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Rencontre du Réseau des Talents de l’Outre-Mer avec la Ministre : les propositions

Publié le 8 février 2015

Yola Minatchy, présidente du Réseau des talents de l’Outre-Mer, a rencontré en décembre 2014 Madame Georges Pau-Langevin, ministre des Outre-Mer, lors d’un déjeuner-débat sur la formation des jeunes dans les Outre-Mer. Voici les propositions d’actions qui sont ressorties de cette rencontre.


Rencontre du Réseau des Talents de l'Outre-Mer avec la Ministre : les propositions

Le Réseau des Talents de l’Outre-Mer, force de propositions pour l’Outre-Mer, a coutume d’organiser des rencontre-débats avec sur toute thématique liée au développement économique des Outre-Mer. Yola Minatchy, présidente du Réseau des Talents de l’Outre-Mer a pris l’initiative de convier Madame Georges Pau Langevin, Ministre des Outre-Mer, à un déjeuner-débat le 6 décembre 2014 à Paris afin de lui faire des propositions sur la formation des jeunes dans les Outre-Mer. Nombre de jeunes réunionnais, diplômés dans des filières d’excellence, étaient présents, dont la députée Ericka Bareigts.

Yola Minatchy rappelle en introduction que "notre souci collectif reste d’en découdre avec l’illettrisme, le décrochage scolaire, et son corollaire les jeunes non diplômés qui arrivent sur le marché de l’emploi, mais aussi les programmes surannés, l’inadaptation des formations aux débouchés locaux, aux potentiels de développement local, le phénomène de fuite des cerveaux, l’exil des ultramarins ultra diplômés, en l’occurrence les talents de l’Outre-mer, qui ne peuvent obtenir de postes sur leur terre natale (...)

La quadrature du cercle reste d’enrayer le chômage, la précarité, le désarroi de tout un peuple quant à son avenir, et à celui des générations futures (...)
Une situation qui n’est pas tant liée à la crise qui perdure depuis 2008 en Europe, mais qui est sans doute du à l’absence de réforme de fond qui handicapent l’évolution et le développement local des Outre-Mer depuis 1946."

Les principales propositions du réseau

1ère proposition : Yola Minatchy propose à Madame la Ministre d’adapter les formations des jeunes aux réels débouchés, aux métiers en phase avec le potentiel de développement de chaque région d’Outre-Mer.
Elle lui demande de la création d’écoles de formation professionnelle, d’apprentissage dans des secteurs utiles au développement : le vert, l’agro-alimentaire, le bleu (tout le secteur de la mer), le tourisme, les technologies de l’information et de la communication, etc...
Yola Minatchy déclare :" on ne peut pas continuer à apprendre aux jeunes à fabriquer des cerises à l’eau de vie (quand on n’a pas de cerises, ni d’eau de vie) alors qu’ils devraient apprendre à travailler les algues marines, et à fabriquer du poisson pané pour nourrir leurs enfants. Et si on pouvait au moins arriver à une auto-suffisance alimentaire, on serait rassuré sur le fait qu’on aurait une chance de ne pas devenir de nouveaux Haïti dans 50 ans. Et ce n’est que par une formation adéquate, que nous pourrons transformer une génération de consommateurs en une génération de producteurs".

La seconde préoccupation de Yola Minatchy concerne le système éducatif même. Elle rappelle que la France est au 25 e rang mondial au classement PISA pour son système éducatif mais propose que l’Outre-Mer puisse devenir le laboratoire français de nouvelles expériences, de nouvelles matières, de nouvelles écoles ou centres de formation où on pourrait aussi apprendre à privilégier le savoir être, le savoir créer, le savoir entreprendre, le savoir développer., le savoir se responsabiliser.
"Par exemple, nos systèmes éducatifs traditionnels n’ont jamais acquis l’idée, comme en Asie, ou aux Etats-unis que ces savoirs là pouvaient être nourri à un âge précoce.
Pourtant les enfants, les adolescents sont des éponges grâce à la plasticité de leur cerveau. Et c’est dès le plus jeune âge qu’ils ont besoin de programmes qui les encouragent à atteindre leur plein potentiel de développement.
L’avocate réunionnaise rappelle qu’"il y a des méthodes pédagogiques pour créer un esprit, une dynamique de développement’". Elle recommande à chacun par exemple le travail de Carol Dweck, professeur de psychologie à l’Université de Stanford, qui explique comment passer d’un état d’esprit habituellement fixe, passif (intelligence statique) à un état d’esprit de développement (intelligence dynamique).
Elle demande à Madame la ministre d’appuyer l’introduction des cours nouveaux, s’inspirant de ces pédagogies dans les écoles, collèges et lycées des Outre-mer. "Ce ne serait pas un luxe mais un cas de force majeure pour les jeunes des Outre-Mer".


Réseau des Talents de l'Outre-Mer

Sa troisième proposition concernait la fonction de conseiller d’orientation dans les collèges, les lycées, les maisons des jeunes ou tout autre institution de la République s’occupant des jeunes. Un poste clé. "Ne peut-on transformer, améliorer, amplifier cette profession en une fonction d’accompagnement, de mentorat, pour ne pas dire le mot anglais de coaching, une aide qui aurait pour vocation de tirer les jeunes vers le haut, de les motiver ?"

La quatrième préoccupation de Yolande Minatchy concerne les jeunes qui sont sortis du système scolaire, et qui n’ont pas accès à ce que l’école offre. Elle demande la création des centres d’accompagnement des jeunes à plus grande échelle, notamment dans les quartiers défavorisés, avec plus de fonctions que les maisons des jeunes existantes. Elle propose le le modèle de Akélio Accompagement, crée par un talent de l’Outre-Mer, Loïc Iscayes.

Enfin, elle déclare qu’" il serait peut-être utile aussi de procéder à un échange des Catalogues de bonnes pratiques entre différentes régions concernant la formation des jeunes, de s’inspirer de ce qui se fait ailleurs, sur le plan national, européen, et international". Elle cite l’exemple de la création des centres d’entreprenariat dans les secteurs porteur d’avenir, modèle qui a été lancé par Branson pour l’Afrique du Sud et la Jamaïque et qui est tout à fait transposable aux Outre-Mer. Elle recommande le modèle du Centre pour l’emploi des jeunes aux Pays-Bas, qui est dans une situation de plein emploi.

Elle conclut par : "Alors l’Etat peut nous dire qu’il n’y a pas de fonds. Afin d’anticiper ce débat d’aujourd’hui, notre Réseau a organisé une table ronde le samedi 29 novembre à Bruxelles, en partenariat avec la DG Politiques Régionales, le bureau des RUP françaises, la présidente du Conseil d’orientation pour l’emploi. Là-bas, on a nous a assuré que l’Europe investit des milliards dans les RUP françaises, dont une grande partie à destinations de jeunes. Bien-sûr le maniement de ces fonds est très complexe, d’où les retour de fonds. Il ne faut pas donc des néophytes afin de jongler avec ces instruments européens. si nous souhaitons les optimiser".
"S’il y a les moyens, les idées novatrices, une volonté politique véritable, une coordination de tout cela, une réforme de la formation des jeunes peut se faire maintenant dans les Outre-Mer. "

Madame la Ministre des Outre-Mer, George Pau Langevin, souligne que les enjeux de l’encadrement des collégiens sont réels à un âge où ces jeunes ont besoin d’être accompagnés : à cet égard, la réforme du collège qui est engagée est importante. Elle ajoute qu’il existe des outils en matière de formation des jeunes :
- le SMA et LADOM qui aident les jeunes à reprendre le chemin des apprentissages, à avoir des qualifications variées.
- les écoles de la deuxième chance, qui existent depuis 10 ans, et qui ont pour objectif d’assurer l’insertion sociale et professionnelle de jeunes adultes de 18 à 25 ans sans qualification et sans emploi.
- les emplois aidés dont une enveloppe très importante a été accordée aux territoires ultramarins, particulièrement au département de La Réunion. Ils constituent des outils importants pour sécuriser l’accès au monde du travail des personnes éloignées de l’emploi, dans le secteur non marchand et dans le secteur marchand. Les contrats aidés dans le secteur marchand ne sont actuellement pas mobilisés de façon optimale : il convient dès lors de réfléchir aux moyens d’en améliorer l’utilisation.

- Madame la ministre annonce que le chômage des jeunes a commencé à diminuer depuis plus d’un an dans les Outre-Mer, en particulier grâce à la mobilisation des emplois d’avenir. Sans faire montre de triomphalisme, le Gouvernement est encouragé à poursuivre sa politique volontariste en faveur des jeunes pour consolider ces premiers signes encourageants..

- Elle évoque également le lancement de l’opération sur l’économie sociale et solidaire qui consiste à aider des petites structures, des petites entreprises à avoir un ou deux emplois supplémentaires.

- La transition énergétique et la croissance bleue sont aussi susceptibles d’évoluer, et sont des sujets importants.
Il existe des projets dans les régions qui sont à la pointe du progrès : la climatisation avec l’eau de mer à La Réunion, Nemo et Nautilus en Martinique. Il y a des choses innovantes, et il y a une formation à donner aux jeunes pour qu’ils aient des emplois dans ces secteurs.
Elle déclare également que l’Europe investit effectivement des moyens considérables et cite l’exemple de la route du littoral à La Réunion, du spatial en Guyane, et qu’il faut trouver des candidats spécialisés pour que les fonds européens puissent mieux profiter aux Outre-Mer.

Madame la Ministre n’était par ailleurs pas opposée à ce qu’un catalogue de bonnes pratiques puisse être établi en matière de formation des jeunes.

Une communication du Réseau des Talents de l’Outre-Mer
www.talentsoutremer.fr


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