Publicité

Randjani Ponin, créatrice d’un centre de soutien scolaire à Saint-André - Spécial Retour

Publié le 28 décembre 2016

Rentrer sur l’île pour monter son projet : c’est le retour gagnant de Randjani, 32 ans. A la tête de Perform Réussite après avoir vécu à Montpellier, elle souhaite insuffler à sa ville natale de nouvelles pratiques d’accompagnement scolaire et propose des ateliers de théâtre, culture générale, méthodologie, sophrologie… En attendant d’obtenir également l’agrément Centre de Formation pour adultes.

Article publié dans Objectif Emploi, supplément du Quotidien de la Réunion – 9 février 2017 (cliquer pour lire)


Pouvez-vous vous présenter ?

Randjani Ponin, j’ai 32 ans. Après 11 ans à Montpellier, je suis de retour à Saint-André, ma ville d’origine. J’ai grandi dans un cadre familial simple et chaleureux, avec des parents qui nous ont encouragé, mon frère et moi, dans nos études et à exercer un métier qui nous passionne. De formation, je suis Psychologue du Travail (Master en Psychologie du Travail et des organisations, obtenu à l’Université Paul Valéry à Montpellier).

Racontez-nous votre retour ?

Je suis rentrée en février 2014, et j’ai travaillé à la Mission Locale de l’Est en tant que Conseillère en Insertion Sociale et Professionnelle – Référente Egalité des chances. Depuis janvier 2015, j’occupe un poste en tant que Conseillère d’Orientation Psychologue au Collège Saint-Michel à Saint-Denis. Parallèlement j’intervenais à la Chambre de Commerce et d’Industrie (Saint-Benoît et Saint-Denis) en tant que Formatrice. J’ai démarré en septembre 2016 une nouvelle activité qui m’a conduit à arrêter mon métier à la CCIR, pour pouvoir me consacrer à mon poste au collège et à mon centre de soutien scolaire à Saint-André : Perform Réussite (www.facebook.com/PerformReussite).

Quel a été votre parcours de mobilité ?

J’ai eu mon Bac en 2003, et il faut avouer que je ne savais pas vers quelle voie m’orienter. Par élimination j’ai opté pour une première année en Droit. Inutile de vous dire que le choix par élimination n’a pas porté ses fruits. A cette période j’étais bénévole dans une association qui accompagnait des personnes en situation de handicap vers l’insertion sociale. Je me suis intéressée de près aux métiers du social, et sur les encouragements de mes parents, j’ai décidé de m’installer à Montpellier pour commencer une Licence de Psychologie. Au départ j’étais partie pour 5 ans, mais les imprévus de la vie, les opportunités professionnelles font que j’y suis restée 11 ans.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à rentrer à la Réunion ?

Après 11 ans dans la même ville, je commençais à tourner en rond mais ma motivation première a été de retrouver ma famille. Et je ne voyais pas d’autre endroit que la Réunion pour un nouveau départ, et mettre ses compétences au service de mon île.

Avez-vous préparé votre retour d’une façon spécifique ?

Pas particulièrement. Quand ma décision a été prise, j’ai entamé les démarches administratives et fait mes cartons ! Le plus difficile a été de quitter mes amis et mes anciens collègues qui avaient été ma famille pendant toutes ces années...

Perform Réussite à Saint-André

Plus d’interviews "SPECIAL RETOUR"


Décrivez nous votre état d’esprit à l’atterrissage à Gillot.

Je dirais que j’étais enthousiaste, excitée, pressée mais que j’appréhendais quand même un peu la suite. Qu’on le veuille ou non, vivre loin de la Réunion (sa famille, ses traditions, sa culture…) nous change et c’est normal. Sans pour autant perdre notre authenticité, nous adoptons le mode de vie de notre lieu d’habitation pour mieux nous insérer. Je craignais de ressentir un décalage, d’autant plus que je faisais partie de la génération « boomerang » : j’étais retourné chez mes parents…. Mais bon, mon nouvel emploi, mes amis d’enfance et nouveaux amis m’ont vite fait oublier cette appréhension.

Avez-vous eu des difficultés à vous réinstaller ?

Mon entourage m’avait prévenu que ma recherche d’emploi allait être laborieuse à la Réunion. Quand on évoque les chiffres relatifs à l’emploi, cela a tendance à provoquer une forme de découragement… Mais je ne peux pas dire j’ai eu des difficultés car, j’ai été embauché trois semaines après mon arrivée. En tant que conseillère en insertion professionnelle à la Mission Locale de l’Est, j’ai rencontré des jeunes motivés, ambitieux et paradoxalement peu formés et peu intéressés par la mobilité intra-muros… Même les plus diplômés ne souhaitaient pas s’éloigner de l’Est. Le fait d’être une Réunionnaise expatriée m’a permis d’avoir une ouverture d’esprit, de prendre du recul sur la Réunion, sur sa richesse culturelle et le haut potentiel de l’île et de ses habitants.

Plus généralement, qu’avez-vous trouvé de changé à votre retour à la Réunion ?

Il y a les nouvelles constructions et infrastructures, mais ce qui m’a le plus fait plaisir, c’est de voir que les plus jeunes ont renforcé leur identité réunionnaise et sont plus fiers de leurs origines. J’ai également remarqué qu’il y a plus de métissage et que malgré la modernisation et les effets de mode, les coutumes et les traditions perdurent à la Réunion. Certaines valeurs ne se perdent heureusement pas.

Qu’est ce qui vous change le plus par rapport à l’endroit où vous viviez en mobilité ?

Montpellier est une ville très culturelle, avec des activités régulières accessibles à tout le monde et que cela me manque un peu… surtout dans l’Est. Certains coins de l’île sont mal desservis par les transports en commun et peuvent se retrouver vite mis à l’écart. Sans voiture, on peut se retrouver vite isolé. Et puis le coût de la vie à la Réunion reste élevé. Je trouve dommage qu’il faille attendre quelques mois avant les élections pour qu’il y ait une baisse des prix sur les produits de première nécessité et l’essence…


Avec le recul, tirez-vous un bilan positif de votre expérience de mobilité ?

Le fait d’être partie pour une formation qui à l’époque n’existait pas à la Réunion, qui m’a permis d’exercer différents emplois et m’a amené à un épanouissement professionnel et personnel. Partir m’a permis de grandir plus vite. Avant ça, je n’avais jamais quitté mes parents, ils représentaient mon filet de sécurité. Se retrouver du jour au lendemain dans un environnement inconnu, devoir s’occuper des factures, des démarches administratives, des courses, travailler pour financer ses études et parallèlement ne pas oublier ce pourquoi j’étais venu à Montpellier : obtenir mon Master… n’a pas été facile tout le temps. Cela m’a permis de devenir rapidement responsable et m’a incité à prendre des initiatives.

Et au niveau des rencontres ?

J’ai eu de véritables mentors (Mme Véronique P., Mr Gérard P. et Mme Sandrine G.), qui m’ont fait confiance, formé et permis de progresser professionnellement. J’ai également eu la chance de faire de belles rencontres d’amitié (dont mes collègues) qui perdurent malgré la distance et m’ont permis de combler, en quelque sorte, le manque de ma famille. Ces personnes venaient des quatre coins du monde, j’ai pu découvrir leurs cultures leurs cuisines… Le fait d’être partie m’a également permis de mieux connaître mon île et mon histoire. J’ai dû me documenter, questionner mes parents sur la transmission des coutumes, afin de répondre au mieux aux questions de mes amis désireux de connaître notre île.

Aujourd’hui quels sont vos projets ?

Je viens de démarrer une nouvelle activité : j’ai ouvert un centre de soutien scolaire à Saint-André. Il s’agit d’un projet qui a pris deux ans pour arriver à maturité. Je souhaite diversifier les pratiques d’accompagnement scolaire pour faire de Perform Réussite, plus qu’un simple centre de soutien scolaire, un coach scolaire. L’objectif étant bien entendu la réussite de l’élève, mais (surtout) son épanouissement, en travaillant sur la confiance en soi, l’amélioration de la méthodologie de travail et en donnant du sens aux études. Pour cela, nous proposons plusieurs ateliers : théâtre, culture générale, méthodologie, sophrologie… A moyen terme, j’envisage de toucher un public d’adultes en visant l’agrément Centre de Formation.

Quels conseils donneriez-vous aux Réunionnais qui comme vous souhaiteraient rentrer sur l’île ?

Le plus important avant de rentrer est de s’assurer d’avoir acquis et/ou découvert ce qu’on était allé chercher en quittant la Réunion. Une fois la décision prise, il ne faut pas voir le fait de se réinstaller à la Réunion comme un « point de non retour », mais plutôt comme une continuité de son parcours. Il faut aussi avoir conscience qu’en décidant de rentrer à la Réunion, nous avons un avantage : celui de bien connaître notre culture, notre langue… et d’adapter (si nécessaire) nos acquis aux spécificités de la Réunion. En ce qui me concerne, j’ai souhaité mettre mes compétences au service de mon île, car je ne voyais pas de meilleur endroit pour faire mûrir ce que j’ai appris. Mais chacun a sa motivation et ses ambitions...

Plus d’interviews "SPECIAL RETOUR"

Publicité