drame national, l’événement occupe en permanence les écrans. La tristesse des Coréens est d’autant plus profonde que le nombre de (jeunes) victimes aurait pu être quasiment nul. La volonté générale est de trouver un remède à ce genre de désastre, mais l’impuissance reste le sentiment principal. Il existe aussi un fort soutien et une sympathie générale qui provient de l’étranger, notamment de la part des communautés coréennes expatriées.

Les responsabilités de ce drame ont-elles été élucidées ?

Le sujet est très complexe, mais deux facteurs sont avérés : la lâcheté du capitaine et le manque de préparation face à un tel événement, tant au niveau du navire qu’au niveau national. Cela dit, il reste de nombreux points obscurs autour de cet accident : l’acquisition du bateau (d’origine japonaise), son âge, l’entreprise propriétaire (aux allures mafieuses), le manque d’entraînement de l’équipage... Le système maritime coréen est presque paralysé. Le gouvernement est dans un élan de vérification général pour éviter qu’un tel drame se reproduise.

Cet accident est-il un cas isolé ou la sécurité est-elle un problème général en Corée ?

Il est vrai que la Corée est un pays à deux vitesses : d’un côté un développement fulgurant et une surconsommation de produits high-tech, de l’autre des conditions de vie qui restent précaires en termes de logement, transport, alimentation pour une nombreuse population. La sécurité de ce point de vue est souvent négligée, mais beaucoup d’améliorations sont en cours. La « mise aux normes » de la Corée du Sud prend beaucoup de temps, et seules de telles catastrophes rappellent tragiquement à la population l’importance de la prévention.

Est ce que vous appréciez votre vie en Corée ?

Oui c’est un pays où il fait bon vivre et où les étrangers sont bien accueillis. C’est un endroit sûr, la violence y est rare. La Corée a conscience de ses points faibles et elle essaye d’y remédier de façon très dynamique. Le niveau de vie est en progression constante et les progrès sur la scène internationale sont impressionnants. Aujourd’hui, qui ne connaît pas des marques coréennes comme Samsung, Hyundai, LG, Daewoo, ou... Psy (GangNam Style) ?

Quelles comparaisons pourriez-vous faire entre la Corée et la Réunion ?

La Corée est fière et essaye de s’exporter, tout comme la Réunion. Pour moi c’est une bonne leçon de vie : la taille du pays ne compte pas quand il y a une volonté générale de se faire connaître. Tous les efforts vers l’avant comptent. Personnellement je puise mon énergie dans le dynamisme infatigable des Coréens. Mais nos deux cultures restent très différentes. Ici, la communauté prime sur l’individu et cela change tout dans les rapports humains. En tant que Réunionnais et Français, cela reste difficile pour moi du point de vue de l’intégration.

Article publié dans Le Quotidien du 4 mai 2014


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Charles, son père et son fils à Séoul
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